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elon un proverbe persan "Ispahan est la moitié du monde", ce qui laisse deviner la beauté de cette ville, qui tient orgueilleusement sa place au sein du patrimoine mondial de l’UNESCO. Grâce à ses nombreux trésors architecturaux, dont Ali Qâpu, elle incarne, aux yeux de chaque Iranien la grandeur de la Perse ancienne. Situé dans l’aile occidentale de la place Naghsh-e-Jahân, ce palais attire l’attention de tout passager, avec son splendide ivan de 18 colonnes en bois.
Il y a plus de 4 siècles qu’Ali Qâpu, chef-d’œuvre de l’age d’or du troisième empire islamique perse, rayonne sur la façade ouest de la place Naghsh-e-Jahân. Cet édifice a été bâti en six phases, dont la première date de la période teymouride, pendant laquelle fut construit un simple bâtiment à deux étages.
C’est à l’époque safavide et surtout sous le règne de Shâh Abbâs Second, le roi perfectionniste, qui voulait l’embellissement d’Ali Qâpu, que ce bâtiment prend sa forme actuelle et se transforme en un joyau sans pareil.
Ancienne capitale de la Perse, Isfahan offre à chaque visiteur le spectacle magnifique des trésors qu’elle garde en son sein. Le centre de cette ville bleue nous présente un paysage indescriptible : la place Naghsh-e-Jahân, construite sous le règne de Shâh Abbas Premier (1587-1629), grand roi safavide, contemporain d’Henri IX.
Dès qu’on aborde cette gigantesque esplanade de 512 mètres de long, sur 159 de large, entourée d’arcades et de monuments impressionnants, où circulent encore des chevaux, on a le sentiment d’entrer dans un autre monde et dans un autre temps où le bleu clair du ciel se reflète dans celui de l’émaillage des coupoles, en harmonie joyeuse avec la couleur de la brique et celle des tuiles multicolores des arcades. L’ensemble forme un tableau éblouissant.
Le visiteur, fasciné par cette place magique, trouve partout une voie au rêve : à gauche, la porte du bazar, en face, la petite mosquée de Sheikh Lotfollah, à droite, l’élégante mosquée de l’Imam. Enfin, un bâtiment de six étages, cubique, de 48 mètres de haut attire l’attention : le charmant palais Ali Qâpu.
Au premier regard, la façade du palais ,faite de briques, de tuiles et d’arcades et son splendide ivan du troisième étage, au plafond marqueté , soutenu par 18 colonnes en bois, plonge le visiteur dans un état presque impossible à décrire.
"Ali Qâpu" signifie " porte magnifique", car ce palais original devait au départ servir de porte menant aux palais royaux. Il se transforme ensuite en résidence officielle.
Le grand monarque recevait en ces lieux les nobles et les ambassadeurs étrangers. C’est également ici que Shâh Abbâs Premier a célébré, pour la première fois, la fête du Nouvel An, Norouz.
La décoration intérieure est si somptueuse qu’elle semble impossible à décrire en quelques mots. Une fois entré, on se perd dans une collection d’œuvres d’art décoratives. Cette grande et massive structure rectangulaire est riche en fresques murales faites par Reza Abassi, peintre de cour de Shâh Abbâs Premier, et ses élèves.
Presque toutes les portes et fenêtres, très ornementées, ont été pillées lors des périodes de crise. Mais heureusement, l’unique fenêtre du troisième étage a héroïquement résisté aux ravages du temps.
En montant au premier étage de ce monument majestueux, on se retrouve dans le vestibule du palais, employé autrefois par les soldats et les domestiques du roi. Puis, un petit escalier en colimaçon nous conduit au deuxième étage, surnommé "Charbatkhâneh", lieu de réception et de rencontre commune. Tout en montant, les tuiles multicolores de l’escalier, aux dominantes couleurs bleues, incarnant le ciel et la mosquée, et jaunes, souvenir de l’immensité désertique de l’Iran, se reflètent dans les yeux. Au troisième étage, on se retrouve sur une large terrasse de 18 colonnes en bois, offrant une perspective magnifique de la place et de la ville. Tout ébloui par cet ivan merveilleux et par l’air frais, embaumé d’un léger parfum de torchis, on se laisse emporter par son imagination à l’époque safavide. Et soudain, tout semble briller, des milliers de petits miroirs incrustés dans les colonnes, murs et plafonds font rebondir la lumière dorée d’une salle à l’autre du palais. Les motifs extravagants des fresques sortent alors de l’ombre : paysages naturels, femmes dévoilées, animaux fantastiques et fleurs. Et on voit le grand monarque qui, entouré de princes, de grands et de domestiques, observe, du balcon immense de son palais, les tournois de polo organisés sur la place royale.
Si on continue la promenade on verra, au quatrième étage, le harem du roi et au cinquième, la chambre où le monarque faisait la sieste. On pourra y monter. Enfin, au sixième étage, on découvrira le superbe salon de musique : son plafond s’agrémente de moulures en plâtre, en formes de vases, qui provoquent une impression saisissante, tout en améliorant l’acoustique de la pièce.
Stupéfait par la splendeur du spectacle, on se mettra ainsi à murmurer :" Quelles mains ont-elles donc pu réaliser ce chef-d’œuvre, sinon des mains divines ? "
Certes, cette question n’aboutirait qu’à une réalité : Ispahan mérite justement le surnom qu’on lui a accordé " la moitié du monde". Quiconque entre dans cette ville superbe est fasciné par sa beauté. N’est-elle pas le point de rassemblement des monuments prodigieux du monde entier, comme Ali Qâpu, honoré par tout Iranien , amoureux de l’art et de la culture persane ?