N° 5, avril 2006

La civilisation iranienne en vedette au Louvre


Reportage du musée du Louvre
ATLAS, Vol. 1, No. 1, juillet 2005

Narges Vosoughi


Le musée du Louvre, un des plus grands musées au monde, comprend également un véritable centre de recherches. Avant la Révolution française, ses bâtiments servaient de château aux rois de France et des œuvres de grande valeur y étaient conservées. En 1789, après la Révolution française, le Louvre devint musée national et une grande partie de ses bâtiments furent consacrés aux arts islamiques. Les différentes pièces provenant de pays orientaux furent rassemblées par le Ministère de la culture et des arts.

A la fin du 19ème siècle, plusieurs groupes de chercheurs français comme André Gazor, Jacques de Morgan et Marcel Dieu la Foi, vinrent en Iran pour mener différentes recherches archéologiques. En 1889, Marcel Dieu la Foi se rendit en Iran pour des fouilles et obtint, en 1895, une concession de la part de Nâsser-e-dîn Shâh. Plus tard, Mozafar-e-dîn Shâh renouvela ce contrat, accordant ainsi un privilège au gouvernement français en matière d’archéologie. Ce fut à cette époque que des vestiges historiques uniques comme les tables de lois de Hamûrâbi et d’autres pièces exceptionnelles furent transférées au Louvre.

Un pilier au Louvre, provenant du palais royal de Persépolis, Iran

Avec ses 10 000 pièces de valeur, le musée est en concurrence avec d’autres, aussi prestigieux que le Métropolitan de New York et le Victoria ou l’Albert d’Angleterre. Chaque année, plus de 6 millions de visiteurs viennent admirer plus de 340 000 pièces exposées sur une surface de 60 000 mètres carrés. D’après les spécialistes français, la collection iranienne et arabe, datant du moyen-âge et de l’empire ottoman, représente l’un de ses atouts. 10 000 pièces issues de territoires s’étendant de l’Espagne à l’Inde, appartenant à la période située entre le VIIème siècle et le XIXème siècle y sont exposées.

Au début du XXème siècle, un ensemble important d’œuvres d’art islamique et iranien fut apporté au musée du Louvre, mais seuls deux salons lui furent consacrés. Il y a deux ans, le président Jacques Chirac ordonna la création d’un nouvel espace pour rassembler toutes les oeuvres, jusqu’alors éparpillées dans diverses parties du musée. Au mois de septembre, Francis Richard, spécialiste en histoire de l’art, a été nommé responsable de cet espace par le Ministère de la culture. Auparavant, ce passionné des anciens livres persans, fut chargé pendant vingt-neuf ans des manuscrits iraniens à la bibliothèque nationale.

" Un architecte de renommée internationale sera élu pour la construction de cet espace réservé aux arts islamiques. Un dôme de verre sera fixé dans une des cours intérieures actuellement inutilisée. Ce dôme abritera un ensemble de quatre étages, dont trois étages de 40 000 mètres carrés seront dédiés à plus de 3000 œuvres de la période islamique. Plus de la moitié des oeuvres exposées proviendront de l’Iran, notamment des objets découverts lors des fouilles de Suse ; la France et l’Iran avaient alors partagé ces vestiges. D’autres objets divers conservés en Europe feront partie de l’exposition. Le public pourra apprécier un ensemble de poteries iraniennes, de plateaux et d’ustensiles de cuisine, considéré comme le plus important au monde. " souligne M. Richard qui ajoute : " Nous y présenterons également de nombreux fragments de mosaïques appartenant pour la plupart à l’époque des Ilkhâns et des Safavides. " Il regrette qu’à l’exception de quelques pages éparses, les manuscrits, de même que les miniatures, ne puissent sortir de la bibliothèque nationale.

Loi de Hammurabi, Découverte à Suse, Iran

En créant ce nouvel espace, le Louvre s’offre les moyens de maintenir sa place aux premiers rangs des musées internationaux. Les responsables du Ministère de la culture ont annoncé que de nombreuses manifestations artistiques, en France et en Europe auront lieu avant même la fin des travaux.

Le site Internet du musée, par son originalité et ses grandes possibilités de recherche, a été couronné " site de l’année. " On y trouve en détails le programme des expositions permanentes et une panoplie de sujets adressée à " tous les goûts. " Les enfants, les enseignants, journalistes ou professionnels peuvent s’informer sur les pages qui correspondent à leurs besoins.

Directeur du musée du Louvre, M. Henri s’est rendu en Iran pour la signature d’accords bilatéraux donnant le coup d’envoi à une coopération entre les deux pays en matière d’échanges culturels. Une exposition présentant la période Safavide et Achéménide sera organisée en 2008. Si, lors de ce voyage, M. Henri s’est déclaré très heureux de présenter ces trésors de la civilisation iranienne, il a formulé également le vœu de voir s’organiser en Iran des expositions d’œuvres appartenant au Louvre. Il a proposé l’édition de publications communes comprenant les œuvres du musée du Louvre et celles des musées iraniens.

Enfin, en 2009, un département culturel islamique, sous le patronage du Ministère iranien de la guidance islamique, sera inauguré en France. Ce nouveau département aura pour tâche de mettre en valeur les civilisations musulmanes.


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