N° 61, décembre 2010

Les Iraniens aux Emirats Arabes Unis : activités culturelles et artistiques


Alice Bombardier


Dans le monde actuel, la culture suscite un vif intérêt, tant en raison de sa capacité à améliorer la qualité de la vie que de son aptitude à participer au développement local. Les premiers travaux sur l’économie et la ville créative ont été conduits à partir des années 1960. Ce sont deux chercheurs de l’Université de Princeton, William Baumol et William Bowen, qui ont initié une véritable approche économique de la culture en publiant, en 1966, des travaux mettant en avant la « maladie des coûts » (cost disease) [1] dont serait affligé le spectacle vivant. Les auteurs concluent au besoin de financements externes (mécénat, investissements communicationnels…) prélevés auprès des secteurs "modernes". Les travaux menés ont permis de définir la spécificité des activités créatrices, situées entre industrie et service, et impliquées dans la production de droits de propriété. [2]
Pour désigner l’importance du capital culturel et créatif de ces activités dans la compétition mondiale, les expressions "économie cognitive", "économie de la connaissance", voire "économie immatérielle" sont aujourd’hui employées indistinctement. Traditionnellement, le rôle alloué à la culture dans la ville se traduisait par la promotion des arts. Aujourd’hui, de nombreuses autorités publiques considèrent la question de la ville créative comme une priorité politique car elles y voient un nouveau sentier de croissance. L’exemple de Londres est, à ce titre, instructif : les activités créatrices y représentent le troisième secteur d’activité par ordre d’importance. Elles sont ainsi devenues un pilier de l’économie et sont caractérisées par une forte croissance. Contrairement à d’autres secteurs en temps de crise, elles continuent à croître et à déboucher sur des exportations significatives. [3] De nombreux artistes habitent Londres mais vendent leurs œuvres ailleurs, participant ainsi à l’élargissement de la base économique régionale.

Entrée du Centre Financier International de Dubaï (DIFC), photo : Alice Bombardier, avril 2009

Aux Emirats Arabes Unis (EAU), des initiatives culturelles, notamment la création de musées ou le lancement de fouilles archéologiques, ont accompagné, dès les années 1970, le développement économique des sept émirats [4]- développement accéléré, puisque le premier édifice bétonné date de 1956 à Dubaï. Cependant, depuis la décennie 2000, l’attention portée à la culture et aux activités créatives s’est fortement accrue. Les EAU, notamment Abu Dhabi, Dubaï et Sharjah, tentent de "culturaliser" leur économie, et de se trouver chacun une spécificité culturelle, considérant la culture comme la manne économique de demain. Conscientes de cet enjeu, les familles régnantes de la région se livrent une concurrence sans merci dans ce domaine. L’émulation existant entre la famille Al-Maktum de Dubaï et la famille Al-Nahyan d’Abu Dhabi est ancienne et pousse les deux émirats à se damner parfois le pion. Cette concurrence permet, pour l’instant, l’éclosion de projets et d’évènements culturels pionniers.

Lors d’une enquête de terrain menée en avril 2009, j’ai tenté de cerner dans quelle mesure la culture et l’art contemporain étaient en passe d’émerger au cœur de l’économie des deux émirats fer-de-lance, Abu Dhabi et Dubaï. Au sein des sphères privées et commerciales de Dubaï et Abu Dhabi, je me suis intéressée à la montée en puissance des pratiques de mécénat, aux nombreuses créations de centres culturels et de galeries d’art privées, au dynamisme des acteurs artistiques (artistes, galeristes et acheteurs), locaux ou internationaux mais surtout Iraniens. Il m’importe ici d’identifier concrètement l’émergence de cette tonalité culturelle nouvelle dans le développement des EAU, de mettre en évidence son lien avec l’économie et avec les revendications identitaires locales ou régionales, surtout arabes et iraniennes.

Les institutions publiques, fédérales ou érigées à l’échelle de chaque émirat, demeurent en retrait par rapport à l’effervescence des échanges privés. En effet, à l’échelon fédéral, le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et du Développement communautaire, dirigé en 2009 par Abdul-Rahmân Mohammad Al-Owais à Abu Dhabi, est, selon les dires d’un journaliste palestino-australien travaillant à Abu Dhabi, « quasi-inopérant », même si celui-ci ajoute qu’avec la crise économique mondiale, cela peut changer. Je citerai à l’échelon des pays, mis en place par chaque émirat, l’Autorité pour l’Art et la Culture à Dubaï (DACA) [5] et l’Autorité pour la Culture et l’Héritage à Abu Dhabi (ADACH) [6]. Ces deux institutions ont surtout un rôle de supervision. Toutefois, l’ADACH à Abu Dhabi impulse également des évènements culturels d’envergure, répartis dans le temps et dans l’espace, car organisés tout au long de l’année dans l’ensemble de l’émirat, aussi bien à Abu Dhabi qu’à Al-Aïn.

Tour angulaire d’un Fort d’Al-Aïn (abritant anciennement la famille régnante). Photo : Alice Bombardier, avril 2009.

Emirats Arabes Unis : un rapport spécifique à l’art et à la culture par rapport à d’autres pays du Moyen-Orient (Iran, Irak, Liban)

Aux EAU, jusqu’aux années 2000, ce sont surtout d’importantes études archéologiques qui ont occupé le devant de la scène culturelle. De nombreux rapports ont mis en valeur les découvertes de taille enregistrées entre autres sur les sites d’Hatta, Al-Qusais, Jumeira et Al-Sufouh à Dubaï, des tombes Hafit de l’âge de pierre (5000 ans av. J.C.), et des sites d’Hili, Rumailah, et Bad Bint Saud datant de l’âge du fer (600-1000 av. J.C.) près d’Al-Aïn dans l’émirat d’Abu Dhabi. La plupart des musées de la région - le Musée de Ras Al-Khaimah, le Musée d’Al-Aïn, le Musée archéologique de Sharjah et le Musée de Dubaï, qui s’enorgueillit de ses vestiges - ont d’ailleurs pour fonction première d’abriter les résultats des fouilles menées ces trente dernières années par des équipes danoises et françaises. Avant de se focaliser sur l’art contemporain, les EAU ont donc eu le souci de leur histoire, s’arrimant aux vestiges de leur passé.

Ces recherches archéologiques ont été parfois accompagnées d’une politique de patrimonialisation, notamment à Sharjah. L’attention portée par l’émirat de Sharjah à son patrimoine peut s’expliquer en partie par le traumatisme qu’a causé, en 1969, la quasi-destruction du Fort Al-Hosn. Construit en 1820 par Sultan Ibn Saqr - le premier des Sheikhs Al-Qawasim [7] à avoir instauré Sharjah comme sa capitale - ce fort avait été, jusque dans les années 1960, le centre politique de l’émirat. En 1969, lors de projets de réaménagements urbains, il a été presque complètement démoli. Mais Sultan bin Mohammad Al-Qasimi, par la suite devenu émir (en 1972), est intervenu à temps pour sauvegarder deux murs d’enceinte et une tour de 12 mètres de haut. L’ensemble du fort a été reconstruit à l’identique en 1996 et convertit en musée. Sharjah a été le premier émirat à se focaliser sur la préservation systématique de son héritage patrimonial. Dès 1993, la Direction de l’Héritage est créée au sein du Département de la Culture et de l’Information alors que le très actif Département des Musées de Sharjah n’est entré en fonction qu’en 2006. Toutefois, les premières initiatives locales de patrimonialisation de la culture remontent peu avant la création des Emirats Arabes Unis en 1971. C’est à Al-Aïn [8], situé dans l’émirat d’Abu Dhabi à la frontière d’Oman, que le charismatique Sheikh Zayed bin Sultan Al-Nahyan, fondateur des EAU et émir d’Abu Dhabi, a créé, en 1969, dans le fort de ses origines, le premier musée de la région, le Musée d’Al-Aïn (Al-Ain Museum). [9] Ce musée, comprenant une section ethnographique et plusieurs galeries archéologiques, a été inauguré en 1970 par son fils. Le Sheikh Rashid Bin Saeed Al-Maktum de Dubaï a suivi l’exemple d’Abu Dhabi et décidé, en 1971, d’aménager le Fort Al-Fahaidi en musée (Dubai Museum). [10] Celui-ci a pris véritablement de l’envergure en 1995, après restauration et adjonction de galeries archéologiques, botaniques et la reconstitution d’un village bédouin.

Les EAU ont connu un développement culturel - dans le sens institutionnel où on l’entend en Occident et selon les critères de l’histoire de l’art européenne - très récent. Il est en effet nécessaire de distinguer la culture bédouine originelle, riche de ses pratiques d’hospitalité, de sa poésie, de ses traditions tribales et de son artisanat, de la culture dans son acception occidentale. Pamela Erskine-Loftus, à la tête du service pédagogique du Département des Musées de Sharjah, s’évertue à le rappeler : « Quand je lis ce qui est écrit sur les projets de musées, il est parfois sous-entendu qu’il n’y avait rien dans la région auparavant. Or, ce n’est pas vrai. Une culture locale existe mais non nécessairement sous la forme des « beaux-arts » occidentaux : la peinture et la sculpture. Ce sont plutôt les arts décoratifs, le travail de la pierre et du bois, la calligraphie et l’architecture qui sont connus ici ». [11] Il demeure que l’implantation des « beaux-arts » occidentaux aux EAU est, comme le souligne également la Directrice de la galerie Art Sawa [12] à Dubaï, beaucoup moins forte que dans les pays voisins, comme au Liban, où une Académie libanaise des Beaux-arts a été créée dès 1937 à Beyrouth. [13] En Irak, une section de peinture a été rattachée en 1939 à l’Institut de musique avant de devenir officiellement en 1941 l’Institut des Beaux-arts. [14] En Iran, qui entretient de longue date des relations très étroites avec les EAU, la première Faculté des Beaux-arts a été créée à Téhéran en 1938. Or, jusqu’à ce jour, l’émirat de Sharjah est le seul aux EAU, à abriter, depuis une dizaine d’années seulement, une Faculté des Beaux-arts. [15] Le développement fulgurant des EAU n’a donc pas été accompagné, à ses débuts, de l’importation du modèle culturo-artistique occidental, alors que ce modèle est considéré, par les Etats voisins, arabes ou persans, qui l’ont de suite adopté puis adapté, comme un des principaux vecteurs de la modernité.

La spécificité du rapport à l’art et à la culture des EAU semble résider dans ces écarts. Après s’être intéressés, lors de fouilles archéologiques, à la résurgence et à la mise en valeur d’un passé prestigieux, les EAU ont, pour le moins, négligé leur patrimoine récent, qui a presque entièrement disparu ou été recréé « à l’identique », comme le fort Al-Hosn de Sharjah. Les découvertes archéologiques ont toutefois été exposées, dès les années 1970, dans quelques musées, créés dans d’anciens forts, qui sont autant de sanctuaires de l’histoire et de l’héritage culturel local. Espérons que ces musées ne seront pas balayés par l’actuelle déferlante de "culturalisation". Le modèle de développement des EAU diffère grandement de celui des pays voisins, arabes ou persans. En effet, à l’inverse de l’ensemble des pays du Moyen-Orient, les EAU ont éclipsé le vecteur culturel et artistique dans leur adaptation accélérée de la modernité. Alors que le Liban, l’Irak ou l’Iran ont investi en priorité l’art et la culture occidentale au moment de procéder à la modernisation de leur pays et ont cherché à en décanter les influences en les intégrant à leur tradition, les EAU ont occulté ce domaine, touchant à l’identité.

Les différentes strates d’un réseau culturel en expansion. Le rôle des galeries d’art iraniennes dans la percée de l’art contemporain du Moyen-Orient aux EAU.

Contrairement à Sharjah, où la priorité est donnée au développement muséal, et à Abu Dhabi, qui centralise la gestion culturelle entre les mains d’institutions publiques ou semi-publiques [16], Dubaï entretient un réseau d’établissements culturels en pleine croissance. Ceux-ci gravitent essentiellement et de façon peu commune, dans le secteur privé et commercial. Ainsi, entreprises de management culturel, fondations culturelles, centres culturels locaux et galeries d’art impulsent la dynamique culturelle de l’émirat. [17]

Le Département de l’Art et de la Culture au sein du Centre Financier International de Dubaï (Art and Culture Departement of the Dubai International Financial Center, DIFC), s’impose de plus en plus comme une institution leader. Ce service culturel, créé en 2007, quatre ans après l’ouverture du centre financier (en 2004), met à la disposition de groupes d’artistes d’immenses espaces d’exposition, dans tout le quartier qu’il dirige, et sert d’intermédiaire entre artistes et acheteurs. Il abrite, depuis fin 2008, une dizaine de galeries et coordonne de grands projets d’exposition, comme l’accueil de Word into Art - Artists of the Modern Middle East (Dubaï, février-avril 2008), magistrale exposition qui avait avalisé, en Europe, l’attention nouvelle portée à l’art contemporain du Moyen-Orient. [18] Enfin, il sponsorise la foire Art Dubai, connue aussi sous le nom de DIFC Gulf Art Fair.

Les initiatives locales en matière de culture sont également orchestrées par des fondations culturelles, créées parallèlement aux activités commerciales ou financières de grandes entreprises et qui semblent les alimenter. A l’image du Centre Financier International de Dubaï (DIFC) qui s’est engagé récemment dans la pratique du mécénat, de grandes familles commerçantes locales sont à l’origine de fondations intéressantes. C’est le cas de la famille Al-Serkal, qui a établi la Fondation culturelle du même nom il y a quatre ans environ (Al-Serkal Cultural Foundation). Cette fondation englobe un musée de voitures (Cars Museum), un musée de collections de timbres (Collectors House) et une galerie d’art dans le quartier rénové de Al-Bastakiya (Heritage House). Elle a été créée dans le but de gérer ces établissements mais participe aussi à des évènements culturels nationaux. Les vernissages de la galerie d’art Heritage House à Al-Bastakiya, où différents artistes iraniens exposent régulièrement, sont l’occasion de réunions mondaines. Un cadre libanais, pourtant francophone, emploie spécifiquement le terme anglais de gathering (« rassemblement »), pour sous-entendre l’importance des nombreux contrats négociés lors de ces rencontres de l’élite commerciale et politique de Dubaï. Nasser bin Abdullatif Al-Serkal, ayant été le représentant de Dubaï auprès des Anglais, a orchestré l’installation de l’électricité à Dubaï. Puis il fonda l’entreprise de fabrication de pneus, Bridgestone, qui accrut sa fortune. Parmi ses quatre fils, Ahmad Al-Serkal (qui a lui-même un jeune fils d’une quinzaine d’années, Nasser bin Ahmad Al-Serkal, qui, déjà, collectionne timbres et monnaies), a développé cette fondation. Abdullah Al-Serkal, autre fils de Nasser bin Abdullatif Al-Serkal, est, quant à lui, l’initiateur du Centre Sheikh Mohammad pour la Compréhension Culturelle (Sheikh Mohammed Center for Cultural Understanding), qui organise des cours d’arabe, des rencontres entre nationaux et étrangers et une visite guidée, quotidienne, de la grande mosquée de Jumeirah. [19] L’influence culturelle de cette famille s’avère croissante.

Des centres culturels spécialisés émaillent également la scène culturelle dubaïote. Ce sont par exemple le Centre de la Culture et de l’Heritage Juma Al-Majid (Juma Al-Majid Heritage and Culture Center), créé en 1991, pour développer la recherche sur les manuscrits anciens ; ou l’Association Culturelle et Scientifique (Dubai Cultural and Scientific Association, depuis 1989 environ), dirigée par Ebrahim Bumelha [20], qui octroie notamment des prix d’excellence dans les domaines culturels et scientifiques. Quant au très ancien Centre d’Art International de Dubaï (Dubai International Art Center, DIAC), dispensant cours artistiques et expositions, il a été ouvert, dès 1976, à l’initiative d’étrangers. Ce centre est, à notre connaissance, le plus ancien centre culturel à Dubaï. Deux femmes, Mary Jose et Caroline Knowles Jackson, ont organisé une exposition, en décembre 1975, dans l’Hôtel Inter-Continental, qui a mené ensuite à la création du centre. Selon la coupure d’époque du journal Gulf Mirror, dans l’article « Art plea for Aid » (L’appel à l’aide pour l’art) interpellant des sponsors, Mary Jose explique : « Nous avons préparé cette exposition (à l’Hôtel Inter-continental) dans le but de rencontrer et trouver des artistes. […] Nous avons réalisé qu’il y avait un talent considérable à Dubaï. […] Il y a au moins 50 personnes que je connais à Dubaï qui sont activement intéressées par l’art ». Ce centre avait une nette visée pédagogique et sensibilisatrice car Mary Jose ajoute : « Nous ne voulons pas que les gens pensent qu’ils peuvent nous rejoindre seulement s’ils sont déjà bons en art. Aussi longtemps que possible, des spécialistes viendront enseigner ». Dès la fin des années 1970, l’intérêt pour l’art contemporain a donc éclos aux EAU, sous l’impulsion de femmes expatriées et au sein d’un cercle très restreint.

Ce sont également les expatriés qui ont, dans un premier temps, développé les galeries d’art à Dubaï. Ce domaine est bien plus modeste à Abu Dhabi, qui ne dispose que de quatre galeries [21] alors que plus de cinquante galeries sont enregistrées à Dubaï. Artmap est un catalogue local publié tous les cinq mois, qui apporte des informations intéressantes sur les différentes galeries des émirats, prioritairement de Dubaï, par le biais de cartes et d’un calendrier des expositions ou ventes projetées.

Les galeries d’Abu Dhabi sont toutes situées près de la corniche, qui correspond au centre-ville. En avril 2009, j’en ai recensé quatre : les galeries Ghaf, Qibab, Contempo Corporate Art et Salwa Zeidan (tableau 1) [22] . Les galeries d’Abu Dhabi, très récentes, sont nées après les succès de l’art arabe et iranien sur le marché de l’art mondial. La première à ouvrir dans l’émirat fut la galerie Ghaf [23], à la fin de l’année 2006. Contrairement au profil général des galeries des EAU, deux galeries sur quatre à Abu Dhabi ont la spécificité d’être spécialisées sur l’art d’un seul pays (art émirati à la galerie Ghaf ou art irakien à la galerie Qibab).

Tableau 1 : Galeries d’art d’Abu Dhabi en avril 2009.

Les galeries de Dubaï, quant à elles, ont été créées par vagues successives dans différents quartiers. Le coeur historique des galeries dubaïotes correspond au quartier Al-Bastakiya. Alison Collins y a en effet créé la première galerie d’art de l’émirat (Majles gallery) en 1988. [24] Son projet de galerie, justifiant des travaux de rénovation, a permis d’éviter la démolition de la maison qu’elle habitait, depuis 1976, à Al-Bastakiya. L’initiative d’Alison Collins semble avoir initié la rénovation d’ensemble, à des fins culturelles, de ce quartier central et ancien, à l’architecture traditionnelle, devenu célèbre à Dubaï. Aujourd’hui, Al-Bastakiya abrite essentiellement des galeries d’art, ouvertes depuis 2003, en général à l’initiative d’expatriés occidentaux (tableau 2). La galerie Majles est toutefois bien antérieure aux prémisses du succès de l’art contemporain du Moyen-Orient, qui a stimulé l’ouverture de l’ensemble des galeries dubaïotes. C’est une galerie à part, la seule d’ailleurs à se focaliser sur l’art occidental.

Tableau 2 : Galeries d’art à Dubaï en avril 2009 (liste non-exhaustive).

La galerie Green Art s’avère être pionnière, dès 1995, dans la vente de l’art contemporain du Moyen-Orient, avant même que celui-ci ne parvienne sur le devant de la scène. Le succès de l’art contemporain de cette région est en effet devenu manifeste en mai 2006, lorsque Christie’s a lancé, à Dubaï, une première vente publique d’art contemporain arabe et iranien, qui a fait date et attiré d’autres sociétés de ventes aux enchères dans la région (Bonham’s à Dubaï en 2008, puis Sotheby’s à Doha au Qatar, en 2009). La galerie Green Art est implantée dans un quartier résidentiel (Jumeirah Road) de superbes villas jouxtant la mer, non loin de la crique (cf. schéma à la page suivante).

La percée véritable des galeries spécialisées dans l’art du Moyen-Orient, et il apparaît que la plupart sont liées à l’art contemporain iranien, a commencé, autour de l’an 2000, dans le quartier industriel, excentré, d’Al-Quoz. D’après la galeriste de Total Art Gallery, un entrepreneur iranien a été le premier, en 1997-1998, à construire un bloc de quelques bâtiments accolés dans l’espace totalement désert qu’était encore Al-Quoz. « Il était facile, à cette époque, de trouver la galerie puisque seuls ces quelques bâtiments existaient. Aujourd’hui, entrepôts, entreprises et industries ne cessent d’être construits dans le quartier », explique ce manager. Ce bloc de quelques bâtiments a abrité tout d’abord une galerie spécialisée dans l’art contemporain iranien (Total Art Gallery, 1998) puis une galerie centrée sur l’art contemporain du Moyen-Orient (Courtyard Art Gallery, 2000). Mais deux autres galeries férues d’art iranien ont également ouvert, en 2005, aux abords directs de ce bloc. Il est intéressant de rappeler quelle était la situation culturelle et artistique, autour de l’an 2000, en Iran. Entre 1997 et 2005, le Président de la République Islamique d’Iran, Mohammad Khatami, a orchestré en Iran une semi-libéralisation des arts et de la culture, qui a suscité une effervescence artistique, générant associations, groupements et créations artistiques collectives. L’éveil de l’art contemporain iranien a été rapidement suivi d’une phase de développement et d’approfondissement, qui a contribué à son essor à l’étranger puis à son succès grandissant. La régénération culturelle de la société iranienne semble donc avoir abouti, notamment à la fin des deux mandats de ce président, ancien Ministre de la Culture, à l’exportation de l’art contemporain iranien. Les galeries du quartier Al-Quoz sont installées en général dans d’anciens entrepôts (warehouse), aux larges espaces et hauts murs blancs.

Schéma : Succession des zones d’implantation des galeries d’art à Dubaï.
1. Al-Bastakiya
2. Jumeirah Road
3. Al-Quoz Industrial Area
4. Dubai Marina (Jumeirah Beach Residence)
5. DIFC
6. Dubai Mall

Elles revendiquent ce type d’implantation, au cœur d’une zone industrielle encore en friche, comme marqueur de leur créativité et de leur expertise artistique. Elles se démarquent volontairement de la connotation, selon elles, « financière » des récentes galeries du Centre Financier International (DIFC) ou « touristique » des galeries de Al-Bastakiya.

En 2008, l’ouverture de galeries s’est accélérée à Dubaï. La nouvelle tendance est de s’implanter dans les centres commerciaux luxueux (Dubal Mall ou Mall of the Emirates). Un groupement de cinq galeries importantes a également vu le jour dans les nouveaux locaux, dynamiques, riches et cosmopolites, du Centre Financier International de Dubaï (DIFC).

Parmi les galeries de ce centre financier, j’en ai relevé une qui fait exception, car non-commerciale : la galerie de la collection Farjam (The Farjam Collection). Farhad Farjam, iranien travaillant dans la branche des pharmaceutiques, a réuni une importante collection d’art islamique, principalement perse - du manuscrit au tapis en passant par la céramique et la miniature -, qu’il expose successivement dans cette galerie. Pour ce faire, il a créé la Fondation culturelle Hâfez [25] en 2008. Une exposition de sa collection d’art contemporain iranien a eu lieu à partir de septembre 2009. La présence iranienne dans le domaine de l’art à Dubaï se distingue par ces initiatives pionnières. L’ouverture de musées privés se développe en Iran. Ce collectionneur iranien fut le premier à établir un musée privé aux EAU.

Les acteurs de l’art et de la culture. Le regard d’une artiste iranienne.

« L’art a été importé par les migrants. Et après, il est devenu local. C’est comme une contradiction : vous voulez affermir et affirmer votre identité mais ce que vous mettez en évidence est le travail d’artistes venant d’autres parties du monde », remarque Gitâ Meh, artiste iranienne, installée depuis 2007 à Dubaï. Les acteurs de l’art, vivant aujourd’hui aux EAU, sont pour la plupart étrangers. Avant de s’intéresser aux acheteurs puis de donner la parole aux artistes, le tableau 3 présente les différentes nationalités des galeristes que j’ai rencontrés. Sur 24 personnes, plus de la moitié (17) sont des femmes. Les galeristes européens, puis ceux originaires des pays du Moyen-Orient, sont les plus représentés. Dans leur quasi-totalité, les membres de cette catégorie d’acteurs sont arrivés au cours de la décennie 2000. Un tiers d’entre eux a ouvert une galerie après avoir émigré aux EAU pour des raisons familiales. Il n’est pas rare de rencontrer un galeriste n’ayant aucune formation artistique, mais maîtrisant seulement les aspects commerciaux (cf. tableau 3).

Tableau 3 : Galeristes à Dubaï et Abu Dhabi, profils, avril 2009.

Les sociétés du Golfe restent très mal connues. Le caractère récent de la présence de la population étrangère explique sans doute que, malgré son poids, elle ne soit généralement pas prise en considération dans les rares recherches anthropologiques. L’ « étranger » (ajnabiy) dans l’usage de la langue arabe ne peut être qu’un non-arabe. Aux EAU, on ne connaît pas la dichotomie occidentale entre national et étranger, mais une hiérarchie à quatre niveaux : le citoyen du pays, le citoyen d’un autre pays du Golfe, l’arabe, l’étranger. [26] La législation en vigueur dans l’ensemble des pays producteurs de pétrole du Golfe, notamment aux EAU, impose que chaque ressortissant étranger dispose d’un kafil (« sponsor ») d’origine nationale, lequel apparaît, en quelque sorte, comme le « garant » et le responsable de sa présence aux yeux de l’Etat. Il lui procure ses titres de travail et de séjour. Chaque galerie est donc sponsorisée par un citoyen de l’émirat où elle est installée. Il est très difficile d’obtenir des informations sur ces sponsors, qui, le plus souvent, semblent ne pas travailler dans le domaine de l’art, à une exception près dans notre enquête. Il n’existe aucune étude systématique de cette classe « fonctionnelle » que constituent les kafil ni des filières qu’ils utilisent. Un bahreini, un libanais, un syrien ou une palestinienne, non-citoyens des EAU, ont même été cités comme les sponsors de certaines galeries que je visitais. Mais je n’ai pas réussi à déterminer si ces quelques sponsors non-citoyens étaient véritablement kafil ou si eux-mêmes avaient un kafil et n’étaient donc que des intermédiaires.

Les citoyens des EAU sont par contre très présents en tant qu’acheteurs et collectionneurs. D’après les statistiques fournies par Christie’s, lors de la seconde vente d’art international à Dubaï, en février 2007, 39% des acheteurs étaient issus des EAU. Les ventes suivantes témoignent d’une irrésistible montée des acheteurs européens, même si ceux originaires du Moyen-Orient restent encore largement majoritaires. [27]

J’ai été particulièrement intéressée par le profil et les propos d’une artiste iranienne qui vit depuis peu aux EAU. Il m’importait de connaître le regard qu’elle portait sur la scène artistique locale. Gitâ Meh est née en 1963 à Téhéran, où elle s’oriente très tôt vers l’art. Poussée par la Révolution iranienne, la fermeture des universités et la guerre Iran-Irak, elle quitte son pays en 1982. Après plusieurs décennies d’errance, entre exil et migration (Italie, Allemagne, Californie…), elle synthétise son parcours, en 2008 à Dubaï, dans une série d’installations intitulées 27 ans de migration. [28] Elle raconte que le plus dur pour elle, ballottée successivement entre de nombreux pays, a été de trouver et d’arrêter le langage, verbal et visuel, qui lui permette d’élaborer, d’articuler ses œuvres. La question du langage est centrale dans son travail. Elle qualifie les migrants de « gens du silence, à moins qu’ils ne deviennent des observateurs de l’inconnu », possédant « le bagage du langage dans le monde nouveau ». [29] Gita Meh est installée depuis 2007 à Dubaï. Selon elle, Dubaï, patrie d’accueil des migrants, a l’avantage de rassembler, fusionner, Est et Ouest, ce qui constitue l’inspiration première de son œuvre : « Le corps de mon travail en cours déconstruit ma culture orientale et occidentale comme je reconstruis et renforce le meilleur des deux traditions. Dessinant à partir de mon histoire personnelle et de ses implications dans la société moderne du Moyen-Orient, je reconstruis la notion d’art islamique à travers l’art conceptuel. J’examine comment l’identité est façonnée par les différences de langue, de sexe, d’ethnie, de culture, de désir, de migration, de solitude et de liberté ». [30] Deux installations présentées à Dubaï traduisent, mieux que les mots selon elle, sa vision du monde qui l’environne. [31] La cité sucrée (Sweet city) est un palais construit de bâtonnets, jaunes et blancs, de sucre iranien. Ces éclats de sucre transparents suggèrent un palais de glace ou, par leurs reflets, les éclats de miroirs, qui décoraient les intérieurs des palais persans sous la dynastie persane qâdjâre, au XIXème siècle. Avec Les ordinateurs volants (Flying labtops), elle intègre la féerie orientale des tapis volants à la technologie occidentale. Cette installation est présentée sous la forme de deux ordinateurs portables, sur lesquels des motifs inspirés de la miniature persane et des tapis iraniens sont peints. Ces deux ordinateurs sont déposés sur un vrai tapis persan, avec lequel ils se confondent.

La cité sucrée (Sweet City), Gita Meh, Collection DIFC

De nombreux artistes aux EAU ont également leur attention captée par la ville en tant que telle, par les mutations des cités qui les entourent. Le jeune photographe émirati, Lamya Gargash, qui a représenté les EAU à la Biennale de Venise, de juin à novembre 2009, s’est fait connaître par la série de photos, Présence, qui dévoile l’intérieur de maisons récemment abandonnées à Dubaï. [32] Ce thème est récurrent parmi les artistes des EAU, comme l’illustrent également les photos (Phoenix Series) - documentant la destruction des quartiers désormais démodés de Dubaï - exposées par l’artiste iranien, Rodin Hamidi, à la galerie XVA en avril 2009. Les EAU cherchent à "se réfléchir" dans l’art, enjoignant acteurs artistiques ou intellectuels à observer et relever mutations, progrès, populations. Les œuvres d’art sont le miroir des évolutions en cours, qu’elles permettent de mesurer, voire de comprendre. Ces créations contemporaines centrées sur les EAU sont autant de fenêtres symboliques donnant à voir les villes et la vie locale dans leur quintessence.

Au carrefour de l’Asie et de l’Europe, après plus de trente ans de développement accéléré, les EAU cherchent désormais massivement à investir l’art et la culture. Cette nouvelle phase de leur développement reste orchestrée par une économie toute puissante, qui demeure la clef de voûte de l’organisation socio-politique de ces émirats. En effet, l’économie, caractérisée dans ces pays par la mobilisation et la circulation d’énormes flux financiers, se constitue aussi comme le moteur d’intégration et de diffusion de l’art contemporain et de la culture, qui jouent dès lors un rôle spécifique et qui prennent des formes propres dans ces sociétés globales et métissées. L’introduction de l’art et de la culture aux EAU, liés intrinsèquement à la sphère privée et commerciale et animés par des acteurs de tous horizons, parait liée à une dynamique historique aux EAU. Réputés pour le marché de la perle puis pour un « marchandising » à haute valeur ajoutée, ils entretiennent de longue date des échanges commerciaux internationaux.

Rodin Hamidi, Lunatic Asylum

« Les marchands sont les premiers à décoder les messages (de mutations culturelles), c’est-à-dire les grands courants des échanges futurs » écrit Raymonde Moulin. [33] Ce sont eux qui semblent, en effet, avoir permis un renouvellement des valeurs artistiques et avoir mis l’art contemporain du Moyen-Orient sur le devant de la scène. Deux artistes européens m’ont confié que c’est par le biais des foires d’art contemporain, ayant germé depuis peu à Dubaï et Abu Dhabi, qu’ils ont découvert l’art contemporain du Moyen-Orient. Sophie Valette, artiste française vivant à Dubaï depuis 2007, explique : « J’ai éprouvé un choc artistique en découvrant, lors de la foire d’Art Paris-Abu Dhabi en novembre 2007, l’art contemporain du Moyen-Orient. Les médias véhiculent une image fausse de l’art de la région, qui est en fait empreint de liberté et de spontanéité. Notre culture, dense et ancienne, nous freine, alors qu’ici, il n’y a pas encore de barrière, il existe un véritable droit à la fraîcheur ». Il s’avère, de manière intéressante, que les EAU se focalisent sur l’art contemporain issu du Moyen-Orient et non sur l’art occidental.

Cette marchandisation globalisée de l’art contemporain du Moyen-Orient ouvre de nouvelles perspectives. Selon Jean-Pierre Warnier, « la marchandisation participe à la singularisation de l’objet et lui procure des passerelles nécessaires à son accession au statut d’oeuvre d’art ». [34] Et la certification de la valeur de ces œuvres finira par les extraire des circuits commerciaux pour les faire entrer dans les musées, aujourd’hui encore en chantier. Il est clair qu’au fil de ce vaste mouvement - qui engage en profondeur (malgré les apparences) les sociétés concernées - les succès du marché de l’art des EAU marquent un grand pas dans l’affirmation identitaire des pays du Moyen-Orient.

Bibliographie :
- Georgina Adam, “How the economic downturn is affecting the once booming Gulf”, in The Art Newspaper, « Focus on the Gulf », 2009, pp. 1 et 5.
- Roger Bastide, Le Prochain et le Lointain, Cujas, Paris, 1970.
- Wiliam Jack Baumol, William G. Bowen, Performing arts - the economic dilemna : a study of problems common to theater, opera, music and dance, Twentieth Century Fund, New York, 1966.
- Wiliam Jack Baumol, Baumol’s cost desease : the arts and other victims, éd E. Elgar, Royaume-Uni, 1997.
- Gilbert Beauge (dir.), Les migrations dans le monde arabe, Friedmann Buttner, CNRS, Paris, 1991.
- Philippe Cadène, « Société de la connaissance et politiques de développement aux Emirats Arabes Unis », Maghreb-Machrek, n°195, Paris, printemps 2008.
- Denys Cuche, La notion de culture dans les sciences sociales, La Découverte, Paris, 2004.
- Mike Davis, Le stade Dubaï du capitalisme, suivi de François CUSSET, Questions pour un retour de Dubaï, Les prairies ordinaires, Paris, 2007.
- Brigitte Dumortier, « Les Emirats Arabes Unis : Pétrole et société de la connaissance », Maghreb-Machrek, n°195, Paris, printemps 2008.
- Franke Heard-Bey, Les Emirats Arabes Unis, Karthala, Paris, 1999.
- Frédéric Leriche, Sylvie Daviet, Mariette Sibertin-Blanc, Jean-Marc Zuliani (dir.), L’économie culturelle et ses territoires, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2008.
- Claude Levi-Strauss, Tristes tropiques, Plon, Paris, 1972.
- Roland Marchal (dir.), Fariba Adelkhah, Sari Hanafi, Dubaï : cité globale, CNRS Editions, Paris, 2001.
- Raymonde Moulin, L’artiste, l’institution et le marché, Flammarion, Paris, 2009 (Art, Horizon et Histoire, 1992).
- Harold Rosenberg, La tradition du nouveau, Les éditions de Minuit, Paris, 1962 (Horizon Press, 1959).
- Christian Ruby, L’Etat esthétique. Essai sur l’instrumentalisation de la culture et des arts, éd° Labor Bruxelles Castells, Paris, 2000.
- René Taboul (dir.), Les mutations technologiques, institutionnelles et sociales dans l’économie de la culture, L’Harmattan, Paris, 2004.
- Wilfred Thesiger, Le désert des déserts, Plon, Paris, 1978 (Wilfred Thesiger, 1959).
- Philippe Urfalino, L’invention de la politique culturelle, Hachette Littératures, Paris, 2004.
- Jean-Pierre Warnier, Le paradoxe de la marchandise authentique. Imaginaire et consommation de masse, L’Harmattan, Paris, 1994.
- Dossier « Les musées de l’Autre », Revue Qantara, n°65, automne 2007.
- Dossier « Le Golfe, eldorado culturel », Revue Qantara, n°64, été 2007.
- Dossier « Dubaï, Abu Dhabi, Qatar, Le nouveau monde », Ulysse, n°129, janvier-février 2009.
- « Art contemporain et territoire », Journée professionnelle du Réseau Art Contemporain Paris/Ile de France, 6 novembre 2008, INHA.
- Programme du Forum « La culture, facteur de croissance », Ministère de la Culture, Avignon, 16-18 novembre 2008.
- Catalogue « The Art of Migration : Gita Meh », Tashkeel, Dubaï, 2008.

Notes

[1Wiliam Jack Baumol, William G. Bowen, Performing arts - the economic dilemna : a study of problems common to theater, opera, muisc and dance, Mit Press, 1966. Voir aussi : Wiliam Jack Baumol, Baumol’s cost desease : the arts and other victims, éd E. Elgar, Royaume-Uni, 1997.

[2Ces activités comprennent la publicité, l’architecture, les arts et antiquités, l’artisanat, le design, la mode, la production cinématographique, le génie logiciel pour jeux vidéos, la musique, la représentation artistique, l’édition, le génie logiciel, la télévision et la radio.

[3Andy C. Pratt, « L’apport britannique à la compréhension des fonctions créatives dans les villes globales », in Frédéric Leriche, Sylvie Daviet, Mariette Sibertin-Blanc, Jean-Marc Zuliani (coord.), L’économie culturelle et ses territoires, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2008.

[4Abu Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Umm Al-Qaiwain, Ras Al-Khaïmah et Fujairah.

[5Dubaï Art and Culture Authority (DACA), fondée en 2008, aujourd’hui appelée aussi « Dubaï Culture ».

[6Abu Dhabi Authority for Culture and Heritage (ADACH), fondée dès 2005, connue également sous le nom de « Cultural Foundation ».

[7Famille Al-Qasimi.

[8Al-Aïn, troisième ville par sa taille des Emirats Arabes Unis (après Dubaï et Abu Dhabi), est la ville d’origine des Sheikhs Al-Nahyan d’Abu Dhabi.

[9Les deux principaux musées à Al-Aïn sont le Musée d’Al-Aïn (Al-Ain Museum) et le Musée du Palais de Sheikh Zayed (Sheikh Zayed Palace Museum). Outre ces deux musées, il subsiste encore à Al-Aïn deux autres forts anciens, parfois lieux de concerts, comme le fort Al-Jahili.

[10Le Musée de Dubaï (Dubai Museum) est considéré, jusqu’à présent, comme le plus important musée de l’émirat. Mais Dubaï possède également un Musée du poisson et un Musée de la monnaie. Dans le quartier d’Al-Bastakiya (jouxtant le Musée de Dubaï) et plus haut sur la crique, près de l’embouchure, une multitude de petites institutions commémoratives (appelées house en anglais, « maison ») ont également été créées.

[11Georgina Adam, “How the economic downturn is affecting the once booming Gulf”, The Art Newspaper, « Focus on the Gulf », 2009, pp. 1 et 5.

[12Sawa signifie « ensemble » en arabe.

[13Cette Académie est rattachée en 1943, après que l’Etat libanais ait accédé à l’indépendance, au système d’éducation public. D’après Silvia Naef, A la recherche d’une modernité arabe. L’évolution des arts plastiques en Egypte, au Liban et en Irak, Editions Slatkine, Genève, 1996, p. 140.

[14L’Institut des Beaux-Arts, longtemps incontournable, a été remplacé en 1962 par une Académie des Beaux-Arts de niveau universitaire. Ibid, p.219.

[15Et l’Université de Sharjah a seulement créé, en 2007, une licence en beaux-arts, en partenariat avec le Royal College of Art de Londres.

[16Comme l’ADACH, le Centre Zayed pour l’Héritage et l’Histoire à Al-Aïn, et la Fondation pour la Musique et les Arts d’Abu Dhabi.

[17Le rôle des foires et des sociétés de ventes aux enchères n’a pas été retenu dans cette analyse, du fait de son caractère exclusivement temporaire.

[18Cette exposition pionnière avait été organisée et dirigée, en 2006, par Venetia Porter, en charge des collections islamiques du département Asie, au British Museum.

[19La visite de mosquées par des non-musulmans n’est généralement pas autorisée aux Emirats Arabes Unis.

[20Ibrahim Bumelha est le conseiller dans les domaines culturels et humanitaires de Sheikh Mohammed Bin Rashid Al-Maktum, émir de Dubaï et vice-président des EAU.

[21Sans compter les galeries Eclectic et Hemisphere, qui mêlent des peintures aux créations graphiques, souvenirs, artisanat, meubles et objets anciens.

[22La spécification « art international » (artistes occidentaux et du Moyen-Orient) ou « art du Moyen-Orient » (principalement artistes du Moyen-Orient) que j’emploie, n’indique qu’une tendance générale, les galeries ayant des programmations très variées.

[23Ghaf est le nom de grands arbres qui poussent dans le désert d’Arabie, ressemblant à des mimosas, aux branches couvertes de fleurs et de ramifications qui tombent jusqu’au sable et forment des tonnelles, sous lesquelles les bédouins se reposaient.

[24Alison Collins organisait depuis dix ans (depuis 1979) des expositions informelles dans sa maison qu’elle a transformé officiellement, en 1988, en galerie d’art.

[25La Fondation culturelle Hâfez soutient également financièrement le magazine Bidun, qui est consacré à l’art contemporain du Moyen-Orient (surtout iranien).

[26Elisabeth Longuenesse, « Rapports de classe, solidarités communautaires, identité national dans les pays du Golfe », in Les migrations dans le monde arabe, dir. Gilbert Deauge, Friedman Buttner, CNRS, Paris, 1991, p. 128.

[27En avril 2008 (4ème vente d’art arabe et iranien par Christie’s à Dubaï) : 77% des acheteurs étaient issus du Moyen-Orient et d’Iran, 17% d’Europe incluant le Royaume-Uni et 6% des Amériques.

En octobre 2008 (5ème vente) : 69% des acheteurs étaient originaires du Moyen-Orient et d’Iran, 19% d’Europe incluant la Russie, 11% des Amériques et 1% d’Asie.

En avril 2009 (6ème vente) : 72% des acheteurs proviennent du Moyen-Orient, 22% d’Europe et 6% d’Amérique.

[28Catalogue « The Art of Migration : Gita Meh », Tashkeel, Dubaï, 2008.

[29Les gens du silence avec le bagage du langage dans le monde nouveau. Le langage - moins ils deviennent des observateurs de l’inconnu - certains migrent à travers des frontières congelées vers des espoirs chauds. “People of silence with the luggage of languages in the new world. Language - less they become the observers of the unknown - some migrate through freezing borderlines to warmer hopes”. Catalogue « The Art of Migration », Tashkeel, Dubaï, 2008. Traduction Alice Bombardier.

[30« My ongoing body of work deconstructs my Middle Eastern and Western cultures as I reconstruct and reinforce the best of both traditions. Drawing from my personal history and its implications in modern Middle Eastern society, I reconstruct the notion of Islamic art through conceptual art, as I examine how identity is shaped by differences in language, gender, ethnicity, culture, desire, migration, solitude and freedom.” Gita Meh, Photographs and Installation, 6-28 September 2008, Jamjar, Dubaï.

[31Gita Meh a également présenté une installation intéressante, Sofreh (nappes et réunions traditionnelles de femmes iraniennes), à la 9ème Biennale de Sharjah (2009).

[32Lamya Gargash a étudié à l’Université américaine de Sharjah puis au Central Saint Martins College of Art à Londres.

[33Raymonde Moulin, L’artiste, l’institution et le marché, Paris, 1997, p.20.

[34Jean-Pierre Warnier, Le paradoxe de la marchandise authentique. Imaginaire et consommation de masse, L’Harmattan, Paris, 1994.


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5 Messages

  • Bonjour,

    Je viens de découvrir votre site, et me délecte déjà de plusieurs articles...

    Merci pour cet article intéressant sur l’art aux EAU. J’aimerais ajouter deux petites choses : Sharjah s’est également intéressé à l’art contemporain avec l’organisation d’une importante Biennale (dont la 10ème édition aura lieu de mars à mai 2011) qui expose des artistes du Golfe et du monde arabe ainsi que de nombreux artistes du monde entier - cf. http://universes-in-universe.org/eng/bien/sharjah_biennial (le site universes-in-universe est d’ailleurs une mine d’informations concernant les galeries et artistes du Golfe et d’ailleurs). Par ailleurs, plusieurs publications spécialisées ont vu le jour dans le Golfe, dont CANVAS (mensuel basé à Doubaï entièrement consacré à l’art) et l’Agenda Culturel (une petite publication bilingue Anglais-Français basée à Bahreïn mais qui couvre très largement la scène artistique des EAU).

    Cordialement

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  • Merci, pour ces articles passionnants.
    Moi même artiste et plus particulièrement sculpteur animalier en France,
    Je dois l’été prochain faire une exposition sur la terrasse de l’hôtel Fouquet’s à Paris, ou certaine de mes œuvres dont un immense faucon en l’honneur des émirats sera présenté.
    J’aimerais contacter des galeries des émirats pour leur montrer mes sculptures et pourquoi pas travailler avec elles.
    Pourriez vous m’indiquer les coordonnées de certaines et peut-être des conseils pour savoir en général comment travailler avec les émirats.
    Bien cordialement,

    Laurence friche

    00.33.6.26.26.55.54

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  • Bonjour,
    je suis artiste peintre et professeur des arts plastiques et je peints depuis trente ans ,j’ai 55ans et mon domaine et l’ecriture arabe dans un style contemporain, je cherche à rentrer en contact avec des galeries avec qui je peux travailler merci de communiquer mes coordonnés et me répondre sur ce message.Merci d’avance
    AMNAINE MUSTAPHA
    06 52 63 77 69 MAROC
    Email : amnainemustapha@gmail.com

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  • Bonjour
    j ais actuellement 2 tableaux à vendre
    1 Adolphe schreirer (le marche aux orange
    2 Castres ( la porteuse d eau)

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  • Bonjour, Réel témoignage d´un sérieux prêt d’argent acquis Depuis 2 ans que je suis au chômage, je me suis lancé dans la recherche d’un prêt d’argent entre particulier pour créer une petite société et prendre soins de ma famille mais à chaque fois je tombe sur des escrocs. Tout récemment je me suis inscris sur des forums d’aides entre particulier où j’ai connu une Dame au nom de Jeannine Viguier qui m’a proposé son offre de prêt. Je vous avoue au départ j’étais sceptiques et arrogant avec elle. Je n’y croyais pas à son offre de prêt mais vue la situation cruciale de manque de moyen financier et le paiement des impôts et taxes qui m’attendent j’ai tenter de suivre ses instructions et remplir les conditions de son offre de prêt, dans les 72 heures qui ont suivis, elle m’a fais le transfert d’un crédit de 60.000 € sur mon compte. Cher ami (es) si vous êtes aussi dans le besoin de prêt d’argent, ne perdez pas le temps contactez le plus vite possible Mr ERIC CAPELLE .
    Voici son e-mail : eric.capelles@gmail.com N’oubliez pas de partager pour aider vos proches qui sont dans le besoin

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