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Kermân, centre de l’Iran, à la limite du Baloutchistan voisin, entre Yazd au Nord, et Bam puis Zâhedân au sud. Par où commencer ? En deux jours, la ville a montré deux visages tellement différents.
Pile.
Hier. Il fait beau, le soleil frappe les maisons en terre très basses, de plein-pied, rarement à étage. Pile. Le paysage autour du train qui arrive de Téhéran au petit matin est tricolore. Premier plan, le sol aride et rouge ; deuxième plan, un voile brumeux qui se soulève avec les premiers rayons ; troisième plan, les montagnes au loin qui semblent avoir surgi hier, fracassant l’immensité de la plaine avec leurs falaises abruptes.
Pile toujours. Des odeurs nouvelles embaument le bazar. Nouvelles ? Pas tout à fait à vrai dire. Des odeurs du Pakistan, senties il y a presque un an. Dans les allées, les shalwar kemiss frôlent les tchadors, plus nombreux ici que dans le nord. Le Baloutchistan n’est pas loin.
Face.
Aujourd’hui. Il neige, le ciel gris ne se trouera pas de la journée. La ville est grise. Elle dort entre 13 et 16h, habitude des étés brûlants qui parait bien anachronique aujourd’hui. Dans la chambre chauffée par un poêle à pétrole, la nuit a été froide. Réveil difficile jusqu’à l’entrée dans la brume du Hammâm-e Ebrâhim khân. Pluri-centenaire, l’endroit tourne toujours, plus ou moins rempli selon les jours. Presque au milieu du bazar, il faut prendre une allée, puis une autre, descendre un escalier, passer une petite porte... et là, on découvre une grande salle d’accueil. Vide. Seul le propriétaire est là, seul mouvement dans ce lieu incroyablement calme et silencieux. Nouveau couloir, quelques portes et voila le hammam. Un réservoir d’eau le chauffe. C est parti pour une douche dans les règles de l’art, allongé sur la pierre chaude, éclairé par un puits de lumière. 30 minutes, peut-être une heure, et on repart. Un autre couloir, sortie par le toit.
Face. Il fait moins froid. La ville se couche pour la sieste.