Il y a 17 ans, le 29 novembre 1997(8 Azar 1376), par un jour froid d’automne, une épopée a vu le jour. Une épopée que les Iraniens n’oublieront pas de sitôt. Des noms comme Mark Bosnichm, Harry Kewell, Stan Lazaridis et même Sandro Paul sont alors devenus familiers et mémorables, même pour les non amateurs de football. Avant de raconter l’histoire de cette épopée du football inoubliable pour les Iraniens, il est nécessaire, pour mieux la situer, de rappeler le parcours de l’équipe nationale iranienne (Team Melli) aux Coupes du monde.

Photos : l’Iran faceà l’Australie, Melbourne

Le premier match de l’équipe d’Iran de football a eu lieu il y a 72 ans. Depuis cette date, la Team Melli a remporté le championnat d’Asie à trois reprises et participé quatre fois à la Coupe du monde. Ces participations ont été précédées de compétitions préliminaires, dont la dernière eut lieu en été 2013 en Corée du Sud. Durant ce match, l’Iran battit la Corée du Sud 1-0. Suite à cela, en tant que première équipe du groupe 1, l’Iran accéda aux compétitions préliminaires de la zone Asie pour la Coupe mondiale 2014.

Argentine, 1978

L’équipe nationale iranienne a participé à la Coupe du monde de 1978 en Argentine. Durant les quatre premiers matchs des compétitions préliminaires, l’Iran bat l’Arabie Saoudite (3-0), la Syrie (1-0), l’Arabie Saoudite (2-0) et Hong Kong (2-0). Pour son 5ème match, l’Iran fait match nul face à la Corée du Sud. Lors de son 6ème match, l’Iran bat l’Australie (1-0) puis gagne le match contre le Koweït (1-0). Enfin, dans son 8ème match lors de ces compétitions préliminaires, l’Iran fait match nul face à la Corée du Sud, mais en marquant cette fois-là, deux buts (2-2). L’adversaire suivant est de nouveau Hong Kong qui est vaincu comme lors de son match aller (3-0). Le match le plus important de l’Iran se déroule contre l’Australie, contre laquelle l’Iran remporte la victoire à la fois dans son match aller et son match retour. Ce dernier match a lieu le 25 novembre 1977 au stade Azâdi à Téhéran en présence de 90 000 spectateurs. L’équipe australienne s’incline face à l’Iran (1-0). En obtenant ce résultat, le dernier match de l’Iran contre le Koweït n’a qu’un caractère formel, mais est tout de même remporté par l’équipe iranienne (2-1). Les compétitions du Mondial se déroulent un an plus tard. L’Iran, qui a dans son groupe les Pays-Bas, l’Ecosse et le Pérou, s’incline face aux Pays-Bas (3-0), obtient un match nul contre l’Ecosse (1-1),et est battu lors de son dernier match face au Pérou (4-1).

France, 1998

Pour participer à la Coupe mondiale de 1998 tenue en France, l’équipe nationale de football d’Iran a parcouru un chemin long et difficile. Ce chemin, ainsi que les résultats obtenus aux compétitions préliminaires, ont longtemps marqué l’esprit des Iraniens. L’Iran a tout d’abord remporté la victoire lors de la première phase des préliminaires avec une avalanche de buts, notamment lors de sa victoire contre les Maldives (17-0). Lors de la seconde phase des compétitions préliminaires de 1998, l’Iran a dû affronter la Chine, le Koweït, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Après un beau parcours, l’Iran est battu dans son dernier match par le Qatar, une équipe qui n’avait jusqu’ici jamais fait parler d’elle durant les compétitions préliminaires du Mondial.

La suspension du joueur iranien Bâgheri au match aller fait perdre leurs espoirs aux Iraniens, mais la destinée de l’équipe nationale prend un autre cours lors des séries éliminatoires. Après ce match, son entraîneur Mohammad Mâyeli Kohan est suspendu pour être remplacé par le Brésilien Vieira. Une victoire contre le Japon à Hong Kong aurait pu assurer la qualification iranienne au Mondial, mais les Japonais remportent le match (2-1). Cette défaite conduit l’Iran à déployer toute son énergie lors de deux rencontres difficiles face à l’Australie puis durant les matchs suivants ; efforts qui ont conduit à créer ce qui a été qualifié d’épopée par les Iraniens.

Durant les compétitions de la Coupe du monde, l’Iran a dû affronter l’Allemagne, la Yougoslavie et les Etats-Unis. Bien que l’Iran ait joué de façon satisfaisante lors de son premier match contre la Yougoslavie, il s’incline ensuite face à elle (0-1) à la suite d’un but sur coup franc de Mihajilovic. L’Iran remporte ensuite sa première victoire mémorable face aux Etats-Unis (2-1) grâce aux buts de Hamid Estili et de Mehdi Mahdavikiâ. Le but d’Estili, marqué par un coup de tête, fut plus tard surnommé le but du siècle.

Durant son dernier match face à l’Allemagne, l’Iran s’incline (2-0) à Montpellier.

Allemagne, 2006

L’équipe iranienne, alors entraînée par le Croate Branko Ivankovic, participe de nouveau aux compétitions préliminaires de la Coupe mondiale de 2006. Lors de la première étape, l’Iran frôle l’élimination par le Qatar à Doha. Cependant, un but de Vahid Hâshemiân joue un rôle central dans l’accès de la Team Melli à la seconde phase des préliminaires du Mondial. Par la suite, l’équipe nationale iranienne accède à la deuxième phase des compétitions préliminaires de la Coupe mondiale 2006, phase où le principal adversaire de l’Iran est le Japon.

Alors qu’il reste pour l’Iran un dernier match jusqu’à la fin des préliminaires, les Iraniens fêtent déjà leur accès à la Coupe du monde. Au stade Azâdi, l’Iran remporte la victoire contre le Bahrein (1-0) grâce au but de Mohammad Nosrati. Huit ans après l’épopée de Melbourne, les Iraniens descendent de nouveau dans les rues pour fêter leur future participation au Mondial. Cependant, la joie d’avoir accédé à cette compétition est en partie atténuée par le jeu médiocre de la Team Melli : l’Iran est battu par le Mexique (1-3), et lors de son second match face au Portugal, l’Iran concède (0-2). Enfin, il fait match nul face à l’Angola (1-1).

Brésil, 2014

Avec son entraineur portugais Carlos Queiroz, l’Iran accède à la seconde phase des compétitions préliminaires du Mondial 2014 du Brésil. Il doit y affronter l’Ouzbékistan, le Liban, le Qatar et la Corée du Sud. Au cours du match aller de ces compétitions, l’Iran remporte la victoire (1-0) face à l’Ouzbékistan à Tachkent, puis à Téhéran où il obtient un match nul face au Qatar. Néanmoins, lors de son match aller, il subit une défaite face au Liban à Beyrouth, mais l’Iran est sélectionné en battant la Corée du Sud (1-0) à Téhéran.

Au début des matchs de retour, l’Iran concède face à l’Ouzbékistan (0-1), défaite qui tend à faire perdre espoir aux Iraniens d’accéder à la Coupe du monde de 2014. Cependant, les joueurs de Carlos Queiroz remportent la victoire face au Qatar et battent le Liban à Téhéran avec une avalanche de buts. La ville coréenne d’Ulsan est le dernier lieu de ces compétitions. Alors qu’un nul ou une défaite placerait l’Iran à la troisième place, c’est-à-dire dans les séries éliminatoires, Rezâ Ghouchannejâd marque un but à la soixantième minute et garantit ainsi le départ de la Team Melli pour le Brésil. [1] [2] [3] [4] [5]

Un jour exceptionnel pour les Iraniens, même un siècle plus tard

Que s’est-il exactement passé le 29 novembre 1997 à Melbourne, en Australie ?

Selon une première version, en 1997, l’équipe nationale d’Iran s’efforçait de pouvoir participer à la Coupe du monde 1998 en France, mais avait été battue par l’Arabie Saoudite et semblait condamnée à être la deuxième équipe des séries éliminatoires. Puis l’équipe nationale se prépara à jouer contre le Japon, où la Team Melli réalisa une belle performance ; cependant, malgré l’audace du joueur Abedzâdeh, l’Iran s’inclina face aux Japonais. L’ultime occasion permettant de participer à la compétition mondiale était de remporter le match face à l’Australie lors des matchs aller et retour. Après des jours amers à Riyad, Doha et Kuala Lumpur et de cinglantes défaites contre l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Japon, l’Iran devait jouer devant les spectateurs australiens à Melbourne, sans se douter que pour les Iraniens, une véritable épopée allait s’y dérouler. Parmi certains moments forts de ce match, nous pouvons citer la maîtrise exceptionnelle des buts par Ahmadrezâ Abedzâdeh, l’intrusion sur le terrain d’un certain Peter Hur qui déchira le filet, le but mythique de Khodâdâd Azizi, le moment où Ali Dâei embrassa la tête du Hongrois Sandro Paul après le coup de sifflet final, les larmes de Hamid Estili avec le drapeau à la main...

D’un autre côté, l’Australie était certaine qu’elle accèderait au Mondial avec facilité à l’issue de cette rencontre à Melbourne. En qualifiant l’Iran de pays dangereux, Terry Venables engagea une guerre psychologique et lors du match à Téhéran, il a même été jusqu’à amener d’Australie de l’eau potable pour son équipe. Le 8 Azar, à midi heure de Téhéran, le match débuta en présence de 85000 spectateurs au stade Cricket de Melbourne.

Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Chers téléspectateurs, vous m’entendez du stade Cricket de Melbourne. Aujourd’hui, les onze hommes blancs de notre pays rencontrent les Australiens dans ce terrain tout vert. Au tout début du match, une occasion pour Robbie Slater.”Le match s’est ainsi ouvert pour les Iraniens avec la voix de Javâd Khiâbâni. S’il restait un espoir, une attaque vint le briser : deux buts sont bientôt marqués par deux joueurs hôtes, Harry Kewell et Tony Vidmar. On pensa alors que l’Australie avait gagné le match, ce qui rendait impossible toute participation de l’Iran au Mondial.

Ahmadrezâ Abedzâdeh, capitaine de l’équipe nationale d’Iran, s’efforçait tant bien que mal de remonter le moral de ses coéquipiers. Après les dommages causés au filet par le spectateur furieux, Abedzâdeh garda son sang-froid, en s’efforçant de faire abstraction de la lourde atmosphère du stade. Le match devait se poursuivre.

Karim Bâgheri, grâce à un tir de Khodâdâd Azizi, marqua le premier but iranien. Un nouvel espoir… Et quelques minutes plus tard, Khodâdâd Azizi…“Encore Khodadad, encore sur le terrain, cette gazelle agile du football d’Iran…” Un second but fut marqué, au-delà de toute espérance.

L’équipe, composée par Ahmadrezâ Abedzâdeh, Mohammad Khâkpour, Nâim Saadavi, Afshin Peyrovani, Mehdi Pâshâzâdeh, Hamid Estili, Karim Bâgheri, Rezâ Shahroudi, Mehdi Mahdavikiâ, Khodâdâd Azizi et Ali Dâei, était aux anges. Les réservistes vinrent même sur le terrain. Le résultat final fut un match nul (2-2), les circonstances de ce résultat en faisaient un jour inoubliable pour le football iranien.

Javâd Khiâbâni

Pour conclure, nous allons évoquer ce que sont devenus les éléments principaux qui ont permis ce résultat gravé dans l’esprit des Iraniens.

Ahmad Rezâ Abedzâdeh : Surnommé “l’aigle d’Asie”, il est l’un des éléments principaux de "l’épopée" de Melbourne. Après ce match, il a accompagné l’équipe nationale à la Coupe du monde 1998, et son dernier match fut joué contre le Bayern Munich en 2000, au stade Azâdi. En 2003, Abedzâdeh eut une grave attaque cérébrale dont il se remit finalement.

Ali Dâei : Celui qui fut la grande vedette de l’équipe nationale fut un attaquant ambitieux qui a marqué plusieurs buts pour l’équipe nationale d’Iran. Il a assuré la ligne d’attaque de la Team Melli pendant plusieurs années.

Lors de la fameuse rencontre avec l’Australie, c’est lui qui a fourni à Khodâdâd Azizi l’occasion de marquer un but et lors d’un match avec les Etats-Unis, il a également permis à Mahdavikiâ de marquer. Après la Coupe du monde 1998, Dâei s’est dirigé vers le club du Bayern Munich. Il a ensuite rejoint les clubs de Hertha Berlin, Al-Shabab, Persepolis, Saba Battery et Saipa. Après avoir participé à deux Coupes du monde et joué dans cinq matchs nationaux, il a quitté la Team Melli à la fin du mondial 2006. En battant le record de 109 buts dans 149 matchs nationaux, il a été surnommé “l’homme des buts du football mondial”. Il a dans ce sens notamment dépassé le record de Ferenc Puskas.

Khodâdâd Azizi : Surnommé "la gazelle agile d’Asie", il est l’un des éléments centraux du fameux match de Melbourne. La scène où il marqua le premier but face à l’Australie reste la scène la plus regardée par les spectateurs iraniens et la plus mémorable du football national.

Après ce match et la participation à la Coupe du monde, Khodâdâd a joué dans un club de Cologne pour ensuite, suite à des performances à la baisse, quitter le monde du football.

Hamid Estili : C’est l’un des joueurs les plus expérimentés et habiles de l’équipe iranienne en 1998, et a marqué un but contre les Américains lors d’une Coupe du monde.

Il a ensuite participé à la Coupe d’Asie des Nations en 2000. Il a perdu son dernier match face à la Corée du Sud, quittant ensuite la Team Melli.

Mehdi Mahdavikiâ : Il est considéré comme le joueur iranien ayant eu la plus belle carrière en Iran et en Europe. [6] Les partisans du club de Hambourg l’ont élu à deux reprises (2002-2003, 2003-2004) comme meilleur joueur de cette équipe. Sa sélection parmi les onze joueurs de l’équipe de Hambourg aux côtés de grands joueurs comme Van der Vaart reste l’une de ses plus grandes réussites. [7]

Notes

[2Entretien avec Hamid Estili dans le journal Abrar Varzeshi

[4La chaîne de télévision “Khabar”

[5Le journal Abrar Varzeshi


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