N° 63, février 2011

Présentation de l’ouvrage Nâmeh-ye Soleymân be Malakeh-ye Sabâ
(La lettre de Salomon à la Reine de Saba)
de Mohammad ‘Ali Rafi’i


Sarah Mirdâmâdi


Ecrit par Mohammad ‘Ali Rafi’i, ancien employé de la poste iranienne désormais à la retraite, cet ouvrage traite sous un certain regard de l’un des récits évoqués dans le Coran dans la sourate « La fourmi » (Al-Naml).

Cette sourate nous présente le prophète Salomon et David, a qui Dieu a donné une « science » (27:15). Salomon hérita ensuite de David et il lui fut appris « le langage des oiseaux » (Mantiq al-Tayr) (27:16), prodige qui inspira par la suite de nombreux mystiques et écrivains tels que ‘Attâr qui alla jusqu’à choisir d’intituler ainsi sa principale œuvre et de présenter des oiseaux de leur roi pour ainsi symboliser la quête mystique.

Couverture du livre Nâmeh-ye Soleymân be Malakeh-ye Sabâ (La lettre de Salomon à la Reine de Saba) de Mohammad ‘Ali Rafi’i

Mais l’histoire de Salomon évoquée dans cette sourate est avant tout celle d’une conversion, d’un acte de foi, et d’un passage au vrai monothéisme de la reine de Sabâ.

Comme le rappelle M. Rafi’i dans son ouvrage, l’histoire de la conversion de la Reine de Sabâ commence lorsque, après que l’ensemble des djinns, hommes et oiseaux se soient rassemblés pour Salamon, ce dernier constate l’absence de la huppe : « Puis il passa en revue les oiseaux et dit : “Pourquoi ne vois-je pas la huppe ? Est-elle parmi les absents ? » (27:20). L’absence de cette dernière ne dura que peu de temps, puisqu’elle revint en apportant un message à Salomon : “J’ai appris ce que tu n’as point appris ; et je te rapporte de Sabâ une nouvelle sûre : j’ai trouvé qu’une femme est leur reine, que de toute chose elle a été comblée et qu’elle a un trône magnifique. » (27:22-23). Cependant, la huppe informe Salomon que cette femme et son peuple adorent le soleil au lieu de se prosterner devant le Dieu unique. Salomon décide donc d’écrire une lettre à la reine de Sabâ pour l’inviter à adorer un seul Dieu. Il confie la lettre à la huppe, qui est chargée de la transmette à la reine et à son peuple : « Pars avec ma lettre que voici ; puis lance-la à eux ; ensuite tiens-toi à l’écart d’eux pour voir ce que sera leur réponse. » Dans son ouvrage, M. Rafi’i insiste tout particulièrement sur l’importance de cette lettre portée par la huppe-messagère, ancêtre de notre poste actuelle. La reine ouvre alors la lettre qu’elle lit devant son assemblée de notables :

« “Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,

Ne soyez pas hautains avec moi et venez à moi en toute soumission”. » (27:30-31)

Cette lettre commence ainsi par « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux », expression par laquelle commence l’ensemble des sourates du Coran à l’exception de la sourate « Le repentir » (Al-Tawbah). Loin de rejeter l’invitation, la reine demande conseil à ses notables, et décide finalement d’envoyer un cadeau à Salomon afin de voir comment il réagira. Son comportement est donc caractérisé par une grande sagesse, une volonté de consulter ceux qui l’entourent et de ne pas émettre trop vite de jugement définitif sur ce à quoi on l’invite. La réaction de Salomon face au cadeau envoyé par la reine montre que son invitation a uniquement un but religieux et est dénuée de toute ambition terrestre : « Lorsque [la délégation] arriva auprès de Salomon, celui-ci dit : “Est-ce avec des biens que vous voulez m’aider ? Alors que ce qu’Allah m’a procuré est meilleur que ce qu’Il vous a procuré. Mais c’est vous plutôt qui vous réjouissez de votre cadeau. » (27:36). Il menace donc d’arriver avec ses armées pour humilier le royaume de la reine de Sabâ. Afin de convaincre la reine de Sabâ de son invitation à se soumettre au Dieu unique, Salomon demande que l’on apporte le trône de la reine dans son propre royaume, ce à quoi quelqu’un « qui avait une connaissance du livre » répond : “Je te l’apporterai avant que tu n’aies cligné de l’œil”. (27 : 40) On décide alors de maquiller quelque peu son trône pour éprouver la reine lors de sa venue et voir si elle sera guidée. Cependant, ses croyances polythéistes l’empêchent de se convertir. Son acceptation de l’appel de Salomon se réalise lors de son entrée dans le palais de ce dernier : « On lui dit : “Entre dans le palais”. Puis, quand elle le vit, elle le prit pour de l’eau profonde et elle se découvrit les jambes. Alors, [Salomon] lui dit : “Ceci est un palais pavé de cristal”. - Elle dit : “Seigneur, je me suis fait du tort à moi-même : Je me soumets avec Salomon à Allah, Seigneur de l’univers”. » (27 : 44).

Dans cette histoire, la huppe a un rôle central de messager du monothéisme, apportant une lettre en apparence petite mais contenant les plus beaux noms divins ainsi qu’un message profond et emprunt de vérité… La reine de Sabâ est quant à elle un modèle de sagesse, et une invitation à ne pas juger sur la base des apparences : ce qui paraît être une simple lettre apportée par un petit oiseau peut contenir les plus grandes vérités… Ce livre nous invite ainsi à revenir sur les différents aspects de ce récit coranique ainsi qu’à méditer sur les signes divins et voir une invitation à la vraie foi dans chaque événement et dans chacune des créatures qui nous entourent…

Mohammad ‘Ali Rafi’i, Nâmeh-ye Soleymân be Malakeh-ye Sabâ (La lettre de Salomon à la Reine de Saba), Enteshârât-e Sami’, 2009.


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