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La province de Boushehr, située au sud du pays et au bord du Golfe persique, compte aujourd’hui parmi les régions les importantes de l’Iran en raison de sa situation stratégique, de ses réserves de pétrole et de gaz naturel, ainsi que de sa centrale nucléaire. Elle compte de nombreux atouts naturels tels que son climat doux durant l’hiver et l’automne, ses sources d’eau minérale, sa proximité avec les îles près de la côte du Golfe persique, ou encore sa faune et sa flore spécifiques. La richesse de cette province ne réside pas seulement dans sa nature et sa position géographique privilégiée, mais aussi dans ses monuments historiques qui accueillent chaque année de nombreux touristes.
Le tombeau de Gour-e Dokhtar se situe au nord de la province de Boushehr et à proximité de la ville de Borâzjân. Ce monument date du VIème millénaire av. J.-C., et plus précisément de l’époque de l’Empire achéménide. Ce site a été découvert en 1968 par Louis Vandenberg, archéologue belge, qui croyait que le tombeau appartenait à Cyrus Ier. Cependant, selon d’autres experts, Gour-e Dokhtar serait le lieu de sépulture de Mandane, mère de Cyrus le Grand ou encore celui d’Atossa, sa fille. Cette dernière hypothèse est la raison du nom de ce monument ; Gour-e Dokhtar signifiant "la fille guèbre" ou "zoroastrienne".
Le bâtiment, qui présente des ressemblances avec le tombeau de Cyrus le Grand à Pasargades, est composé de 24 blocs de pierre. La chambre funéraire mesure 4,5 m de haut et possède deux entrées. Son toit à double pente évoque l’architecture urartéenne. A l’est de ce site, on peut apercevoir les ruines du palais d’Ardeshir (Koushk-e Ardeshir).
La citadelle de Khourmodj est l’un des plus célèbres monuments historiques de la province de Boushehr. L’architecture de cette citadelle s’inspire du style seldjoukide, mais on y retrouve aussi plusieurs éléments de l’architecture sassanide à savoir des arcs et différentes moulures. D’une superficie de près de 13 200 m², cette forteresse a été construite il y a environ 150 ans sur ordre de Mohammad Khân Dashti, le gouvernement de l’époque. Elle est l’une des plus belles manifestations de l’architecture qâdjâre.
L’ensemble se composait d’une cour principale, de quatre tours en terre cuite, d’une caserne, de quatre poternes et d’écuries. Les murailles en craie atteignaient jusqu’à 12 mètres de hauteur.
L’architecture du koushk (pavillon) et de la caserne combine les styles orientaux et occidentaux, tandis que les ornementations intérieures ont été conçues par des décorateurs iraniens selon un style exclusivement iranien.
Le complexe comptait également deux portes en bois : l’une de 5 mètres de haut et de 4 mètres de large qui assurait le passage des voitures et des cavaliers, et la porte dite "Chileh" de 3,5 m de haut et 1,5 m de large à l’usage exclusif des piétons.
Le monument actuel, laissé à l’abandon, a subi d’important dommages et se compose désormais essentiellement d’une tour appelée "tour de Jamâl khân" (bordj-e jamâl khân). Cette dernière possède trois étages et un sous-sol. Au sous-sol et au premier étage, le plafond en forme de dôme, les murs et le bureau sont également ornés.
Aghâ Mohammad Khân, le fondateur de la dynastie qâdjâre, ordonna de construire des thermes afin de profiter de l’eau de la source et de la rivière qui passaient dans l’aile sud de la tour. La citadelle de Khourmodj a été inscrite au patrimoine national en 2000.
Les ruines d’une forteresse dans la province de Boushehr nous rappellent la présence des Hollandais sur l’île de Khârk à l’époque des Safavides. Après la fermeture de la maison de commerce (dar-ol tedjareh) de Bandar ’Abbâs, c’est sur cette île que ces derniers transférèrent leur base et construisirent cet édifice en 1747. La forteresse hollandaise fut attaquée par des Afghans en 1748. De nos jours, ce monument historique a perdu ses tours et ses poternes.
Le port de Sirâf est l’une des villes antiques de Boushehr dont les vestiges furent découverts à proximité du port actuel de Tâheri (bandar-e Tâheri).
Selon des archéologues, le port de Sirâf a été probablement fondé sous la dynastie arsacide pour servir de comptoir commercial. Pendant très longtemps, les grands navires qui importaient et exportaient des produits venant des quatre coins du monde y jetaient l’ancre.
Les tombeaux ”gour dakhmeh” destinés à l’accumulation et au stockage de l’eau de pluie témoignent également du niveau de développement de l’urbanisme de l’ancienne Perse.
Parmi les monuments historiques de Sirâf, nous pouvons également citer la grande mosquée de Sirâf datant de la fin du IIe siècle de l’Hégire, le grand marché (bâzâr) ainsi que la forteresse Nassouri (ghal’eh-e nassouri).
Située à l’est de Boushehr au sein du port de Taheri (nouveau port de Sirâf), la forteresse Nassouri a été construite il y a environ 180 ans sous l’ordre de Sheikh Jabbâr Nassouri
Edifiée par l’architecte iranien Ali Asghar Shirâzi sur deux étages, cette citadelle fut le lieu de résidence de la famille du Sheikh jusqu’en 1977.
De façon générale, le monument présente tous les éléments propres à l’architecture qâdjâre à savoir de vastes balcons, de hautes colonnes, des estrades ornementées, ou encore des tours de vent ou bâdgir (littéralement "capteur de vent"). Sa construction est réalisée à partir de grandes pierres, de terre et de plâtre.
Derrière la grande porte en bois, la cour invite le visiteur à découvrir les différentes sections de la forteresse. Dans l’aile nord, des escaliers permettent d’accéder au deuxième étage. La porte en bois s’ouvre sur la chambre latérale surnommée sérail (andarouni) dont les murs en plâtre sont ornés de modestes moulures en forme de fleur. Pour entrer dans la salle centrale du deuxième étage, il faut emprunter les escaliers de l’aile ouest. On se retrouve alors sur une large terrasse aux multiples colonnes de pierre ornées par de magnifiques molures en forme d’oiseaux, d’anges, de fleurs etc. Le style des coupes et les décorations de ces colonnes évoquent l’architecture du Bâzâr-e Vakil (bazar du régent) à Shirâz. Les tableaux figurant des récits légendaires du Shâhnâmeh ou les recueils d’autres poètes de l’époque ornent le balcon.
L’édifice de Malek (Emârat-e Malek ou Emârat-e Malek-ol-Tojjâr) est situé dans la ville de Boushehr, dans le quartier de Bahmani. Le monument fut construit par des architectes français à l’époque des Qâdjârs, sur l’ordre de l’un des commerçants de Boushehr, Mohammad Mehdi Malek-ol-Tojjâr (littéralement "roi des commerçants" en arabe). Le plan de cet édifice est basé sur celui d’un palais médiéval de Paris que ce dernier avait visité lors d’un voyage en France.
Ce complexe d’une superficie de près de 4000 m² fut un temps la résidence de la famille Malek-ol-Tojjâr, puis devint la propriété des Anglais à la suite de la faillite de son propriétaire. Il fut ensuite transformé en base militaire. Quelques années plus tard, des occupants achetèrent les objets et meubles d’une grande valeur restant dans l’édifice à bas prix, avant de l’abandonner. Durant les dernières années de son règne, le roi pahlavi Rezâ Shâh ordonna de transformer cet édifice en caserne.
La façade de bâtiment est constituée de murs et de colonnes en terre cuite. Pour pénétrer dans l’édifice, il faut passer par le corridor appelé pishkhân. On y trouve une grande porte en bois d’ébène qui s’ouvre sur une vaste salle dite de Sakou. Le bâtiment principal se compose de deux étages dont les murs sont ornés de peintures. Le rez-de-chaussée était utilisé comme salle de réception et le premier étage comme le lieu des rendez-vous privés de Malek-ol-Tojjâr.
L’ensemble des portes et des fenêtres du bâtiment est décoré de moulure d’une grande qualité, même si les décorations s’inspirant des miniatures safavides ont perdu leurs couleurs originelles. Malgré des différentes réparations effectuées dans le passé, une rénovation d’ensemble semble néanmoins nécessaire afin de conserver ce site historique pour les futures générations.