N° 108, novembre 2014

L’Iran à la Coupe du monde du Brésil 2014
Un bilan sans surprise


Babak Ershadi


Avant de partir pour le Brésil, l’équipe iranienne de football avait promis d’améliorer son image internationale. Bien que l’Iran ait quitté les compétitions après trois rencontres en n’obtenant qu’un seul point, il a tenu sa promesse. Les joueurs iraniens ont fait meilleur score par rapport aux autres équipes de la Confédération d’Asie (Corée du Sud, Japon et Australie), et sont repartis la tête haute.

Mehrdâd Poulâdi (défense) défie Efe Ambrose (Nigeria)

Mais le sélectionneur portugais de la Team Melli, Carlos Queiroz, et ses protégés n’ont pas réussi à réaliser « la surprise ». A sa quatrième participation à la phase finale de la Coupe du Monde de football, l’Iran a fait comme avant : 1 point et deux matchs perdus (à l’exception de ses 3 points en France-1998). Le meilleur souvenir du Brésil sera sans doute le grand jeu de l’Iran face à l’Argentine qui est allée jusqu’à la finale qu’elle a perdue devant l’Allemagne, le nouveau champion du monde.

Il faut admettre pourtant que l’équipe iranienne a considérablement amélioré sa performance au Brésil. Les membres de l’équipe ont fait preuve de qualités qui s’étaient raréfiées sur le marché du ballon rond en Iran. Dans l’équipe actuelle, il n’y a pas de vedettes internationales, mais pour la première fois depuis longtemps, la Team Melli a fait une démonstration très appréciable de l’esprit d’équipe, de la concentration pendant tout le match et de la détermination mentale.

Le 11 janvier 2015, l’équipe d’Iran rencontrera le Bahreïn pour son premier match dans le Championnat d’Asie, celui où la Team Melli a remporté le trophée final en 1976. L’expérience du Brésil a prouvé que malgré ses progrès en matière de défense, l’équipe iranienne a du mal en ce qui concerne la finition pour gagner les trois points d’une rencontre. Il faut donc donner raison au commentateur de la Confédération d’Asie qui estime que si la sélection de Carlos Queiroz compte uniquement sur la défense, elle ne pourra pas gagner le championnat continental.

Sélection iranienne au Brésil-2014

***

Premier match, 16 juin : Iran 0-0 Nigeria

La Team Melli fait preuve des qualités qui lui manquaient !

Il n’est pas sûr que ce premier match de l’équipe iranienne à la Coupe du monde 2014 du Brésil reste dans les mémoires des fans du football, même des joueurs du terrain ! Avant le coup d’envoi, l’équipe nigériane comptait pour être la favorite, à cause de la qualité de ses joueurs et de leur expérience internationale. Mais finalement, ce sont les joueurs de la Team Melli qui sont sortis de ce match avec le plus de crédits. Le Nigeria commence le jeu avec plus d’ambition pour marquer pendant les 20 premières minutes, mais l’équipe iranienne résiste aux vagues d’attaques nigérianes. Le jeu est imprécis lors de la première mi-temps : les passes manquent de précision et les attaquants sont maladroits. Les Iraniens font quand même preuve d’un bon esprit d’équipe et de discipline pour empêcher l’adversaire de prendre en main le jeu.

Rien ne se passe en seconde mi-temps non plus. Le treizième duel de la Coupe du monde du Brésil connaît ainsi son premier match sans but. Si les Nigérians ont fini ce match déçus, la Team Melli est presque satisfaite du résultat. Pour la première fois, l’équipe iranienne n’a pas perdu son premier jeu à la phase finale de la Coupe du monde. En outre, les joueurs iraniens ont pu tester avec succès la solidité de leur défense, étant donné qu’ils devaient rencontrer au match suivant l’Argentine de Lionel Messi.

« Nous sommes soulagés car si nous avions perdu le premier match avant d’affronter l’Argentine, nous nous serions mis dans une situation délicate. Nous sommes satisfaits car par rapport aux autres nations, l’équipe iranienne travaille dans des conditions limitées », a estimé, après le match, le sélectionneur portugais de l’Iran Carlos Queiroz. [1]

Selon de nombreux fans et commentateurs, face au Nigeria, l’équipe iranienne a fait preuve des qualités qu’on ne lui avait pas vues depuis longtemps : une grande détermination de la part des membres de l’équipe, une concentration et une discipline parfaites tout au long du match. Carlos Queiroz semblait avoir appris à ses joueurs qu’avec un mental d’acier, il est possible d’obtenir des résultats satisfaisants. Mais le grand problème de la Team Melli a ressurgi face aux Nigérians pendant les 20 dernières minutes, quand l’Iran est passé à l’attaque face à une équipe africaine qui avait perdu sa discipline et sa concentration : sur le plan collectif, les Iraniens étaient bons, mais il leur manquait l’énergie et le talent de finir en beauté. A l’avenir, c’est dans ce domaine que l’équipe iranienne de football devra s’améliorer.

Rezâ Ghoutchân-Nejâd (attaquant) et Lionel Messi (Argentine)

Deuxième match, 21 juin : Iran 0-1 Argentine

L’Iran a fait un grand match !

L’Iran qui venait de gagner un point de son premier match affronte l’Argentine qui a battu au premier jour la Bosnie-Herzégovine. Tout le monde avait apprécié la défense iranienne face au Nigeria et tout le monde se posait la même question : combien de temps le mur défensif iranien pourrait-il tenir le coup devant la machine de guerre argentine dirigée par la superstar internationale Lionel Messi ?

Les joueurs iraniens se sont battus pendant 90 minutes. Le match s’est passé comme on l’avait prévu d’avance : l’Argentine a maîtrisé le ballon et l’Iran s’est organisé en défense. La stratégie de la Team Melli était bonne : les joueurs fermaient les espaces quand l’adversaire attaquait, ce qui a empêché les Argentins de trop s’approcher de la cage. Cette stratégie a d’ailleurs bien marché jusqu’à la fin de la 90e minute. Contrairement au premier match, l’architecte portugais de l’équipe iranienne a pris un risque et a continué le jeu à la seconde mi-temps avec deux attaquants. L’Iran voulait gagner le match ! Le problème, c’est que Lionel Messi, qui avait été très bien contrôlé tout au long du jeu par les Iraniens, est l’un de ces grands magiciens du terrain de foot qui peuvent faire basculer le match à tout moment, même après la 90e minute. C’est ce qui est d’ailleurs arrivé, et il a marqué le but à la 90’+1.

Pourtant, ce jour-là, l’équipe iranienne a fait l’un de ces meilleurs jeux de tous les temps. Les plans de Carlos Queiroz auraient même pu conduire l’Iran vers la victoire avec plusieurs opportunités devant la cage argentine. Le géant sud-américain ne pensait peut-être pas frissonner autant devant la Team Melli. A la 52e minute, l’attaquant Rezâ Ghoutchân-Nejâd tenta même un but, qui finit dans les gants du portier argentin Sergio Romero. Le gardien de Monaco a sauvé son équipe deux autres fois. Devant une tentative de l’attaquant Ashkahn Dejâgah (67’) puis devant Rezâ qui a donné de nouveau des sueurs aux Argentins quelques minutes avant la fin du temps réglementaire (86’). « L’Iran a fait un grand match. Il s’est regroupé en défense et a su profiter des situations de contre, sur lesquelles il s’est créé des occasions franches », a reconnu après le match, Alejandro Sabella, sélectionneur de l’Argentine. [2] L’Argentine s’est qualifiée ainsi pour les 8es de finale, tandis que l’Iran devait tenter sa chance au troisième jour pour une qualification éventuelle.

Carlos Queiroz, sélectionneur de la Team Melli depuis 2011

Troisième match, 25 juin : Iran 1-3 Bosnie-Herzégovine

L’Iran a été déconcentré mentalement et physiquement

Sur le papier, l’Iran pouvait espérer au troisième jour sa qualification pour les 8es de finale en cas d’une victoire face aux Bosniaques avec une différence de deux buts, et d’un résultat favorable dans l’autre rencontre du groupe F, entre l’Argentine qui devait battre le Nigeria. Les Argentins ont effectivement gagné l’autre match, mais l’Iran a perdu le sien devant une Bosnie-Herzégovine, disqualifiée dès le deuxième jour, qui ne jouait devant l’Iran que pour rentrer au pays la tête haute. L’équipe iranienne n’a pas réussi à faire bonne impression à la dernière étape. La Bosnie-Herzégovine a mérité sa victoire. Sortis épuisés du match contre l’Argentine, les joueurs iraniens semblaient quelque peu déconcentrés mentalement et physiquement. « J’ai été quelque peu surpris par la façon de jouer de l’Iran aujourd’hui. Cette équipe est capable de se montrer extrêmement efficace en attaque et je m’attendais à ce qu’elle soit plus entreprenante. Pourtant, j’ai eu l’impression par moments qu’elle se serait contentée d’un nul », a déclaré aux journalistes le sélectionneur bosniaque, Safet Susic. [3] Après les trois buts bosniaques, Rezâ Ghoutchân-Nejâd finit tout de même par inscrire son nom au tableau d’honneur en marquant l’unique but iranien de la Coupe du monde du Brésil.

Haghighi : la star de l’équipe iranienne au Brésil-2014

Après la retraite de Mahdi Rahmati en 2013, Carlos Queiroz a décidé enfin de donner les gants à Alirezâ Haghighi, 26 ans. Le football iranien a eu, par le passé, plusieurs bons gardiens comme Nâsser Hedjâzi ou Ahmad-Rezâ Abedzâdeh. Le jeune portier de la Team Melli a prouvé au Brésil que le choix du sélectionneur portugais était justifié.

Alirezâ Haghighi (gardien) était sans doute la star de l’équipe iranienne au Brésil

Notes

[2Ibid.

[3Ibid.


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