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Le dôme de Soltânieh, par sa majesté, constitue l’un des joyaux architecturaux de l’Iran. Selon les épigraphes disponibles datant de la période assyrienne, au VIIIème siècle avant J. C., la terre de Soltânieh a longtemps abrité la tribu des Sakarats. Les Mèdes lui donnèrent le nom d’ " Aribad" et les Parthes, le nom de leur roi, " Orsâse". C’est dire à quel point le territoire de Soltânieh est susceptible de renfermer de précieuses données historiques ; Avant même l’arrivée des tribus mongoles, cette région était déjà digne d’intérêt. Les diverses découvertes archéologiques, telles les faïences brunâtres, avec leurs motifs géométriques de couleur noire, les faïences du 4ème millénaire avant J. C., mais aussi les faïences grises du premier millénaire avant J. C. au sud-est de l’ancienne ville de Soltânieh (près de la colline de Nour), suffisent à démontrer, en termes d’activité, l’importance de la plaine de Soltânieh au 5ème millénaire avant J. C.
Les faïences grises trouvées dans différents endroits de la plaine sont révélatrices des modalités d’évolution et de développement historique et culturel de la région.
Après l’établissement des Mongols en Iran, ces derniers désignèrent Tabriz comme capitale, mais la nature verdoyante et l’air pur de Soltânieh, ne tardèrent pas à attirer leur attention. Au moment où les Mongols déferlèrent sur le sol iranien, Soltânieh était connu sous le nom de " Chéro-yâz ". Le plus ancien livre où apparaît ce nom est le Saldjough-nâmeh de Zahir-o-din-e Naychabouri(582 de l’hégire lunaire).
Argoun, le plus célèbre des monarques de la dynastie de Il-khân et l’un des successeurs de Holâkou le Mongol, prit la décision de faire bâtir une cité dans la plaine de Ghonghor Olâng (l’actuel Soltânieh). La ville fut érigée sur le trajet de la Route de la soie. Oldjâyto (Sultân Mohammad Khodabandeh) fils d’Argoun fut le premier à imaginer et à formuler le projet de construction de ce lieu et du sublime dôme, et de faire de Soltânieh la capitale de la région. Il passa à l’acte en l’an 702 de l’hégire lunaire. L’époque d’Oldjâyto fut la plus glorieuse époque de Soltânieh.
Pour bâtir la ville de Ghonghor Olâng, les architectes s’inspirèrent de l’architecture coutumière des autres villes en Iran. En ce temps-là, les cités bénéficiaient généralement de la présence rassurante d’une citadelle. Les fondateurs de Ghonghor Olâng ne dérogèrent pas à la règle et firent bâtir une citadelle au centre de la ville, avant même de s’atteler à la construction de la ville. La citadelle royale comportait deux entrées, l’une côté nord et l’autre côté sud. La bâtisse était dominée par seize imposantes tours. Des pierres à chaux vertes et ciselées furent utilisées pour embellir le quartier royal de la ville.
La citadelle royale abritait des quartiers et des monuments de valeur : le Trésor, l’hôpital, la maison du Coran, le bazar, les écoles, les mosquées, les caravansérails, etc... La tombe d’Oldjâyto était située à proximité du Trésor et brillait comme un véritable joyau parmi les autres monuments.
La région de Soltânieh est située à 39 kilomètres de Zandjân et s’étale sur une superficie de 156 hectares, à 1800 mètres au dessus du niveau de la mer.
Le dôme de Soltânieh, un des seuls monuments toujours en état de la région, est visible dès la grand-route de Zandjân-Téhéran. Malgré les échafaudages qui masquent en partie son architecture, il reste merveilleux. Ce dôme est considéré comme l’un des points culminants de l’art architectural iranien, et s’inscrit, en ligne droite, dans la continuité de l’architecture de l’ancien Iran. La construction de ce dôme a duré 9 ans (704 - 713 de l’hégire lunaire) pendant le gouvernement d’Oldjâyto (Sultân Mohammad Khodabandeh). Le Sultân Mohammad Khodabandeh destinait tout d’abord le dôme à devenir son propre mausolée, mais il changea d’avis, sous l’influence de l’une de ses épouses, et devint musulman. Il prit alors la décision d’y transférer le tombeau de l’Imam Ali (la paix soit sur lui), mais se heurta au refus tranché des ulémas.
Certains chercheurs estiment que la première pierre du dôme fut posée en 703 de l’hégire lunaire, d’autres avancent l’an 702, voire 705. C’est le tombeau de Soltân Sandjar à Marv qui a servi de modèle pour sa construction. Ce monument octogonal a un diamètre de 25,5 mètres et une hauteur de 48,5 mètres, et chacun de ses côtés mesure 17 mètres. Par son volume, il constitue le troisième grand dôme du monde après le dôme de Santa Maria à Florence en Italie et celui d’Aya Sûfiâ à Istanbul. Au rez-de-chaussée, à l’intérieur du monument, on compte huit vérandas magnifiquement ouvragées, avec de fines faïences comportant des inscriptions à la gloire d’Allah. Parmi les quatre vérandas les plus grandes, deux sont reliées de l’extérieur, les deux autres, plus petites, rejoignent les ossatures parallèles du monument. Le second niveau comporte également 8 vérandas et chacune d’entre d’elles accueille d’étroits corridors qui se prolongent à l’intérieur des murs épais du dôme. Le troisième niveau abrite des portiques externes associés aux bandes horizontales de la façade. Ces portiques sont divisés en trois arcs par deux épais murs. Cet étage donne accès à la galerie extérieure, à ses plafonds ouvragés et sculptés en stuc de couleur d’argile. A partir de ce même niveau, des escaliers, au nombre de huit, mènent aux minarets. L’immense dôme d’Oldjâyto est doublé d’un revêtement parallèle supporté par un arc abrupt.
Les motifs de couleur bleue turquoise évoquent avantageusement les dessins caractéristiques de l’époque Sassanide. Les huit coins du quatrième niveau accueillaient jadis huit minarets dont malheureusement un seul, celui de l’angle nord-est, reste en état. Ce quatrième niveau offre un joli panorama de la campagne environnante, en particulier, de deux autres monuments qui dominent, vus d’en haut, le plan du village.
Au sud du dôme, c’est le " Torbat Khâneh " (monastère) qui se dresse avec majesté. Sa construction fut achevée peu après celle du dôme. Des arcs décoratifs ornent la façade extérieure de ce monastère et ses fenêtres. " Torbat Khâneh", tout en marbre, fait 17,60 mètres de longueur, 7,80 mètres de largeur, et 16 mètres de haut. Il est revêtu de chaume, de tuiles émaillées et de plâtre. La crypte de Soltânieh est l’autre structure, contiguë au " Torbat Khâneh ". Son entrée conduit au palier du sous-sol. Certains chercheurs estiment que cette crypte abritait la tombe du roi.
Le dôme de Soltânieh fut décoré en deux temps, pour l’essentiel, au cours de la première période. Les plâtres et les fresques datent de la seconde période. Les deux séries de décorations ont vu le jour à l’époque des Il-khân, d’Oldjâyto et de son fils Abu Saïd.
La plupart des historiens attribuent les réalisations en plâtre, les fresques, le mélange de brique et de tuile, certaines des épigraphes, et une partie du plâtre de la façade extérieure, à la première période ; certains des dessins, les calligraphies du dôme et celles du monument de " Torbat Khâneh " sont pour leur part associées à la deuxième période.
Aujourd’hui, certaines des faïences de la façade extérieure sont encore visibles. De minutieux travaux de restauration sont en cours.
1. Le monument du dôme de Soltânieh.
2. Le portail sud de la Citadelle royale.
3. Le portail nord de la Citadelle royale.
4. Les restes architecturaux découverts dans l’angle oriental du monument, grâce aux extractions archéologiques.
5. Les découvertes archéologiques de l’angle ouest de la Citadelle.
6. La salle de bains de Sâlâr (maison de thé).