N° 35, octobre 2008

Tâhereh Saffârzâdeh : chantre de la religion


Traduit par

Ghâssem Taghvâyipour


je suis toujours en route

avec mes yeux d’amoureux

aux couleurs de l’attente

Née en 1936 à Sirdjân, Tâhereh Saffârzâdeh est une poétesse iranienne célèbre. Elle est connue pour son exploration des différentes formes de l’écriture poétique.

Bien que le fil conducteur de la poésie de Saffârzâdeh, la religion, soit toujours présent, on peut distinguer trois époques dans l’évolution de son parcours poétique. Les premiers recueils, depuis Le passager du clair de lune publié en 1963, jusqu’au Cinquième voyage, publié en 1978, ont été marqués par son passage de la poésie traditionnelle à la poésie nimaïenne (libre), puis vers une poésie totalement libre (blanche).

Il est à noter que son séjour estudiantin aux Etats-Unis et son initiation à la littérature et à la culture occidentales du XXème siècle ont eu une influence indéniable sur l’évolution de son écriture, de sorte qu’après son retour en Iran, la publication de son recueil Le barrage et les bras provoqua d’innombrables débats, en particulier dans les milieux littéraires. Dans cet ouvrage, qui est la traduction en persan de ses poèmes écrits et publiés aux Etats-Unis, le poète laisse de coté le rythme, la rime et même la ponctuation. Dans un entretien avec Mohammad Hoghoughi, elle précise sa position. Selon elle, "le pouvoir attractif du rythme diminue de trois quarts la responsabilité de la poésie".

Tâhereh Saffârzâdeh

La deuxième étape de l’évolution poétique de Saffârzâdeh commence par la publication du recueil Cinquième voyage. Elle exprime dans ce recueil son engagement pour la poésie révolutionnaire, alors en train d’émerger. Elle y adopte un langage simple et clair, conforme aux besoins du temps, et reprend les termes de la symbolique religieuse.

Ainsi, elle se fait connaître en tant que poète islamo-révolutionnaire. Sa poésie est une poésie engagée, provocatrice, audacieuse, voire même insolente.

Enfin, la dernière étape de son évolution poétique commence après la victoire de la Révolution islamique. Nous voyons désormais une Saffârzâdeh qui laisse de coté le sentimentalisme révolutionnaire pour un langage pur, calme et logique, qui tente d’ordonner l’expérience et de la transmettre sous la forme de mots attentifs au contenu.

Mme Saffârzâdeh a également publié deux traductions anglaise et persane du Coran.

L’herbe

qui traversa l’épaisseur du ciment

et qui fendit la couche de pierre

jusqu’à limite de l’existence

dans la ténébreuse ruelle de Babel

était l’herbe de la vie…

Amoureusement

C’est le matin

tu es parti

L’amour est venu

tu es absent

que peut-on faire

la couleur des murs ne va pas aux rideaux

et celle du tapis ni aux uns ni aux autres

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de la naissance de duc Ellington

à la Maison Blanche aussi il y une fête, disait la radio

Dieu merci, les Chapeaux blancs n’ont pas mangé le Duc

Dieu merci, quand tu n’es pas là vient la solitude

Dieu merci c’est l’automne

le marchand ambulant chante la primeur de grenade la grenade

aussi voudrais-je boire un verre de vin à la santé du Duc

et me mets à pleurer

tout le monde se ressemble dans cette contrée

qu’importe

si l’on y boit le matin ou le soir


La table ronde de la solidarité


Métamorohose


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