N° 5, avril 2006

L’enfant, la pauvreté, le travail


Zahra Vossoughi


On utilise encore le terme de "Bouches inutiles" au lieu de celui d’"enfants" dans certaines cultures populaires. Dans ces dernières, c’est-à-dire, celles où la pauvreté entraîne la destabilisation de l’unité familiale, il importe que cette bouche inutile devienne le plutôt possible un membre actif. Pour ce qui concerne les enfants des rues, on peut dire que l’affaiblissement du rôle protecteur du noyau familial constitue la principale cause de leur triste destin. Plus de quatre vingt dix pourcent de ces enfants ont effectivement une famille, mais une famille démunie et donc incapable d’offrir à ses membres le minimum nécessaire de confort matériel. Le travail des enfants est également un fléau qui concerne d’innombrables garçons et filles de moins de 18 ans qu’on asservit dans les maisons ou dans les ateliers de production en les éloignant ainsi des milieux éducatifs. Du point de vue éducatif, environ 25 pourcent des enfants des rues sont illettrés, 64 pourcent d’entre eux fréquentent l’école, la moitié habite avec leurs familles. 25 pourcent d’entre eux ont un revenu ; ils vivent de mendicité, du nettoyage des pare-brise des autos, de la vente des fleurs ou journaux. L’O.M.S. (l’organisation mondiale de la santé) divise ces enfants en quatre groupes :

-Les enfants séparés de leurs familles et installés provisoirement dans les terrains vagues et autres bâtiments désaffectés, les asiles et les refuges, ou ceux qui passent d’un domicile à l’autre.

-Les enfants qui continuent à garder un contact avec leurs familles, mais qui, en raison de la pauvreté, parce qu’ils ont une famille trop nombreuse, ou parce qu’ils ont subi un abus sexuel ou une violence corporelle au sein de leurs familles, passent le plus clair de leur journée et certaines nuits dans les rues.

-La catégorie des enfants qui habitent purement et simplement dans les rues, et dont la seule et unique préoccupation est d’avoir un abri et de survivre.

-La dernière catégorie est celle des enfants sous surveillance dans des centres spécialisés, mais toujours susceptibles de revenir à leur point de départ, c’est-à-dire à la rue.

La collecte d’informations sur les enfants des rues et leurs droits essentiels, la superposition des informations relatives à ces groupes d’enfants, les différentes recherches menées par les institutions d’Etat et les organisations privées, les défenseurs des droits des enfants et des adolescents, constituent les moyens d’action en vue d’améliorer leurs conditions d’existence.

Pour ce qui est de l’épineux problème du travail des enfants, il va sans dire, et nous l’avons évoqué, que la pauvreté en est la principale cause. Il y a cependant une grande différence entre le travail de l’enfant dans les sociétés urbaines et dans les milieux rustiques. Le travail des enfants en milieu urbain reste à n’en pas douter plus préjudiciable et potentiellement destructeur que le travail à la campagne.

Un professeur de l’université de Téhéran affirme que 78 pourcent de ces enfants sont atteints de maladies buccales, 73 pourcent de problèmes de vue, 61 pourcent de maladies du système respiratoire, 64 pourcent de maladies cardiaques et 82 pourcent de maladies épidermiques. Le docteur Alam-al-Hodâ estime que le nombre des enfants travailleurs croit annuellement.

Selon certaines recherches en psychologie, le principal problème de ces enfants est qu’ils grandissent trop vite, qu’ils doivent toujours travailler plus, et qu’ils dorment insuffisamment. Le docteur Chiri précise que ces enfants répriment continuellement leur instinct et leur curiosité d’enfant. Leur existence est une perpétuelle angoisse qui ne se dissipera jamais. Selon les psychologues, le mépris et la haine de soi est particulièrement vivace chez ces derniers. Chiri précise également que la plupart des délits que ces enfants commettent sont dus à la volonté de vouloir compenser leur déchéance sociale. Alors à quand le remède à ce mal qui ronge la base de la société, une société par ailleurs si riche dans tous les sens du terme ?


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