N° 35, octobre 2008

La province du Sistân et Baloutchistân


Babak Ershadi


La province du Sistân et Baloutchistân (persan : Sistân-o-Baloutchestân سیستان و بلوچستان) est la deuxième plus grande province d’Iran, avec une superficie de 187 502 km². La province est située par 25° 3’ à 31° 28’ de latitude nord et 58° 47’ à 63° 19’ de longitude est. Elle se trouve au sud-est du pays, à la frontière avec le Pakistan (900 km) et l’Afghanistan (300 km). Le littoral sud de la province du Sistân et Baloutchistân, bordant la mer d’Oman, est long de 270 km. Cette province est située au sud de la province iranienne du Khorâsân du Sud, à l’est des provinces du Kermân et du Hormozgân. La province est composée de deux parties différentes du point de vue géographique et démographique : le Sistân au nord et le Baloutchistân au sud. Le Sistân est une plaine de 8117 km² formée par des terrains alluviaux anciens et récents de la rivière de Hirmand. Le Baloutchistân est un vaste massif montagneux, avec une superficie de 179 385 km² qui se situe entre le grand désert du Dasht-e Lût, terre aride de sable et de rocailles au nord, et le littoral de la mer d’Oman au sud. La situation géographique de la province du Sistân et Baloutchistân, qui a des frontières terrestres avec deux pays voisins (Pakistan et Afghanistan) et des frontières maritimes le long de la mer d’Oman, lui donne une importance toute particulière, accentuée par la diversité ethnique, linguistique, culturelle et religieuse de la population locale. Selon les dernières divisions administratives de l’Iran, en 1996, la province du Sistân et Baloutchistân est composée de 7 départements, 29 communes et 6038 villages. Les départements de la province sont : Irânshahr, Châbahâr, Khâsh, Zâbol, Zâhedân, Sarâvân et Nikshahr.

Forteresse d’Irandegân, Khâsh
Photos : chht-sb.ir

Situation géographique et climat

Dans la géologie du plateau iranien, les régions de l’est du pays sont considérées comme un ensemble indépendant du reste du plateau, formé par les mouvements orogéniques [1] vers la fin de l’ère tertiaire. [2] Selon les études géologiques, la région du sud de la province du Sistân et Baloutchistân (Mokrân) est caractérisée par un phénomène géologique majeur : l’affaissement du sol sous le poids des couches sédimentaires très épaisses de l’ère tertiaire dont l’épaisseur est parfois supérieure à un kilomètre. Par conséquent, la plaque de l’Océan indien s’enfonce sous la plaine de Mokrân, ce qui explique l’existence de nombreuses sources d’eau minérale dans la région. Les reliefs de la province du Sistân et Baloutchistân ont été formés pendant l’ère secondaire et l’ère tertiaire par le plissement des couches de gypse et de pierre calcaire. Selon les experts, certaines montagnes de la province du Sistân et Baloutchistân (dont le volcan de Taftân) sont apparues vers la fin de l’ère tertiaire et au début de l’ère quaternaire.

Les reliefs de la province du Sistân et Baloutchistân sont dispersés de façon hétérogène.

Les chaînes de montagnes sont plus larges dans le sud de la province notamment entre les deux villes d’Irânshahr et de Kohak. La province du Sistân et Baloutchistân est sujette à des vents saisonniers de directions variées dont le plus important est le vent de l’Océan Indien, et les moussons (vent tropical régulier) qui apportent de profondes modifications au climat de la région. En général, la province a un climat chaud, plus humide au sud et plus aride vers le nord. La saison chaude est longue tandis qu’en hiver, la température baisse rarement à 0° C. La végétation pousse régulièrement pendant toute l’année, ce qui favorise les activités agricoles régulières dans certaines parties de la province.

Région de Bahou Kalât, Tchâbahâr

Dans toutes les villes importantes de la province du Sistân et Baloutchistân, la température peut monter à 40° C pendant l’été. Au mois de juin, le mercure peut monter jusqu’à 50° C. Par contre, en hiver, la plupart des régions de la province ont un climat tempéré, et la température minimum est en moyenne autour de 12° C. les régionales littorales du sud de la province ont une humidité importante. Cette humidité est accentuée par la chaleur et les vents saisonniers qui augmente l’évaporation spontanée des eaux jusqu’à un taux moyen de 4 mm par jour.

Les précipitations sont plus abondantes pendant les mois d’hiver. En revanche, pendant les sept mois de la saison chaude, il ne pleut presque jamais. Les régions de l’ouest de la province sont en général plus pluvieuses que les régions de l’est. Le taux de pluviosité annuel est en moyenne de près de 70 mm, et les précipitations atmosphériques sont, en général, très irrégulières. Les départements de Khâsh et de Zâhedân ont une pluviosité plus importante avec un taux annuel moyen de 120 mm, tandis qu’il pleut beaucoup moins dans le département de Zâbol où le régime pluvial baisse jusqu’à 51 mm par an. Dans les zones littorales du sud de la province du Sistân et Baloutchistân, le taux d’humidité monte jusqu’à 70% ou 80% au mois de janvier ; mais pendant l’été, il diminue perceptiblement. Les côtes de l’ouest du Baloutchistân, plus proche de l’Océan Indien, sont pourtant plus humides.

Broderie baloutche (persan : sûzandûzi)

Artisanat

La population de la province du Sistân et Baloutchistân se divise en deux parties en fonction du mode de vie des habitants sédentaires ou nomades. Ces derniers sont en général des tribus baloutches dont la vie est faite de déplacements continuels. La population baloutche sédentaire vit de l’agriculture, tandis que les Baloutches nomades sont des éleveurs. Pendant ces dernières années, la sécheresse a porté malheureusement de grands préjudices aux activités agricoles et d’élevage de la population baloutche de la province.

Dans la province du Sistân et Baloutchistân, se sont les femmes qui s’occupent des activités artisanales, car dans la vie modeste qu’elles mènent elles n’ont pas, en fait, beaucoup d’activités ménagères. Par ailleurs, les croyances et les traditions de la société baloutche ne permettent aux femmes d’avoir des activités sociales et professionnelles en dehors du foyer familial. Les filles baloutches apprennent les arts artisanaux dès l’âge de sept ans. Elles complètent ainsi les revenus familiaux, dans une société où les métiers manuels plus durs tels que la poterie, le tissage de tapis, etc. ne sont pas pratiqués par les hommes, mais toujours par les femmes.

Tapis : Le tissage de tapis dans la région remonte à l’époque des Sakas qui vivaient, il y a deux mille ans dans la plaine du Sistân. [3] Les Sakas étaient des nomades sédentarisés qui étaient à la fois agriculteurs et éleveurs, et connaissaient parfaitement l’art de tissage du tapis. En effet, le tapis le plus ancien du monde, découvert lors des fouilles archéologiques en Sibérie, a été tissé par les Sakas. Pendant la période islamique, la région du Sistân était célèbre pour ses tapis en soie et en laine. Les motifs des tapis du Sistân ressemblent beaucoup à ceux des tisseurs turkmènes. En outre, les tapis baloutches avec des motifs originaux sont très demandés dans les régions voisines comme Kermân, Khorasan et Mazandéran. Autrefois, les tisseurs du Sistân utilisaient des métiers horizontaux propres aux populations nomades, mais au fur et à mesure, ils les ont remplacés par des métiers verticaux comme dans la plupart des grandes villes iraniennes.

Poteries de Kolpûrgân

Kilim : Les habitants des deux régions du nord (Sistân) et du sud (Baloutchistân) de la province produisent également le kilim (une sorte de tapis tissé). Il s’agit d’une activité féminine dans les milieux nomades. La laine est la matière première principale du kilim tissé par des méthodes traditionnelles, dépourvu de tout plan établi d’avance. Les couleurs des fils utilisés sont souvent foncées : noir, pourpre ou rouge foncé sur un fond blanc ou jaune.

Broderie baloutche : La broderie est l’art artisanal le plus célèbre et le plus original des femmes baloutches. La broderie baloutche (persan : sûzandûzi سوزن دوزی) est un art très fin dont les origines ne sont pas connues, mais elle constitue l’art de presque toutes les jeunes filles et des femmes baloutches. Cette broderie très riche en couleurs et en motifs originaux est peut-être le seul luxe de la vie des habitants du Baloutchistân. Les motifs sont empruntés souvent à la nature (fleurs et formes végétales), représentés de façon très originale. La robe traditionnelle des Baloutches (hommes et femmes) porte toujours de la broderie faite verticalement du haut en bas et sur les poches.

Khâmédûzi : C’est un art très proche de la broderie baloutche, très répandu dans les milieux ruraux du Sistân. Ces broderies sont monochromes, uniquement en fil blanc. Les robes des personnes âgées portent souvent des khâmédûzi au lieu des broderies en couleurs. Siâhdûzi ("broderie en noir" سیاه دوزی) est une variante de cet art lequel utilise uniquement des fils de soie noirs. Contrairement à la broderie baloutche, ces produits sont de consommation locale dans la région du Sistân.

Poterie : Le village de Kolpûrgân, situé à 30 km de Saravan, est le centre principal de la poterie du Baloutchistân. La poterie est une activité féminine et les hommes n’y interviennent que pour transférer la terre jusqu’aux ateliers entretenus entièrement par des femmes. Les poteries de Kolpûrgân ne sont ni émaillées ni vitrifiées, et elles sont ornées seulement par de simples motifs géométriques en noir.

Notes

[1Mouvements de l’écorce terrestre, en particulier ceux qui ont donné naissance aux montagnes.

[2En géologie, troisième division du temps géologique incluse dans le Cénozoïque et ayant duré de 65 à 2,5 millions d’années.

[3De même, le nom de "Sistân" vient du vieux persan "Sakastân" et signifie "Terre des Sakas".


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