N° 105, août 2014

Nouvelles sacrées (VIII)
Du Forough-e djâvidân à Mersâd
(1ère partie)


Khadidjeh Nâderi Beni


La branche armée de l’Organisation des Modjâhedins du peuple iranien (OMPI) détruite en 1988

Durant la dernière année de la guerre irano-irakienne (1988), le front est le théâtre de nombreux évènements majeurs dont l’opération, victorieuse pour l’Iran, de Valfadjr 10, le bombardement chimique de Halabja par Saddam Hussein, la nouvelle phase de la guerre des villes, l’acceptation par l’Iran de la Résolution 598 du Conseil de sécurité de l’ONU et enfin, l’invasion traîtresse de l’Iran par le groupuscule terroriste des Monâfeghins [1] avec la collaboration de l’armée irakienne.

Le groupuscule des Monâfeghins, appelé officiellement l’Organisation des Modjâhedins du peuple iranien [2] (OMPI), est un mouvement de résistance armée fondé en 1965 par certains Iraniens en opposition à la dictature pahlavie ; il continue ses activités, à la fois politique et militaire, en Iran et à l’étranger durant et après la Révolution islamique afin de renverser le gouvernement islamique et d’instaurer son Etat. En 1986, l’OMPI fonde en Irak son armée de libération nationale de l’Iran [3] (ALNI) qui, composée de 5 000 membres des deux sexes équipés et entraînés, jouit du soutien militaire du gouvernement de l’Irak. Cette armée terroriste lance plusieurs opérations contre l’Iran.

Suite à l’acceptation par l’Iran de la résolution 598, les responsables de l’OMPI estiment que l’Iran a désormais perdu sa capacité de résistance et que le gouvernement est sur le point de s’effondrer. Ils croient à la suprématie militaire de Saddam Hussein au point que le choix iranien d’un armistice leur paraît forcé. D’après eux, le gouvernement iranien est dans une impasse et s’est affaibli du point de vue politique, militaire et économique. Il n’a donc d’autre choix que d’accepter un cessez-le-feu. Ils décident donc de profiter de cette occasion pour atteindre leur but : renverser le gouvernement islamique d’Iran et instaurer leur Etat.

Dans son alliance avec la dictature de Saddam Hussein, l’OMPI demande des aides financières et militaires à ce dernier pour organiser des opérations militaires au sud et à l’ouest de l’Iran. Il faut ici rappeler que la branche militaire de l’OMPI avait déjà lancé des opérations de petite envergure aux frontières irano-irakiennes avec pour objectif de harceler et d’affaiblir l’armée iranienne. Citons notamment, le 27 mars 1988, l’opération Aftâb (le Soleil) à Fakkeh à 40 kilomètres de Suse, au sud du pays, marquée par la sauvagerie des combattants de l’OMPI. Pareillement, le 18 juin 1988, l’OMPI lance l’offensive de Tcheltcherâgh (Le lustre) dans la région de Mehrân à l’ouest du pays ; ces deux opérations échouent après quelques jours de combats sanglants.

L’alliance avec Saddam Hussein est bénéfique pour l’OMPI : outre les équipements militaires, l’armée irakienne accepte d’engager 25 de ses brigades très bien équipées aux côtés des forces de l’ALNI durant leurs opérations. Les commandants de l’ALNI planifient donc une opération baptisée Forough-e djâvidân (Illumination éternelle). Selon les données de la carte d’opération, les forces armées de cette organisation étaient chargées de traverser, en 33 heures, les villes Sarpol-e Zahâb, Eslâm Abâd, Hamedân et Ghazvin pour enfin conquérir Téhéran, où elles souhaitaient fonder une base militaire et instaurer un nouveau gouvernement. En réponse à cette invasion, l’Iran lance la contre-offensive Mersâd.

Voyons d’abord l’opération Forough-e djâvidân.

Le 20 juillet 1988, l’Iran et l’Irak signent un cessez-le-feu pour mettre fin à la longue guerre irano-irakienne. Quelques jours plus tard, l’Irak, ne respectant pas les termes du traité, attaque de nouveau le Khouzestân iranien. Pour appuyer son attaque, Saddam s’est allié avec l’OMPI pour déclencher une vaste offensive surprise contre les frontières sud et ouest de l’Iran pour pouvoir avancer vers le centre du pays et renverser le gouvernement. Le 20 juillet 1988, les forces armées de l’ALNI entament l’opération Forough-e djâvidân sous la direction de Massoud Radjavi, le chef des Monâfeghins. Grâce aux aides de l’armée irakienne, l’OMPI dispose d’un bon équipement militaire, notamment de 120 chars d’assaut, 90 obusiers de 80 mm, 30 obusiers de 122 mm, 150 obus de 400 mm, 1000 kalachnikovs, 1000 camions et véhicules militaires, etc.

Le jour de l’opération, une brigade de l’ALNI réussit à traverser les régions limitrophes de Sarpol-e Zahâb et atteint le col de Pâtâgh d’où elle déclenche son offensive. Elle s’avance vers Kerend pour pouvoir conquérir Eslâm Abâd Gharb, malgré la résistance des combattants militaires et civils de l’Iran. Les forces de l’ALNI se hâtent ensuite vers le col Hassan Abâd à l’ouest d’Eslâm Abâd et s’y installent en attendant des renforts. Là, elles sont confrontées à une forte résistance des combattants iraniens et des habitants de cette région qui se sont positionnés derrière le col de Tchahârzebar, qui mène à la ville de Kermânshâh. Mais les Monâfeghins refusent de se replier. Ils veulent à tout prix s’emparer de Bâkhtarân et y installer une base militaire, d’où cette attaque hâtive et mal préparée.

Ils attaquent donc et simultanément. Leur radio diffuse une déclaration destinée aux habitants de Bâkhtarân à qui il est demandé de prendre toutes les dispositions nécessaires pour accueillir les forces de l’ALNI comme des libérateurs.

À suivre…

Source :
- Doroudiân, Mohammad, Seyri dar djang-e Iran-Arâgh (Un Regard sur l’Histoire de la guerre Iran-Iraq), vol. 5 : Pâyân-e djang (La fin de la guerre), Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.

Notes

[1Gorouhak-e Monâfeghin ; « Monâfegh » est un mot arabe qui signifie "hypocrite".

[2Sâzmân-e Modjâhedin-e Khalgh-e Irân

[3Artesh-e âzâdibakhsh-e melli


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