N° 28, mars 2008

Le nuage, la soie et l’amour


Erfân Nazar-Âhâri
Traduit par

Afzal Vossoughi


Tu t’appelles de mille noms. Parmi tous ces noms je préfère ’’Le Tendre’’ parce qu’il me rappelle le nuage, la soie, l’amour.

Je me rappelle nettement que le jour où j’ai quitté le Paradis, mon corps était fait de "lumière", mes ailes de zéphyr. J’étais si tendre que je ne pouvais me tenir dans les poings du monde. Mais la terre était noire, ténébreuse et dure. Mes mains ont été souillées par sa noirceur et le pan de ma robe égratigné par sa dureté et de jour en jour, je fus de plus en plus ténébreux, goutte à goutte, de plus en plus dur, atome par atome je fus changé en pierre, en barrage, en muraille.

La lumière ne peut plus passer à travers moi. L’eau ne peut plus couler à travers moi. L’âme ne circule plus en moi.

Et maintenant, pour tout souvenir du Paradis et de la douceur, je n’ai que quelques gouttes de larme que j’ai cachées dans un coin de mon cœur. Je n’ose pleurer de peur que mes larmes ne tarissent. Si je fais couler toutes mes larmes, alors, mes yeux n’auront plus que des cailloux à pleurer.

O Tendre ! Dans le monde, les larmes deviennent cailloux et l’âme devient roc. C’est la coutume du monde. Là, les verres se brisent et les cœurs sont mis en morceaux.

Quand nous sommes ténébreux et sombres, on nous voit mais les choses tendres ne se voient pas, elles disparaissent.

O Tendre, je meurs d’envie de retrouver une poignée, une seule poignée de ta tendresse pour que je puisse couler, dégouliner, et disparaître comme l’air invisible, comme toi qui es invisible. O Tendre, octroie-moi une poignée de ta tendresse, juste une seule poignée.


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