N° 16, mars 2007

Soufi Amoli


Asadollah Mohammad-Zadeh
Traduit par

Maryam Devolder


Mohamad Soufi Amoli, poète du dixième siècle de l’Hégire, passa une grande partie de sa vie en Inde où il décéda en 1035 de l’hégire.

Vivant dans le plus grand ascétisme et en étroit contact avec la nature, ce poète oriental né dans la région du Tabarestân partit très jeune pour Shirâz, qui était à l’époque la capitale culturelle et intellectuelle et où il vécut de longues années. Il quitta Shirâz pour Kâzeroun et devint l’élève et le disciple du grand soufiste de l’époque Abol-Ghâssem Kâzerouni.

Il effectua un pèlerinage à la Mecque où il resta par la suite pendant quinze ans sous la direction spirituelle d’Abd-ol-Nabi Fakh-e-Zamâni, guide de la confrérie soufie d’Ajmir en Inde. Chaque année, il se rendait à Médine et parcourait la région, jusqu’à ce qu’il décide de partir pour l’Inde où il s’établit à Kajrat.

Amir Razi le rencontra en Inde où il vivait dans le respect de l’éthique soufie, l’ascétisme et la méditation.

Amir Râzi le décrivit selon ses mots : "Il vit coupé du monde, selon la plus pure pratique des derviches".

Par la suite, le roi Jahânguir de l’époque s’établit dans la ville d’Ajmir avec toute sa cour et les responsables gouvernementaux invitèrent les soufis dans leur confrérie pour des réunions et des discussions entre derviches.

Notre poète abandonna alors la ville pour revenir à Ahmad Abâd de Kajrat où Mir Seyed Jalal-o-Din Sadr, connu sous le nom de Rezai, grande personnalité de l’époque de Jahânguir qui était aussi poète, le garda auprès de lui pour s’instruire. Le soufi qui avait fait d’Ahmad Abad de Kajrat son centre d’initiation parcourut alors toutes les régions de l’Inde.

A Ahmad Abâd, il travailla à la compilation de 60 000 vers de poètes anciens dans un livre intitulé Le temple des idoles. Ce livre était, selon Fakh-e-Zamâni qui avait été en contact avec ces groupes hindous du temple des idoles, une preuve de sa haute compréhension poétique.

La liberté de pensée du derviche Molâna Mohamad Soufi et sa foi en la doctrine métaphysique du soufisme en firent un sujet d’opprobre de la part de certains religieux doctrinaires qui lui jetèrent l’anathème et condamnèrent cet "incroyant".

Ses œuvres les plus célèbres sont le Recueil de poèmes soufis, Les paroles du Sâghi, ainsi que de nombreux poèmes dans des styles divers traitant de la spiritualité soufie et de ses enseignements.

Dans ses poèmes se profilent une désillusion vis-à-vis de la vie, un découragement par rapport à tous et à tout, qui explique notamment ce choix de vivre dans l’ascétisme et la contemplation selon une doctrine mystique qui le libérait partiellement et lui permettait une réalisation spirituelle dans la pauvreté et la retraite.

J’ai le cœur bouillant comme un chaudron

mais j’ai les lèvres, éteintes et silencieuses,

comme un ver à soie dans le cocon du temps,

Je vis, enfermé dans mon linceul blanc, comme une lumière invisible.

Mieux vaut mille ennemis que ces amis consolateurs,

mieux vaut souffrir que de subir leur coup fatal.

J’ai la tête vide, le cœur ivre et débauché,

Le lien que je recherche doit me lier à toi en dehors de la terre et du ciel

Un lien où rien d’autre n’existera.

Ne vois dans la source que les larmes (d’un souffrant)

Ne vois dans la fente de la terre qu’une poitrine à nu.

Perdu un soir dans l’eau d’une rivière,

Je cherchais de toutes parts une issue,

Quand j’ai entendu, venu du ciel, cet appel :

"Jusqu’à quand vas-tu perdre ton temps à rechercher les causes,

à savoir pourquoi ce ciel et pourquoi cette terre ?"

Un vieux sage m’a dit ce soir-là : "Ne sais-tu pas que le paradis est fait de nos meilleurs souvenirs ?"

"Pour parler de Dieu qui n’a besoin de rien, je n’évoquerai que notre esprit de liberté"


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