Blottie au bord du mystérieux désert de Lout, la petite ville de Râvar est peu connue, même par les Iraniens, malgré sa richesse culturelle et son héritage historique. Située à 140 km de Kermân, dans le sud-est de l’Iran, son histoire est en étroite relation avec celle de Kermân ou comme le disent les Grecs, « Karmania ». Elle est citée par Darius Ier comme l’une des sept satrapies importantes de l’Empire sous le nom de « Boutia » dans le célèbre bas-relief de Bissotoun. Toute cette région du Kermân fait partie d’une civilisation de plus de sept mille ans qui naquit sur les bords du fleuve Halilroud. Plus proche de nous, pendant l’Antiquité, la région du Kermân, comme sa voisine le Fârs, joua un rôle de premier plan sur la scène politique de l’Iran antique. Plus tard, Kermân préserva sa place politique et culturelle après l’arrivée de l’islam, et devint plusieurs fois capitale d’empire.

Caravansérail de Tchâh Kourân

Râvar, quant à elle, bornait l’ancienne route de Kermân. Etymologiquement, il est probable que le nom de cette ville provienne du mot « râhvar » (gardien du chemin).

Un vilageois râvarien

Les nombreux caravansérails qui jalonnent les alentours de la ville peuvent infirmer cette racine. On peut citer par exemple le très bien conservé caravansérail de Tchâh Kourân dont le nom témoigne d’un fait historique du règne de Nâder Shâh. C’est dans cette ville qu’il ordonna l’énucléation et l’exécution de l’un de ses importants commandants. Le bazar, le hammam traditionnel, les moulins antiques et la forteresse Ghah-Ghah (qui signifie « Eclats de rires ») constituent également des étapes incontournables pour le voyageur. Parmi ces sites à voir, il y a également le « Yakhdân » (la glacière), bâtiment indispensable dans toutes les villes désertiques. Ces bâtiments sont caractéristiques des villes centrales de l’Iran et servaient à stocker l’eau fraîche et la glace comme les réfrigérateurs modernes.

Autres bâtiments à remarquer dans cette petite ville : les tours de brique et d’adobe qui se dressent un peu partout. La plus connue d’entre elles est la tour Shâfi Abâd. Cependant, il est certain que les vieux sapins de Tarze (village montagneux limitrophe de Râvar, à laquelle il sert de villégiature d’été) dépassent en taille ces tours.

La pistache

L’art ravarien ne se limite pas à cette dimension architecturale. En effet, plus que cette architecture spéciale et unique du désert, c’est la beauté et la qualité de ses tapis qui fait la réputation artistique de Râvar. Si vous visitez cette ville, n’oubliez pas les ateliers de tissage où les jeunes Râvariennes travaillent depuis des siècles en chantant - leurs chansons, fredonnées par la directrice et répétées par les ouvrières, égrènent les caractères et le plan du tapis tels que l’ordonnance des nœuds ou des couleurs. Outre les tapis, l’économie de Râvar est basée sur la production de fruits du désert tels que la pistache ou la grenade.

Une glacière à Râvar

Physiquement, les Ravariens sont très bruns. Leur accent est proche de celui des Kermânis et leur dialecte contient de nombreux mots avestiques, résultat de l’existence d’une importante minorité zoroastrienne à Kermân. Les Ravariens sont religieux et les femmes portent généralement le tchador. Le plat local le plus spécifique est le bozghormeh, sorte de purée à base de kashk (le yaourt sec) et de viande.

Même dans la petite Râvar, ne vous croyez pas à l’abri des embouteillages. Car vous devez parfois vous arrêter un quart d’heure pour laisser passer une caravane de chameaux… Auquel cas, la meilleure option consiste à descendre de voiture et de profiter de cette pause pour tenter d’apprivoiser un peu le désert, cet espace si mystérieux….


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