N° 29, avril 2008

Le Plaisir perpétuel de Mario Vargas Llosa, sur l’œuvre de Flaubert


Zaynab Sadaghiân


Le dimanche 17 février 2008, une table ronde a eu lieu au siège de Shahr-e Ketâb pour débattre de l’œuvre récente de Mario Vargas Llosa intitulée Le Plaisir perpétuel, auquel ont notamment participé Fath-Ollah Bi-niyâz et Belgheys Soleymâni, tous deux critiques littéraires, ainsi qu’Abdullah Kosari, traducteur.

Au cours de cette réunion, Fath-Ollah Bi-niyâz, lui-même auteur, a rappelé quelques éléments biographiques concernant Mario Vargas Llosa, grand auteur et critique littéraire, qui a notamment rédigé des critiques sur l’œuvre de Camus et de Sartre. Cet écrivain a lu de nombreux manuscrits de Flaubert afin de mener à bien sa recherche sur son œuvre majeure, Madame Bovary. Fath-Ollah Bi-niyâz révèle que le caractère d’Emma Bovary a beaucoup influencé Llosa, pour qui le caractère d’un personnage doit être parfaitement palpable. Le caractère d’Emma s’est en quelque sorte formé selon la philosophie de Spinoza, croyant que les désirs personnels et les instincts sont les éléments déterminant tout caractère. Bi-niyâz ajoute aussi que selon Llosa, la notion de "révolte" dans Madame Bovary n’appartient pas à un groupe social, mais est avant tout une révolte personnelle. C’est précisément ce type de révolte qui constitue l’objet d’attention de Llosa.

Le Plaisir perpétuel, un manuel pédagogique pour les jeunes écrivains et les critiques.

A la suite de cette réunion, Belgheys Soleymâni a abordé diverses questions telles que les raisons ayant incité Llosa à analyser un tel personnage, de quel point de vue son analyse a été menée, ainsi que la différence entre le regard d’un écrivain sur l’œuvre d’un autre écrivain, et celui d’un critique sur une même œuvre.

Dr. Fath-Ollah Bi-niyâz (centre), Abdullah Kosari (gauche) et Belgheys Soleymâni (droite)

Ces questions et les réponses apportées laissent à penser que l’on pourrait presque considérer l’œuvre de Llosa comme un manuel pédagogique pour les jeunes écrivains et critiques. Llosa, en lisant de façon interne le roman de Madame Bovary, étudie sa structure et son type d’écriture. Il montre en même temps que le regard d’un écrivain sur l’œuvre d’un autre est, sous bien des aspects, plus éclairant que celui d’un critique pour la même œuvre.

Mme Soleymâni a par la suite ajouté qu’en analysant Madame Bovary et en écrivant sur elle, l’écrivain-critique découvre certains aspects de sa propre écriture. Le regard de cet écrivain sur Madame Bovary est celui d’un écrivain latino-américain du XXe siècle : il trouve par conséquent des points communs entre la littérature autochtone et la littérature française.

Don Quichotte et Madame Bovary insistent tous les deux sur l’insuffisance du monde

Selon Abdullah Kosari, le traducteur de l’œuvre, Llosa défend l’idée d’une ressemblance entre Don Quichotte et Madame Bovary, qu’il avait déjà évoqué dans son œuvre Pourquoi la Littérature ? D’après lui, les écrivains de ces deux romans donnent libre cours à l’"imagination" et insistent plus que jamais sur l’insuffisance du monde et sur la lutte des héros contre cette vérité amère. Dans cette lutte, les héros sont vaincus, mais ils ouvrent la voie et invitent les autres hommes à lutter à leur tour ! Il convient enfin de préciser que le traducteur n’avait qu’un objectif pédagogique : faire apprendre aux jeunes écrivains les différentes manières d’écrire et de critiquer, en lisant l’œuvre de Llosa.


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