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Né en 1972 à Babol, Behzâd Firouzi a collaboré à de nombreux projets culturels et artistiques dans des domaines aussi variés que la photographie, le cinéma, la littérature et l’art pictural en général. Après des études de graphisme et de cinéma, il a participé à la réalisation de nombreux documentaires et a notamment publié un ouvrage intitulé Apparition de la vérité (Zohoor-e Haghighat) rassemblant certaines de ses photographies. Il a également collaboré avec l’organisation du Croissant-Rouge en Iran, notamment en 2001, en prenant plusieurs séries de clichés au sein des camps de réfugiés afghans dans la province de Nimruz, et a dirigé le musée de cette même organisation. Il a organisé plusieurs expositions dont la dernière s’est tenue en janvier dernier à la Galerie Aria de Téhéran.
Au travers de ses clichés, il exprime une vision propre de l’image et de la photographie qui, "en tant que magie du troisième millénaire, fournit à l’homme contemporain un moyen par lequel il peut immortaliser certains moments de son existence si chargée pour voir quelle est la signification globale de la vie, la manière dont elle passe et quels en sont les éléments essentiels." Elle est un véritable "révélateur" du sens de l’existence et fait du photographe un visionnaire proposant un nouveau sens de par sa vision particulière des choses.
En mettant particulièrement en valeur l’élément lumière dans ses nombreux travaux photographiques réalisés en noir et blanc, il s’efforce de "redonner une identité propre aux images du monde". Dans ce but, la lumière a un rôle essentiel car elle révèle la face cachée des êtres et des choses pour devenir, selon les propres mots du photographe, "proche de l’illumination divine." L’œil du photographe a donc un rôle de "mise en lumière" d’éléments sacrés présent au sein même de notre existence qu’il dévoile au travers de ces clichés. Son travail s’accompagne donc de toute une recherche intérieure, empreinte d’une spiritualité située hors de tout cadre prédéfini : "Personnellement, dans mon travail spirituel, j’accorde plus d’attention au voyage intérieur qui est mené du passé au présent et finalement au futur, pour ensuite transférer ces concepts avec de la lumière et les caractéristiques de l’image. Par exemple, une photo que j’ai prise représentant un nouveau né est floue, pour souligner qu’il vient d’un monde inconnu semblable à un rêve. L’image d’après qui traite de la vie de l’enfant dans ce monde n’est plus floue, pour l’être de nouveau au moment de sa mort, car alors, l’être humain quitte ce monde pour rejoindre l’inconnu."
Il déplore cependant un certain appauvrissement des regards et l’abandon de certains domaines d’exploration par les photographes contemporains : "Malheureusement, de nos jours, de moins en moins de personnes accordent de l’attention au traitement de sujets conceptuels et religieux par la photographie. Cette tendance est sensible chez les photographes actuels qui sont immergés dans le monde de la couleur, de la composition, et de la technique, et qui ont perdu contact avec tout un monde conceptuel présent dans la photographie." Face à cette omniprésence actuelle de la couleur dans le monde de la photographie, il préfère recourir au noir et blanc, plus propice selon lui à exprimer le divin, l’ineffable.
Le photographe se doit également d’encourager, en faisant de son art un véritable moyen de communication entre ce lui et le spectateur, la confrontation des vérités de chacun : "Il y a une différence essentielle entre ce que nous voyons et ce que nous voulons voir. Dans le premier cas, il n’est question que de la réalité apparente de ce qui est vu, alors que dans le second, l’interprétation du spectateur et sa propre vision des objets est en jeu, ce qui illustre à la fois les notions de réalité et de vérité". En suivant cette approche, le rôle du spectateur devient central, en ce sens que la contemplation de l’image doit faire de lui un sujet actif pensant le monde dans lequel il vit, en faisant naître en lui : "un processus d’expériences visuelles qui se déroulent à la lumière de son vécu personnel".
Behzâd Firouzi nous propose donc une conception de l’image qui n’est pas seulement la représentation ou la figuration de son objet, mais se convertit en un outil permettant de mieux comprendre le monde et la part de spiritualité que recèle chaque être et chaque chose.