N° 105, août 2014

Bastak, la porte du golfe Persique


Khadidjeh Nâderi Beni


La région de Bashkarou à Koukhord, près de Bastak, photo : Mohammad Barkar

Bastak est une ville historique du sud de l’Iran qui doit sa renommée à de nombreux caravansérails datant de l’époque achéménide. Située à 170 km à l’ouest de Bandar Abbâs, dans la province de Hormozgân, Bastak avoisine la province de Fârs au nord et Bandar Lengeh (le port Lengeh) au sud et de ce fait, jouit d’une situation géographique privilégiée.

La ville est également renommée pour ses confréries soufies, installées dans la région depuis au moins sept siècles. Cette ville rassemble des ethnies diverses, dont les cheikhs abbâssides, les Madani, les Seyyed, ainsi que des nomades. Selon les données historiques disponibles, suite à la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, les soufis quittèrent la ville pour se réfugier dans le sud de l’Iran. Ils s’établirent notamment dans le Hormozgân et le Fârs. Ces soufis sont à l’origine de l’existence d’un bon nombre d’œuvres architecturales religieuses qui parsèment encore la province.

La région de Bastak qui comprend 200 villages est située sur le piémont de deux vastes montagnes du sud du pays : Gâbast et Hormozân. La première, Gâbast (mot pahlavi signifiant « pôle Nord ») s’étend du détroit de Bastak au village Seyyedeh, dernier village couvert par cette montagne. La partie est du Gâbast s’appuie sur la montagne voisine de Nâkh, qui abrite les villages de la région de Koukherd. Gâbast est une montagne verdoyante, et une grande variété d’espèces végétales y pousse naturellement, en particulier la térébenthine et le myrte. Il faut ajouter que le point le plus élevé de la province de Hormozgân se trouve dans les hauteurs du Gâbast. Situé dans une telle région montagneuse et près du golfe Persique, Bastak jouit d’un climat particulier et doux, avec une température moyenne annuelle d’environ 27 degrés.

Quelques rivières coulent dans la région de Bastak. Citons entre autres Mehrân, Godeh et Roud-e shour. Mehrân prend source dans les hauteurs de Lorestân dans la province de Fârs et se jette dans le golfe Persique, tandis que la rivière Goudeh prend sa source dans les montagnes de Fâryâb au sud-est de Bastak et se jette dans le golfe Persique en atteignant le port de Khamir (Bandar-e Khamir). Cette rivière est l’habitat d’une espèce de poisson que les locaux nomment kârou. Les cours d’eau de la région sont naturellement salés et inutilisables pour l’agriculture. Cependant, leur beauté, la faune et flore qu’ils abritent en font des attraits touristiques pour la région.

Le grand rocher en forme de champignon de Bastak. Des légendes y sont attachées.

Autrefois, Bastak était le centre important de l’ancienne province de Djahângirieh, tel qu’il est précisé entre autres dans un traité géographique du XVIe siècle, mais la région a perdu peu à peu sa place et sa renommée. Les nombreux caravansérails de cette région, en plus de ceux de la ville même et datant entre autres des époques safavide (1501-1739) et qâdjâre, illustrent cette histoire. C’est en particulier dans l’étude des caravansérails safavides et leur historique qu’il est possible de retracer l’histoire de cette ville qui s’est au cours de l’histoire consacrée au commerce maritime mais aussi terrestre.

Selon une opinion courante, la dénomination de Bastak provient du mot « Basteh » qui signifie « fermé » : la situation géographique de la ville entourée par des montagnes de toutes parts expliquerait ce nom. Quant aux villages entourant Bastak, certains datent de l’ère antique, comme Patâ, Koukherd et Harang, qui ont conservé leurs noms préislamiques. Le village de Patâ (signifiant le lieu de rayonnement du soleil) dont l’histoire remonte à l’époque sassanide (205-651), est actuellement un site archéologique où l’on peut visiter les vestiges d’une forteresse, d’une académie et d’un cimetière antiques.

Le berkeh (réservoir d’eau) de Hâji Rostâm, situé sur la montagne Gâhbast

Bastak et sa région sont dotés d’un bon nombre d’attraits historiques et naturels, qui attirent chaque année de nombreux voyageurs iraniens et étrangers. Les beautés des monts Gâbast, la forteresse de Djenâh, le marché de Bastak et la mosquée Djâme’ en sont des exemples. La mosquée Djâme’, l’un des premiers édifices religieux de Bastak, a été bâtie à l’époque safavide sur l’ordre du gouverneur Sheikh Mohammad Bastaki. Le bâtiment de cette mosquée est remarquable de par son dôme et ses deux minarets de 33 mètres de hauteur. Un autre des bâtiments historiques de la ville à visiter est le caravansérail très bien conservé de Bastak, qui se trouve dans le centre-ville. Il desservait autrefois la voie commerciale mer-terre Bandar-Abbâs-Lâr. Ce caravansérail comprend une vaste cour centrale entourée des quatre côtés par les bâtiments du complexe. Deux des ailes du caravansérail abritent les galeries où se trouvaient les étables, et les deux autres ailes comprennent les chambres des voyageurs.

Pour finir, notons que la situation géographique et historique de Bastak lui offre l’opportunité de retrouver une certaine importance, notamment dans le domaine touristique.

Vue du village de Tchâleh près de la rivière Mehrân, Koukhord, Bastak, province de Hormozgân

Bibliographie :
- Bâloud, Mohammad, Farhang-e âmmeh dar Bastak (La Culture populaire de Bastak), éd. Hamsâyeh, Téhéran, 1384 (2003).
- Mohammadi Koukherdi, Mohammad, Bastak va Koukherd (Bastak et Koukherd), Dubaï, 2005.


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