N° 42, mai 2009

Importance de la philosophie comparée pour l’ensemble de la pensée philosophique


Amélie Neuve-Eglise


A l’occasion du prix du livre iranien de l’année dans le domaine de la philosophie occidentale décerné à l’ouvrage Etude des principes de la philosophie critique, premier tome d’une série intitulée Etude critique et comparative de la philosophie spéculative de Kant [1] du Docteur Hossein Ghaffâri [2]

La philosophie comparée est non seulement possible, mais elle est également essentielle à l’enrichissement de l’ensemble de la pensée philosophique dans son insatiable quête de l’être : ainsi pourrait-on résumer le message central de l’ouvrage du Docteur Ghaffâri. En analysant de manière critique et philosophique l’un des problèmes principaux de la philosophie kantienne, il souligne que quelques siècles auparavant, des philosophes iraniens comme Avicenne ou Khâdjeh Nassiroddin Toussi ont formulé la même question en y trouvant alliant à la fois originalité et haute précision philosophique. Cet ouvrage révèle donc la présence d’un questionnement commun sur un problème philosophique précis au-delà des différentes époques historiques, et par la même la possibilité de l’établissement d’une philosophie comparée et d’un dialogue entre les systèmes de pensée issus de traditions différentes. Le texte ci-après s’inspire des points principaux évoqués par le Docteur Ghaffâri lors de la présentation de l’ouvrage à l’Institut Iranien de Philosophie le 19 février 2009, ainsi que d’une analyse concise du contenu du livre en lui-même.

Emmanuel Kant

En Occident, de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie d’Emmanuel Kant (1724-1804) ont été publiés ; il s’agit tantôt de manuels descriptifs destinés aux étudiants et à un large public, tantôt de recensions critiques traitant d’un aspect particulier de la pensée de ce philosophe. De façon générale, le nombre de commentaires critiques exhaustifs sur l’ensemble du système philosophique kantien est demeurée très limité jusqu’à nos jours : celui de Hans Vaihinger en langue allemande demeure sans doute le plus complet, tandis que l’un des traducteurs et commentateurs le plus important et complet en langue anglaise demeure Norman Kemp Smith [3], qui a également inspiré Vaihinger.

Trente ans après la Révolution islamique, de nombreuses traductions d’ouvrages de philosophie occidentale ont été réalisées en persan. Les efforts des professeurs et étudiants doivent être d’autant plus salués que la traduction d’ouvrages occidentaux dans le domaine de la philosophie n’a fait l’objet d’aucune politique gouvernementale organisée et de soutien étatique particulier. Cependant, le manque de moyens et le souhait de rendre accessibles un nombre sans cesse plus important d’ouvrages philosophiques occidentaux à un public iranien a parfois donné lieu à la publication de traductions imprécises comportant des erreurs et imprécisions conséquentes, favorisant ainsi de nombreuses incompréhensions. [4]

En outre, au-delà de cet effort de traduction, l’Iran n’a pas encore réussi à formuler une véritable pensée critique de certains systèmes philosophiques occidentaux, ceci alors que la pensée de grands philosophes iraniens tels qu’Avicenne, Sohrawardi ou Mollâ Sadrâ, outre leur richesse indéniable, a apporté des réponses à la fois originales et d’une grande précision philosophique à certains problèmes posés par les philosophes occidentaux qui gagneraient à être davantage connu non seulement en Occident, mais également par les Iraniens eux-mêmes, parfois oublieux de la richesse des ressources de la pensée philosophique irano-islamique. [5]

L’horizon de la philosophie comparée

Comme l’a rappelé le Docteur Ghaffâri, un problème philosophique ne peut en aucun cas être considéré comme "résolu" par tel ou tel philosophe ou, au contraire, "insoluble", comme c’est le cas de l’avis consistant à croire que Kant a définitivement mis un terme à toute possibilité de fonder une métaphysique sur des bases strictement rationnelles et philosophiques. Ce genre de position dogmatique s’inscrit à contrepied même de la philosophie qui est avant tout une recherche concernant le problème de l’être en tant qu’être, et qui n’a de limites que celles que lui attribuent notre pensée. La recherche philosophique doit donc, à l’image de la dimension infiniment complexe de la réalité, s’inscrire dans une démarche toujours ouverte, et ne jamais conclure à l’impossibilité de franchir certains seuils auxquels elle se ferme parfois l’accès elle-même en se fondant sur tel ou tel autre présupposé.

A ce titre, la comparaison de systèmes philosophiques, notamment occidentaux et islamiques, peut permettre de découvrir d’autres horizons de pensée et de trouver de nouvelles solutions à des problèmes irrésolus. Les systèmes comparés ne doivent pas être nécessairement formulé à une même époque historique, étant donné que le questionnement philosophique se situe au-delà des cadres de l’évolution historique.

Un questionnement commun dans la tradition philosophique occidentale et islamique

Ainsi, comme l’a rappelé le docteur Ghaffâri, une étude approfondie des bases de certains systèmes philosophiques islamiques et occidentaux révèle la présence de questionnements similaires et des problèmes communs insoupçonnés ; cependant, l’absence d’un langage commun et d’une connaissance approfondies de ces deux traditions les empêchent souvent de "dialoguer". Une telle situation pourrait être comparée à deux personnes disant la même phrase mais chacun dans une langue différente ; un observateur extérieur en concluant ainsi que ce que dit la première n’a rien à voir avec la seconde étant donné qu’il ne s’attache qu’à l’aspect extérieur des mots, et non de leur sens propre qui est unique. Néanmoins, l’un des problèmes essentiel touchant la philosophie islamique est un manque de connaissances précises à son sujet – tant en Occident qu’en Orient-, ainsi que des cadres particuliers et du contexte de son expression qui, au premier abord, se prêtent difficilement à des recherches comparées. [6] C’est la raison pour laquelle il faut d’abord s’efforcer d’en extraire les questionnements et les problèmes partagés avec la philosophie occidentale, pour ensuite permettre de comparer les différentes réponses apportées par ces deux traditions.

Il faut également rappeler que les philosophies islamique et occidentale n’en ont pas moins des racines communes et qu’elles ont toutes deux été profondément influencées par l’ensemble de la pensée grecque et de la tradition hellénistique. [7]

Le débat authenticité des quiddités/ authenticité de l’existence

L’une des tâches essentielles consiste également à dégager les principes de base communs à différents systèmes philosophiques, ainsi qu’à déceler les éventuels présupposés sur lesquels se fondent certaines pensées : par exemple, conçoit-on dès le départ la possibilité de l’existence de réalités au-delà de la sphère matérielle et des concepts quidditatifs (mafâhim-e mâhovi) ?

Miniature persane, l’enseignement, époque inconnue

Kant est un exemple particulièrement saillant d’un système philosophique basé sur l’authenticité des quiddités (esâlat-e mâhiat), au sens où ce qui est considéré en premier lieu et véritablement « existant » sont les choses concrètes et matérielles perçues par les sens dans le monde extérieur : telle table, ou tel livre. La question du statut ontologique de ces objets et de la possibilité d’accéder à leur connaissance a donné naissance à des systèmes philosophiques très différents oscillant de l’empirisme à l’idéalisme le plus absolu ; cependant, de façon générale, la pensée philosophique occidentale s’est déployée dans un horizon marqué par l’importance de la notion de quiddité qui fut portée à son sommet par le système philosophique kantien.

Dans le monde islamique et notamment avec Mollâ Sadrâ (1571-1640), la philosophie s’est ouverte à d’autres horizons au travers de la formulation du problème de l’authenticité des quiddités ou de l’existence (esâlat-e mâhiat/ esâlat-e wujûd) : est-ce réellement la table qui existe comme telle en tant qu’objet particulier (sa quiddité), ou n’est-ce pas plutôt l’existence de cette même table qui constitue le fondement de la réalité, et de laquelle nous déduisons par la suite, en examinant ses caractéristiques les plus saillantes, que cette existence est ou apparaît sous la forme de cet objet en bois déterminé que nous nommons par la suite "table". Si nous acceptons cette seconde option, les objets du monde extérieur ne sont que les divers modes d’apparition d’une réalité unique à des degrés différents. Cependant, étant donné que notre intellect ne peut connaître une chose qu’en en dégageant les spécificités et les traits particuliers, il en vient peu à peu à la conclusion que ce qui existe réellement sont ces différentes apparitions elles-mêmes, et que rien d’autre ne les sous-tend.

Loin d’être une simple querelle de mots, la réponse que l’on donne à ce problème a des conséquences essentielles dans le domaine de l’ontologie ainsi que de l’épistémologie. Il en va ainsi de la nature même du monde : n’est-il qu’une multitude de réalités fragmentaires et éparses – les quiddités – irrémédiablement et par essence distinctes les unes des autres, et donc nous ne sommes que l’un des « objets » conscients de cet irrémédiable fossé nous séparant de chaque chose ; ou au contraire, n’est-il pas plutôt une réalité unique se manifestant à des degrés différents, les mots « homme », « arbre » ou « pierre » n’étant en fait que les degrés différents d’apparition d’une même réalité, celle de l’existence ? Les possibilités de la connaissance et la place de l’homme dans le monde se verra, selon que l’on choisisse l’un ou l’autre système, radicalement transformée. Alors que l’horizon de pensée de la philosophie islamique depuis le XVIIe siècle est fondé sur l’authenticité de l’existence, l’ensemble de la philosophie de Kant est basée sur la primauté des quiddités, à partir de laquelle ont été élaborées les catégories kantiennes. Cette position a abouti à éluder presque totalement du problème de l’ « être en tant qu’être », attitude qui fut dénoncée avec force par Heidegger quelques siècles plus tard.

Tandis que dans la philosophie kantienne, les catégories sont censées embrasser l’ensemble de la réalité, ces dernières, ne sont pour la philosophie islamique que l’aspect le plus visible ou "sensible" de celle-ci correspondant aux « intelligibles premiers » (ma’qûlât-e avvalie). L’un des problèmes essentiels communs aux philosophies occidentale et islamique est la question de déterminer si ce que cette dernière a appelé les « intelligibles seconds philosophiques » (ma’qûlât-e thânie-ye falsafi), faisant référence à des concepts n’ayant pas d’extension (misdâq) sous forme d’individus déterminés (fard) dans le monde sensible - telles que les notions de causalité, de nécessité, d’unité ou d’existence -, font référence à un aspect vrai et réel du monde ou ne sont que des constructions de l’esprit. En effet, dans le monde extérieur, nous ne sommes jamais en présence de l’ « unité » mais de « choses uniques », ou encore nous voyons des « choses existantes » mais non « l’existence en soi ». Cette question a suscité un grand nombre d’écrits et de thèses diverses depuis de nombreux siècles, certains en concluant que, étant donné que l’on ne pouvait toucher la « causalité » ou l’ « unité », ces intelligibles seconds n’étaient que de purs concepts ne renvoyant à aucune réalité concrète hors de l’esprit. La philosophie islamique a à son tour apporté une réponse à la fois distincte et originale à cette question au travers de la philosophie de Mollâ Sadrâ et en s’appuyant sur le principe de l’authenticité de l’existence ; réponse dont la richesse et les implications ne cessent encore d’être découvertes par les professeurs et étudiants de philosophie iraniens jusqu’à aujourd’hui, et pourraient servir de base à un dialogue fécond sur cette question qui a été posée par de nombreux philosophes occidentaux, de Platon à Saint Thomas, et de Hume à Heidegger.

Livre de la guérison (Shifâ’) d’Avicene, traduit en latin

Dans le domaine de l’épistémologie, l’une des questions essentielles dont il est question dans l’ouvrage Etude des principes de la philosophie critique est celle des propositions synthétiques [8] à priori [9], qui constitue l’un des problèmes essentiels de la philosophie critique kantienne en ce sens où si la possibilité d’existence de telles propositions n’est pas prouvée, la possibilité même d’acquérir une connaissance scientifique certaine du monde extérieur et de ce qui dépasse le monde physique est remise en cause. [10] Analyser les détails techniques d’un tel problème est bien évidemment hors de la portée de cet article ; cependant, il est intéressant de souligner que des philosophes iraniens tels qu’Avicenne (980-1037) et Khâdjeh Nassiroddin Toussi (1201-1274) se sont posés la même question quelques siècles avant Kant. Si les expressions sont différentes – Kant parle de propositions « analytiques » et « synthétiques », alors que la philosophie islamique évoque une « prédication première et essentielle » (haml-e avvali zhâti) et une « prédication technique répandue » (haml-e shâye’ sanâ’i), le sens est le même, de même que le problème exprimé à travers elles : comment affirmer qu’un lien de nécessité [11] unit le sujet et le prédicat d’une proposition, bien qu’ils soient deux concepts différents et n’aient pas de relation essentielle l’un par rapport à l’autre ? Le problème a été posé et résolu par Avicenne dans son ouvrage Al-Ishârât wa-l-Tanbihât [12], par la formulation de la notion d’accident essentiel (’arad-e zhâti) qui permet à la fois de formuler des propositions synthétiques où le prédicat ne fait pas partie de l’essence du sujet, donc utiles à la science, tout en garantissant une relation de nécessité entre les deux termes de la proposition.

Cet exemple révèle ainsi concrètement la présence d’interrogations communes, et montre également que la philosophie islamique peut offrir une nouvelle vision et renouveler l’approche de certains problèmes posés par la philosophie de Kant en particulier et par la philosophie occidentale en général. La tâche essentielle n’en consiste pas moins tout d’abord, comme nous l’avons évoqué, à dépasser la pluralité des expressions pour dégager l’unité de sens de différentes pensées, à partir de laquelle pourra s’établir un véritable dialogue entre les philosophies. C’est dans ce sillage que s’inscrit l’ouvrage du Docteur Hossein Ghaffâri, qui permettra, nous l’espérons, l’ouverture de nouveaux horizons en philosophie comparée et dans la pensée philosophique globale sur la question de l’être et la possibilité de la connaissance rationnelle de l’ensemble de ses aspects. Cette démarche vise également à rappeler que la mission première de la philosophie est de rester sans cesse ouverte à la complexité du monde et à l’ensemble de ces dimensions, en ne la réduisant pas automatiquement à son simple aspect matériel. Enfin, ce genre de démarche est essentielle en ce qu’elle contribue également à l’émergence d’une certaine conception de l’homme, du simple "animal rationnel" s’efforçant de se rendre sans cesse davantage maître de la nature, au "Connais-toi toi-même" de Socrate ouvrant des horizons existentiels et épistémologiques illimités, au-delà des frontières spatio-temporelles définies par la matière.

Notes

[1Référence originale de l’ouvrage :

حسین غفاری، بررسی انتقادی و تطبیقی فلسفه نظری کانت، بخش نخست : بررسی مبادی فلسفه نقادی و بحث در ماهیت و امکان قضایای ترکیبی پیشینی، انتشارات حکمت، 1386

[2Professeur et directeur du département de philosophie de l’Université de Téhéran.

[3Outre ses talents indéniables de traducteur, Kemp Smith a également révélé certaines incohérences et contradictions dans les principes et postulats sur lesquels se base la pensée de Kant, et plus particulièrement dans la Critique de la raison pure.

[4A titre d’exemple, de nombreuses traductions d’ouvrages philosophiques allemands ou français sont réalisées à partir de leur traduction anglaise, parfois par des non spécialistes, donnant ainsi lieu à de nombreuses erreurs de compréhension et de traduction. En outre, loin de vouloir réduire la richesse d’une pensée à son contexte historique et sociologique, les conditions socio-politiques d’émergence des différents systèmes de pensée philosophique occidentaux n’ont également pas suffisamment été replacé dans leur contexte, et les œuvres de grands penseurs sont parfois lus et étudiés totalement hors du cadre de débat ayant donné lieu à leur émergence, nuisant à une bonne compréhension de certains problèmes.

[5Lorsque nous parlons de philosophie « islamique », il ne s’agit en aucun cas d’une pensée dont le but serait de justifier rationnellement le contenu du Coran ou de se mouvoir dans le cadre prédéfini de la pensée religieuse de l’islam. Bien au contraire, la philosophie islamique ne se base que sur des principes rationnels et évidents fondés sur la raison, et ne recoure qu’à un type d’argumentation logique et rationnelle. Elle ne définit donc pas des conclusions à priori mais se sert uniquement des instruments lui étant fournis par la logique et la raison. A ce titre, elle est une philosophie à part entière. Cependant, aucune pensée n’est formulée dans un vide existentiel, et chaque philosophe est, d’une façon ou d’une autre, influencé par les conditions historiques, sociologiques, religieuses, économiques... du milieu dans lequel il naît et qui influent sur la formulation de certains aspects de son questionnement (ce que l’on pourrait appeler la « matière » de sa philosophie ou son « fond »), mais en aucun cas sur le caractère purement rationnel des réponses (la « forme » logique selon laquelle s’exprime sa pensée). Une philosophie est donc qualifiée d’« islamique » en ce que ses penseurs sont nés dans un milieu où l’islam était la religion majoritaire, ce qui a abouti à la formulation de questions spécifiques « inspirées » soit par la situation extérieure, soit par le contenu même du livre religieux. La « matière » d’une pensée philosophique peut donc être influencée entre autre par la religion (comme ce fut également le cas de l’ensemble des philosophes scolastiques), tandis que la « forme » reste celle de l’argumentation rationnelle. C’est cette « forme » commune à l’ensemble des systèmes philosophiques qui rend possible l’établissement d’un véritable dialogue.

[6A titre d’exemple, deux systèmes philosophiques pourront employer des concepts et expressions totalement différents pour faire référence à un même problème. C’est ce même questionnement et cette unité de sens sous l’apparente multiplicité des formulations que doit d’abord s’efforcer de dégager le chercheur en philosophie comparée.

[7C’est d’ailleurs grâce à la traduction des œuvres grecques, notamment d’Aristote, par certains penseurs musulmans qui a permis aux philosophes de l’Europe du Moyen Age d’avoir accès à certaines œuvres philosophiques essentielles de la pensée grecque. Voir notamment les ouvrages d’Alain de Libera : Averroès et l’averroïsme (1991) et La philosophie médiévale (1993).

[8Une proposition synthétique est une proposition dans laquelle le prédicat (par exemple « écrivain » ne fait pas partie de l’essence du sujet (homme) : ainsi, l’homme n’est pas écrivain par essence, mais seulement par accident, car dans le cas contraire, toutes les personnes « non-écrivains » seraient exclues de l’humanité. L’attribution d’ « écrivain » à « homme » nécessite donc un intermédiaire, comme le fait de savoir écrire, d’avoir des mains en état de fonctionnement... A l’inverse, dans les propositions analytiques, le prédicat (animal) fait partie de l’essence du sujet (homme). Cependant, les propositions analytiques ne permettent pas l’expression de nouvelles significations et ne font qu’exprimer un sens qui est à l’état latent dans l’essence même du sujet. Ainsi, en examinant le concept d’homme, sans nul besoin d’intermédiaires extérieurs, nous pouvons comprendre que l’un de ses attributs essentiels est l’animalité, et l’autre la pensée. La proposition analytique ne permet donc pas l’acquisition de nouvelles connaissances et n’est donc pas considérée comme utile à la science.

[9C’est-à-dire les propositions formulées avant toute expérience sensible.

[10La science est en effet caractérisée par la notion de nécessité liant un prédicat à son sujet, dans le sens ou dans une proposition scientifique qui doit pouvoir s’appliquer en tout temps et lieu, B est nécessairement A. Il s’agit ici d’une nécessité logique, qui s’applique à la fois au monde extérieur et à celui de l’intellect.

[11Ce que la philosophie islamique appelle « darûrat-e manteqi ».

[12Cet ouvrage a été traduit en français par Anne-Marie Goichon et publié sous le titre Livre des directives et remarques en 1951 chez Vrin.


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