N° 31, juin 2008

Sibiu, Capitale Européenne de la Culture


Elodie Bernard


Le Parlement européen a pris l’initiative en 1985 d’élever une ville de l’Union Européenne au rang de Capitale Européenne de la Culture. Si ce titre n’était au départ décerné qu’à une seule ville, ce sont dorénavant deux villes qui se partagent ce privilège. Lorsqu’une ville est ainsi choisie, des manifestations artistiques et des performances issues de toute culture s’y déroulent durant l’ensemble de l’année. Ainsi en 2007, c’est au tour des villes de Sibiu en Roumanie et du Luxembourg de se faire couronner. Cette décision s’est faite en raison des liens historiques qui unissent celles-ci.

Sibiu, petite ville roumaine de Transylvanie, a l’originalité de rassembler une grande partie des composantes de la diversité qui fait l’Europe. Ville à la fois saxonne, roumaine, hongroise et tzigane, c’est à ce titre qu’il est intéressant de s’arrêter un instant sur ce qui constitue le patrimoine de cette ville.

Sibiu : "Ville de la Culture - Ville des Cultures"

Sibiu est une ville roumaine quelque peu à part. En raison d’un passé turbulent, cette ville ne reflète pas le pays. Son histoire la lie davantage au centre et à l’ouest de l’Europe qu’à la Roumanie elle-même. Sibiu, petite européenne égarée en plein cœur de la Transylvanie roumaine.

Panorama de Sibiu

A l’origine, la cité s’est développée autour d’une église fortifiée, protégée derrière des remparts. Ces protections étaient nécessaires en raison des menaces provenant de l’Orient ; principalement des invasions ottomanes. Les premiers colons allemands, venus du Luxembourg, vinrent s’y implanter à la fin du XIIème siècle et la nommèrent la cité Hermannstadt. Ces Saxons en firent un important centre commercial, administratif et ecclésiastique, peut-être même le plus important centre de Transylvanie. Cet essor économique et politique au Moyen-Age allait faire d’elle la capitale de la Transylvanie austro-hongroise, une fois qu’elle fut intégrée à l’Empire d’Autriche-Hongrie.

Jusqu’à cette période, cette ville demeura entièrement allemande. Mais une fois la cité rattachée à l’Empire, les lois du code civil changèrent et il n’était plus exclu que d’autres nationalités puissent s’y établir. Ainsi Hongrois, Autrichiens, et autres peuples d’Europe centrale vinrent la peupler. A l’issue de la Première Guerre mondiale, alors que l’Empire austro-hongrois implosa, la ville, bien que restée majoritairement peuplée d’Allemands, et ayant été durant de longs siècles sous tutelle politique hongroise ou autrichienne, fut incorporée en 1920 à la Roumanie par le traité de Trianon. Ce n’est que dans le courant de la décennie 1930 que les Saxons transylvaniens perdirent la majorité absolue dans leur métropole.

Aujourd’hui, Sibiu compte à peine plus de 170 000 habitants dont 95% de Roumains, 2% de Hongrois, seulement 1,6% d’Allemands, et enfin quelques Tsiganes et une petite communauté juive.

Manifestations dans la Capitale Européenne de la Culture

Cette petite ville tranquille de Transylvanie, jadis porte vers l’Asie, située au carrefour des routes qui menaient de Byzance aux Balkans se voit donc, cette année, offrir l’opportunité de valoriser la diversité de son patrimoine architectural et culturel. A ce titre, l’Etat roumain a préparé un programme culturel assez conséquent et réalisé des investissements importants dans la restauration du centre historique de la ville.

Sibiu

Cette année fera de Sibiu "une immense scène en perpétuelle évolution". C’est en tout cas le projet souhaité du ministre de la Culture roumain, Adrian Iorgulescu. Au total, ce sont 220 projets culturels internationaux, des millions d’euros investis ; ce sont également 204 lieux qui ont été classés dans la ville historique. Sont attendus quelque 800 000 touristes à Sibiu, soit quatre fois plus que le nombre de visiteurs annuels des années passées.

Au programme des festivités : un festival de théâtre ainsi qu’un festival de films et d’opéras en plein air ont été mis en place. L’Académie européenne de poésie est également présente, et en février dernier ont eu lieu des représentations de la Scala de Milan. Pour l’occasion, le ministère de la Culture a décidé la restitution au musée de Bruckental de dix-neuf toiles de maîtres flamands que le régime communiste avait confisquées en 1948. Parmi ces maîtres, signalons Van Eyck et de Bruegel.

Cette ville qui a vu naître, dans ses environs, Emil Cioran et Octavian Goga, pourrait bien être inscrite désormais dans la liste des villes figurant au patrimoine mondial de l’UNESCO.


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