N° 35, octobre 2008

La situation sociopolitique de l’Iran lors du premier mandat du président Mohammad Khâtami (1997-2001) (I)*


Amir Âchofteh Tehrâni

Voir en ligne : 2ème partie


De la Révolution constitutionaliste de 1906 à la Révolution islamique, en passant par Mossadegh, l’Iran a souvent innové en politique et il semble que la dynamique en cours au sein du courant islamique et de la jeunesse ne puisse pas être expliquée par une simple opposition - par ailleurs bien réelle et souvent violente - entre "conservateurs" et "réformateurs". [1]

Lors de l’élection présidentielle de mai 1997 (1376), l’ensemble des électeurs avaient voté à plus de 70% pour M. Khâtami, montrant à l’époque une forte homogénéisation de l’électorat iranien. Par la suite, la participation d’un peu moins de 27 millions d’électeurs sur un total de 38 millions (soit 69% du total) lors des élections législatives du 28 février 2000 visant à élire le 6ème parlement iranien (Majles) témoigne donc d’une forte mobilisation. Siâvash Ghâzi, Bernard Hourcade et Nicolas Schwaller ont minutieusement analysé les résultats des élections législatives et la composition du nouveau parlement. Selon les données sociologiques présentées par le premier auteur, les nouveaux parlementaires élus étaient plus jeunes, avaient un niveau d’étude plus élevé et étaient en majorité fonctionnaires. Dans le sixième Majles, le nombre de députés religieux et des femmes a également diminué par rapport au précédent.

Un réformateur

Les élections législatives ayant consacré la victoire des réformateurs à une grande majorité, le président Khâtami disposa dès lors de leviers suffisants pour mettre en place les réformes économiques tant attendues par la population. Celle-ci faisait face à une détérioration de son pouvoir d’achat depuis la révolution - phénomène qui s’est considérablement accentué depuis -, l’obligeant à cumuler les emplois pour survivre, à laquelle venait s’ajouter le peu de perspectives en matière d’emplois (le taux de chômage officiel à 13% étant largement sous-évalué), plus particulièrement des jeunes (40% de la population a moins de 14 ans). Or, réformer l’économie iranienne s’avérait être une tâche gigantesque pour quatre raisons : il fallait tout d’abord parvenir à un consensus politique et social pour soutenir ces réformes, définir quelles orientations donner à ces dernières, le rythme selon lequel elles seraient mises en place et enfin l’ordre approprié pour les appliquer. [2]

Le courant réformateur était très loin de se limiter au champ de l’islam politique : il ancrait le débat dans le cadre de la République islamique, mais englobait également de fait toute la vie politique et sociale. Nous pouvons même nous interroger sur la profondeur et l’ampleur réels du soutien populaire à ce mouvement de réforme en islam, qui trouve ses racines profondes chez les compagnons de route et disciples de l’imam Khomeiny qui avait lui même ouvert la voie, même si la notion de "réforme" s’inscrivait à l’époque dans un contexte très différent. Les nouvelles générations, nées après la révolution n’étaient également pas aussi motivées pour réformer un islam chiite. [3]

L’élection en 1997 du président Khâtami avait suscité un grand espoir dans la population iranienne pour un changement politique, juridique, économique et culturel en profondeur. Cependant, après quatre ans, la désillusion semblait éclipser l’enthousiasme réformiste. Trois ans après son investiture, et face aux nombreuses tentatives visant à déployer toutes les dispositions - légales et arbitraires - pour le fragiliser et déstabiliser, le président Khâtami s’adressa au peuple pour défendre le bilan des premières années de sa présidence, tout en rejetant la responsabilité de certaines lacunes dans l’application de son programme sur les traditionalistes. Il pouvait également afficher un bilan assez positif sur le plan de la politique étrangère. [4]

Les victoires électorales de Mohammad Khâtami en 1997 puis en 2001 ont été possibles grâce à l’établissement d’un consensus avec une grande partie des forces soutenant le pouvoir clérical. M. Khâtami, religieux et réformateur incontesté, était, en effet, un personnage providentiel pour les réformateurs mais aussi pour les conservateurs. Il leur offrait une solution honorable et maîtrisée dans le temps, pour sortir de la "révolution" religieuse et stabiliser la République islamique. Pour les forces critiques à l’égard du bilan de la République islamique, Mohammad Khâtami a offert une opportunité inespérée mais fragile, pour non pas renverser le système islamique, mais pour ouvrir un débat sur ce que pourrait être l’Iran du XXIe siècle, en prenant en compte toutes les dynamiques de ce pays y compris l’islam, l’identité nationale et la modernité. [5] Sa première élection en mai 1997 contribua donc à intensifier les débats sur la nécessité de l’institutionnalisation de l’Etat de droit et le renforcement de la société civile. Cependant, les questions relatives à la démocratisation économique sont demeurées quasi absentes de ces débats centrés exclusivement sur la démocratisation politique, comprenant notamment les thèmes de l’institutionnalisation de la pluralité et des libertés individuelles et sociales, le multipartisme, la création libre d’associations, ou encore d’une presse indépendante. [6]

M. Khâtami lors d’une visite officielle en Égypte
Photo : Iman Mirabzâdeh Ardakâni

Si, lors de son premier mandat (1997-2001), M. Khâtami a multiplié les déclarations de tolérance tout en affirmant sa volonté de replacer le pays sur la scène internationale, leur application a néanmoins été bloquée par le 5ème Majles à majorité conservatrice et les instances religieuses du pouvoir. Le début de sa présidence a également été de pair avec une certaine "ouverture" permettant de débattre sur presque tous les sujets, y compris ceux qui sont restés tabous pendant longtemps comme les relations avec l’ennemi par excellence : les Etats-Unis - ouverture qui n’a été cependant que de courte durée. [7] Cependant, de façon générale, la censure frappant les créations culturelles et artistiques fut largement levée, grâce à la politique pluraliste par ’Ataollah Mohâjerâni qui fut le ministre de la Culture et de la Guidance islamique lors des premières années de la présidence de Khâtami, et la mise en place, sur le plan international, d’une politique de "dialogue entre les civilisations". La journaliste Delphine Minoui a également montré comment, durant ces quelques années, les femmes, laïques comme religieuses, profitant de l’ouverture culturelle, ont réussi à s’imposer sur la scène artistique (cinéma, théâtre, écriture, peinture, musique) faisant de la culture non seulement un nouvel espace de débat, mais également d’émancipation.

Peu avant son élection, les résultats des élections législatives du 5ème parlement en 1996 ont démontré, pour la première fois, l’arrivée timide d’une nouvelle force politique, en l’occurrence les femmes et les jeunes, jusqu’alors exclus, de facto, de la scène sociopolitique. Mais on était encore loin d’imaginer les résultats de l’élection présidentielle de 1997. En effet, lors de cet événement, les Iraniens ont voté pour un candidat ayant un discours plus culturel qu’économique. [8]

En 1997, les jeunes de 15 à 24 ans, qui constituaient 20% de la population totale du pays [9] , étaient les principaux piliers des changements socio-politiques. Pendant la campagne électorale, les jeunes et même les adolescents de moins de 15 ans, dans tous les quartiers et parmi toutes les couches sociales, ont participé massivement à la campagne en faveur de Mohammad Khâtami, collant et distribuant avec enthousiasme ses affiches et son programme électoral.

Un lourd programme de réformes économiques

D’un point de vue économique, le programme de M. Khâtami visait à favoriser une double transition : il s’agissait d’encourager tout d’abord l’évolution d’une économie pétrolière vers une économie moins dépendante de l’exploitation de cette matière première pour à terme passer d’une économie à caractère centralisé où l’Etat a un poids excessif, vers une économie de marché. Mener une politique visant la mise en place d’une économie de marché et une moindre dépendance pétrolière constituait un retournement dans l’histoire de l’Iran moderne ; le développement économique ayant été induit par l’exploitation du pétrole et le rôle moteur de l’Etat dans l’économie. L’un des objectifs visait ainsi à permettre à l’appareil productif de devenir plus compétitif et à arriver à développer ses exportations dans le secteur non pétrolier. [10]

Cependant, l’élection le 30 mai 2000 à la présidence du 6ème Majles de l’ayatollah Mehdi Karroubi [11] mit clairement en évidence les dynamiques et contradictions d’un Iran en période de transition entre despotisme et république. D’une part, le mouvement en faveur des reformes, très largement majoritaire, s’affirma dans les institutions politiques et d’autre part, des concessions furent faites aux courants conservateurs afin de continuer à gérer le pays par consensus, comme ce fut le cas pendant vingt ans. [12] Ces contradictions furent largement révélées par l’élection d’un 6ème Majles clairement conservateur.

Sur le plan économique, le bilan du premier mandat de Khâtami fut largement négatif : l’inflation et le taux de chômage demeurèrent à un niveau très élevé, les investissements dans le secteur privé restèrent à un niveau très insuffisant, et l’écart entre les classes les plus favorisées et les plus démunies continua à augmenter.

Les ministres et conseillers économiques du président Khâtami se divisaient entre partisans et détracteurs d’une véritable politique de privatisation. A titre d’exemple, Hossein Namâzi, ministre de l’Economie et des Finances (également ministre de l’Economie sous Moussavi) se posa comme l’apôtre d’une économie statocentrée tandis que Mohsen Nourbakhsh, directeur de la Banque centrale et plusieurs fois ministre de l’Economie et des Finances, était favorable à l’économie de marché. Rajabali Mazrou’i, conseiller économique du Président et d’obédience de gauche islamique et Mohammad Satarifar, ancien conseiller économique de M. Moussavi, étaient contre la libéralisation économique, tandis que Massoud Roghani-Zanjâni, ancien directeur de l’Organisation du Plan et du Budget y était favorable. [13] Parmi les réformateurs élus aux dernières législatives, une partie importante, notamment d’obédience de gauche islamique, approuvait une économie stato-centrée, d’autant que plus de 43% des élus du sixième parlement étaient alors fonctionnaires. [14]

L’élection municipale

Après l’élection à la présidence de Mohammad Khâtami en mai 1997, les élections municipales de février 1999 permirent à l’ensemble de la population de participer, pour la première fois, au pouvoir local. Désormais la citoyenneté - un homme (une femme) une voix - devint une donnée irréductible de la politique iranienne. Dans ce contexte, la domination des réformateurs, lors des élections législatives, du 6ème parlement islamique en février-mai 2000, ne consacra pas le triomphe politique de la société civile, mais l’aboutissement électoral logique de phénomènes sociaux et culturels liés à l’évolution de la société iranienne ou mondiale. [15]

Les recettes budgétaires

Au deuxième trimestre de 1999, les recettes budgétaires enregistrèrent une hausse de près de 30% en glissement annuel, alors qu’elles avaient diminué de 15,5% au premier trimestre. De même, les exportations, en glissement annuel, augmentèrent de 15% au deuxième trimestre de 1999, alors qu’elles avaient diminué de près de 20% au trimestre précédent. Il faut également préciser qu’il n’existait pas de consensus dans la mouvance khâtamiste à ce sujet. Globalement, les partisans de Khâtami se situaient à gauche de l’échiquier politique iranien. On trouvait donc parmi eux à la fois des partisans d’une certaine étatisation de l’économie ou des éléments plutôt favorables à sa libéralisation. Mais le principal problème sur le plan politique n’était pas celui-là. Engager de véritables réformes économiques d’ensemble imposait que Khâtami trouve des alliés ou plutôt des groupes sociaux le soutenant. Or, cela n’était pas évident. En effet, si le Président engageait une véritable libéralisation économique, il allait s’attaquer directement à l’ensemble des rentes de situation qui s’étaient constituées depuis la révolution - mission quasiment impossible tant elle touchait à des intérêts importants et sensibles. [16]

Partisans de Khâtami à Mashhad
Photo : norooznews.ir

Corrélativement, la chute des recettes pétrolières (qui constituaient à l’époque 85% des recettes d’exportations et 60% des recettes budgétaires) [17] combinée à une mauvaise gestion de l’économie (plus de 80% du PIB dépendait d’un secteur public inefficace) et à la corruption, provoqua une importante crise économique qui obligea l’Etat à renoncer à la maîtrise d’une partie de l’économie. Le secteur informel de l’économie fleurit sous l’œil bienfaisant d’un Etat rentier qui ne parvenait plus à jouer le rôle de redistributeur de la richesse nationale.

L’augmentation du taux d’inflation (22%) appauvrit une majorité de salariés, tandis que le manque d’investissement dans le secteur de production contribua à l’augmentation du chômage des jeunes (dont le taux officiel - loin de refléter la réalité - était de 13%).

Le recours au secteur informel de l’économie qui échappait à l’emprise de l’Etat était, désormais, devenu indispensable tant pour les chômeurs que pour les salariés devenus pluriactifs. Néanmoins, d’une manière générale l’attachement au travail dans le secteur public garantissant la stabilité, la retraite et le statut social, resta dominant. En tout état de cause, le retrait graduel de l’Etat ne fut pas accompagné d’une législation et de la mise en place de mécanismes institutionnels susceptibles de garantir les conditions de développement des sphères de l’autonomie sociale. [18]

L’évolution des classes intellectuelles

Il n’est pas facile de donner une définition exacte de l’intellectualisme et des éléments constituants ce phénomène ; éléments qui sont d’ailleurs assez nombreux. En Iran, selon une définition générale, l’intellectualisme est un processus de pensée qui est en relation et en contact avec les instruments de la science, de la technologie de la civilisation moderne. Il se situe le plus souvent - mais pas toujours - en position de rejet des vieilles structures traditionnelles. Cette définition et cette compréhension sont souvent utilisées par le discours politique en Iran [19]. Selon un autre point de vue, l’intellectualisme serait l’ensemble des efforts intellectuels à la source des pensées sociales, politiques, religieuses… étant à l’origine des réformes et évolutions de la société. Il faut néanmoins préciser que dans une société, l’intellectualisme n’est pas nécessairement basé sur l’élimination ou l’annulation des structures sociales traditionnelles. Dans ce processus, nous pouvons dire qu’un intellectuel a un rôle efficace dans le changement et l’évolution politique de la société.

Les intellectuels "post-islamistes" - ainsi que sont surnommés les intellectuels ayant fait la Révolution islamique ou ceux se réclamant de ses valeurs - se réclament d’une société et de valeurs religieuses [20].

L’intellectualisme en lui-même renferme des éléments très hétéroclites, dont les étudiants. Les membres du corps enseignant des universités sont à ce titre les symboles représentatifs de l’intellectualisme. Favorisé par un accroissement démographique important et le développement de l’accès général à l’éducation, l’Iran a vu une augmentation sans précédent de sa population estudiantine.

Présentation du nombre des étudiants et des intellectuels dans les universités publiques

1978 1986 1996
Etudiants 153 215 167 971 579 070
Corps enseignant 13 953 14 341 40 477
Centre de recherches et d’enseignement 85 192 885

Samuel Huntington écrit : "L’opposition des intellectuels urbains au gouvernement est non seulement la spécification courante des sociétés modernes, mais elle est également la spécification de presque toutes les sociétés en voie de modernisation." [21]

Dans les sociétés en voie de développement, les étudiants constituent en général les forces politiques les plus actives parmi les classes moyennes. Et, dans les systèmes politiques traditionnels, l’université est, en général le noyau principal des procès d’antagonismes contre le régime politique. L’opposition estudiantine au gouvernement est, à son tour, la forme la plus sévère et la plus intransigeante de l’opposition parmi les classes moyennes.

Huntington poursuit : "La plupart du temps, ce genre d’opposition ne s’en prend pas à la source des lacunes matérielles, mais de l’insécurité psychique, de l’aliénation personnelle, et de l’excès de la besogne de l’identité. Ce que la classe moyenne urbaine demande est le prestige national, la croissance nationale, ainsi que le progrès de participation dans la rénovation générale de la société. Ces exigences sont, certes, des objectifs idéalistes et aucun gouvernement n’est en mesure de les réaliser. C’est pour cette raison que l’on ne peut adoucir ces éléments qui appartiennent à la classe moyenne à l’aide des reformes classiques." [22]

Huntington écrit ailleurs : "Les étudiants, plus que les autres, connaissent le nouveau monde et les acquis des nations avancées de l’Occident. Il y a généralement, dans leur mémoire, deux grandes lacunes : la première comprend les principes de nouveauté ou de modernité comme par exemple l’égalité, la justice, la communauté sociale, le bien-être économique et la réalisation de ces objectifs dans leur société ; la deuxième lacune est relative aux situations actuelles des nations développées et celles des pays arriérés." Huntington donne de nombreux exemples des mouvements estudiantins dans la Russie tzariste, en Iran, en Corée du sud, etc.

L’influence de nouvelles valeurs

L’influence de nouvelles valeurs, et connaissances d’une partie de l’électorat dans l’élection de M. Khâtami est une chose très délicate à mesurer en l’absence de tout sondage réellement fiable dans ce domaine. En outre, peu d’études sociologiques sur le comportement des votants en Iran ont été réalisées. Il convient néanmoins de mentionner qu’après la septième élection présidentielle, quelques centres de recherche commencèrent à étudier ce sujet principalement pour chercher à catégoriser les causes de "l’événement" du 23 mai 1997 (le 2/3/1376).

Si nous voulons étudier l’étalonnement des valeurs chez les votants au moment de l’élection de M. Khâtami à la Présidence de la République, nous devons tenir compte des valeurs morales et sociales des gens, du niveau de leurs revenus, de leur milieu social, de leur âge, du niveau de leur éducation, de leurs croyances religieuses de leur tendance politique, etc. Nous nous appuierons essentiellement sur les résultats finaux de sondages d’opinions sur les valeurs telles que les jeunes gens les définissent. Quelles sont, par exemple, les valeurs essentielles pour les personnes ayant fait des études supérieures, pour les femmes des classes moyennes ou défavorisées, etc.?

Le Centre des recherches de l’Assemblée islamique d’Iran a mené une recherche après les élections présidentielles du 23 mai 1997, intitulée "Sondage sur les causes de l’élection de M. Khâtami". Ce sondage a été effectué dans 23 villes et villages, avec un échantillon composé de 3971 personnes. Dans cette recherche, on a dans un premier temps indiqué 143 causes, avant de retenir ce qui semble être les douze raisons les plus importantes de l’élection de M. Khâtami :

Valeurs

Nombre de personnes interrogées

%

1

Milieu familial et social [23]

1849

46.57

2

Promesse aux jeunes

1662

41.86

3

Lib

1530

38.32

4

Propagandes en faveur de M. Khâtami

1382

37.32

5

Promesses générales faites au peuple

1332

33.55

6

Soutiens accordés à M. Khâtami

1281

32.26

7

Education et façon de penser

1165

29.34

8

Votes pour Khâtami pour sanctionner le régime politique

1076

27.10

9

Expérience

903

22.74

10

Influence réciproque des gens

900

22.67

11

Propagandes contre M. Khâtami, qui lui ont permis d’obtenir plus de votes

844

21.67

12

Niveau de culture et des connaissances

710

17.88

(Les pourcentages dépassent largement 100, parce que les personnes interrogées ont choisi, sur le même questionnaire, plusieurs raisons principales.)

Réception des étudiants de l’Université de Téhéran à la suite de l’élection de M. Khâtami
ISNA

Les tendances sociologiques des votants téhéranais montrent les raisons de la victoire de M. Khâtami sur ses trois adversaires.

Candidats

Raisons de vote

Votes pour N

Votes pour R

Votes pour Kh.

Votes pour Z

Total

nombre

%

nombre

%

nombre

%

nombre

%

N

%

1

Changement de la situation actuelle

57

11.6

42

14

780

17.7

14

23

892

17

2

Caractère personnel (religieux, descendant du Prophète, vertus, popularité, sympathie)

97

19.7

58

19.2

686

15.5

9

14.8

850

16.81

3

Connaissance et éducation

31

6.3

24

7.9

562

12.7

4

6.6

621

11.8

4

Plate-forme électorale intéressante

40

8.1

36

1.9

495

11.2

2

3.3

573

10.9

5

Visions intellectuelles sur les arts et la culture

34

6.9

21

7

346

7.8

3

4.9

404

7.7

6

Présentation des pensées nouvelles

28

5.7

26

8.6

314

7.1

3

4.9

371

7

7

Antécédent et expérience d’administration

18

3.7

12

4

319

7.2

2

3.3

315

6.7

8

Connaissance de la situation des jeunes

24

4.9

11

3.7

107

2.4

2

33

144

2.7

9

Promesse d’améliorer les conditions socioéconomiques

9

1.8

15

5

95

2.2

4

6.6

123

2.3

10

Propagandes

34

6.9

12

4

61

1.4

3

4.9

110

2.1

11

Développement du libéralisme social

8

1.6

11

3.7

52

1.2

3

4.9

74

1.4

12

Préférence

2

0.4

0

0

75

1.7

2

3.3

79

1.4

13

Célébrité

6

1.2

1

0.3

44

1

1

1.6

52

1

14

Opposition à M. Nâtegh Nouri

3

0.6

2

0.7

27

0.6

0

0

32

0.6

15

Propagandes contre M. Khâtami

2

0.4

5

1.7

11

0.2

0

0

18

0.3

N = M.Nâtegh Nouri R = M. Reychahri Kh. = M. Khâtami Z = M. Zavârei

Ainsi, des valeurs telles que "le libéralisme et la démocratie" ou "le modernisme" figurent parmi les raisons principales de son élection. L’importance des promesses faites aux jeunes reflète également l’évolution démographique de ces deux dernières décennies. Enfin, le milieu familial a joué un rôle important étant donné que pour de nombreux électeurs, M. Khâtami incarnait le symbole d’un homme de caractère, intellectuel, modéré, lucide, moderne et conscient des problèmes et difficultés de la société iranienne.

Le Djahâd dânechgâhi (Djihad universitaire) a également mené une recherche sur le comportement des électeurs à Téhéran lors de la 7ème élection présidentielle iranienne. Les personnes interrogées ont répondu à 48 questions. Le tableau ci-contre reflète également les tendances et les valeurs sociologiques de la société iranienne après la révolution islamique.


* Cette étude s’inscrit dans la cadre d’une recherche post-doctorale de sociologie politique menée à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) sous la direction de M. Guy Chaussinaud Nogaret.

Notes

[1Bernard Hourcade et Nicolas Schwaller, Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.44.

[2Thierry Coville, "Comment réformer une économie rentière ?", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.93.

[3Hourcade Bernard et Schwaller, Nicolas, "Iran : Entre consensus et Rupture", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.54.

[4Kiân-Thiébaut, Azâdeh, "Un tour d’horizon", Les Cahiers de L’Orient, 2000, p.9.

[5Bernard Hourcade et Nicolas Schwaller, "Iran : Entre consensus et rupture", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No. 60, p.57.

[6Kiân-Thiébaut, Azâdeh, "Entre développement stato-centré et démocratisation politique", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, pp.65-66.

[7Bellemare, Michel, Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.40.

[8Amir-Ebrâhimi, Masserat, "Une Révolution et deux jeunesses", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.120.

[9Résultats du recensement national de 1996.

[10Coville, Thierry, "Comment réformer une économie rentière ?", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, pp.96-97.

[11M. Karroubi est une personnalité religieuse très connue qui exerça cette charge de 1989 à 1992. Il est également membre de l’Association des religieux combattants qui avait à l’époque onze députés.

[12Hourcade, Bernard et Schwaller, Nicolas, Les cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.43.

[13"Mahfel-e nâhamgoun" (Groupe hétérogène), Eqtesâd-e Irân, Vol. I., No.6, juin 1999, pp.21-22.

[14Voir l’article de Siâvash Ghâzi dans ce même numéro.

[15Hourcade, Bernard et Schwaller, Nicolas, "Iran : Entre Consensus et rupture", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.52.

[16Coville, Thierry, "Comment réformer une économie rentière ?", Les Cahiers de l’Orient, 2000, No.60, p.94.

[17Coville, Thierry, "Iran la révolution a vingt ans !", Problèmes économiques, mars 1999, p.21.

[18Kiân-Thiébaut, Azâdeh, Les Cahiers de l’Orient, 2000, No. 60, p.69.

[19Rabiy, Ali, Sociologie des mouvements des valeurs, en persan), Editions Farhang o Andisheh, Téhéran, 2001, p.143.

[20Cf. Farhâd Khosrokhâvar, "Les intellectuels post-islamistes en Iran", Awal, No. 11, 1994 ; "Les intellectuels post-islamistes en Iran", Trimestre du monde, 1er trimestre 1996 ; Valla Vakili, "Debating Religion and Politics in Iran : The Political Thought of Abdolkarim Sorush", Studies Department Occasional Paper, Series No.2, Council on Foreign Relations, New York, 1996. Voir aussi : Khosrokhâvar, Farhâd et Roy, Olivier, Iran : Comment sortir d’une révolution religieuse, Seuil, Paris, 1999, p.79.

[21Huntington, Samuel, Nelson, Joan M., No Easy Choice : Political Participation in Developing Countries, Cambridge : Harvard University Press, 1976.

[22Ibid.

[23M. Khâtami est en effet de fils de l’Ayatollah Khâtami, personnalité religieuse très respectée.


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