N° 44, juillet 2009

Réunion culturelle à Shahr-e Ketâb :
Rezâ Seyyed Hosseini et son œuvre


Reportage réalisé par

Zaynab Sadaghiân


Rezâ Seyyed Hosseini
Photo : Hossein Salmânzâdeh/Fârs

La réunion du 10 mai 2009 fut différente des précédentes étant donné que l’un des invités, Rezâ Seyyed Hosseini [1], est décédé peu avant son déroulement. Des traducteurs, penseurs et écrivains se sont réunis à Shahr-e Ketâb pour commémorer son départ. M. Mohammad Khâni, le directeur exécutif de cette réunion, a tout d’abord présenté ce grand homme et son œuvre, notamment Les Ecoles Littéraires, qui a influencé de nombreux penseurs et chercheurs. Il a également traduit des œuvres de Jean-Paul Sartre, Albert Camus et André Malraux ainsi que Le Dictionnaire des Œuvres en étroite collaboration avec M. Saâdat, Ahmad Sami’i et Abolhassan Nadjafi. Sa traduction de L’Encyclopédie de l’Art et de la Littérature - dont le premier volume a été publié -, ainsi que d’autres travaux resteront inachevés. Par la suite, le Dr. Modjtabâ’i [2] a présenté la traduction du Traité du Sublime de Longinus, Abolhasan Nadjafi [3] a parlé de leur travail commun et de la traduction d’Anti-mémoire d’André Malraux, le Dr. Tahmouress Sâdjedi a ajouté des explications sur ses Ecoles Littéraires, et le Dr. Nonahâli sur son œuvre inachevée : L’Encyclopédie de l’Art et de la Littérature.

Dr. Modjtabâi : Aristote, le fil ténu

Le Dr. Modjtabâi a évoqué son amitié d’un demi-siècle avec Rezâ Seyyed Hosseini, dont il avait fait connaissance grâce à Mohammad Qâzi, l’un des grands traducteurs iraniens. Ce dernier collaborait avec M. Seyyed Hosseini, à l’époque rédacteur en chef de la revue « Sokhan ». C’est également à cette époque que M. Seyyed Hosseini a commencé à rédiger les Ecoles Littéraires. Il s’était également pris d’intérêt pour Longinus et son Traité du Sublime, qui parle de la critique littéraire et de l’art de l’éloquence.

En mettant l’accent sur le Traité du Sublime, le Dr. Modjtabâi a affirmé que le fil commun entre lui et son ami étaient les idées d’Aristote, car il avait traduit sa Poétique à la même époque où M. Seyyed Hosseini traduisait le Traité du Sublime. La proximité des sujets des deux livres avait fourni le prétexte à de nombreuses discussions, renforçant ainsi leur amitié.

En rappelant ces débats, le chercheur a évoqué les idées d’Aristote et de Platon sur l’art et le poème : dans La Poétique, Aristote suit l’idée de Platon sur l’œuvre d’art qui n’est qu’une imitation d’imitation ; l’artiste imitant ainsi toujours l’objet du monde sensible qui est lui-même l’imitation de son essence immuable ou "idée". L’art pour Platon est donc imitation du second degré, et l’œuvre d’art demeure éloignée de la vérité. Sur ce point Aristote ne partage pas l’idée de Platon. Longinus, à son tour, pense que l’art est une imitation mais qui doit satisfaire certains critères, le principal consistant en le génie et l’enthousiasme de l’artiste. Il s’éloigne ainsi d’Aristote qui met l’accent sur la « raison » pour créer une œuvre d’art.

Traduire Anti-mémoire

Abolfazl Nadjafi qui ensuite reprit la parole en rappelant les souvenirs communs qu’il avait avec Rezâ Seyyed Hosseini durant la traduction d’Anti-mémoire d’André Malraux. M. Seyyed Hosseini venait alors de traduire La route au Tabac d’Erskine Caldwell dont M. Nadjafi fit une relecture critique.

Quelques années plus tard, après la création des éditions Nil sous la direction de M. Nadjafi, M. Seyyed Hosseini avait été invité à publier ses Ecoles Littéraires, dont la première publication fut une grande réussite.

Le reflet de son œuvre à l’université

Tahmouress Sâdjedi, professeur de littérature à l’Université de Téhéran, a ensuite évoqué les Ecoles Littéraires. Cet ouvrage présente les grandes écoles littéraires européennes et françaises, qui est devenu l’une des principales références de l’histoire littéraire occidentale dans les universités et les centres culturels. Il a mis l’accent sur l’aspect académique des œuvres de M. Seyyed Hosseini en affirmant que la plupart des livres traduits par ce dernier étaient enseignés dans les cours de traductologie.

La traduction de l’Encyclopédie Universalis de l’Art et de la Littérature : le projet inachevé de Rezâ Seyyed Hosseini

La dernière participante, le Dr. Mahshid Nonahâli, fut l’une des dernières collègues du défunt dans le cadre de la traduction de l’Encyclopédie Universalis de l’Art et de la Littérature restée inachevée. L’un des projets de M. Seyyed Hosseini était également de fonder un grand institut regroupant les meilleurs spécialistes et traducteurs pour entreprendre la traduction de l’ensemble des volumes de cette encyclopédie. Le Dr. Nonahâli a ainsi appelé à la réalisation de ce projet auquel M. Seyyed Hosseini accordait une grande importance.

Notes

[1On doit à M. Seyyed Hosseini un grand nombre de traductions d’œuvres majeures dans le domaine de la littérature, de l’art et de la philosophie.

[2Le traducteur d’ouvrages philosophiques comme La Poétique d’Aristote.

[3L’auteur et le traducteur de romans comme Le petit Prince de Saint-Exupéry


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