N° 27, février 2008

"Le chant du monde ou l’art safavide" présenté au musée du Louvre


Elodie Bernard


Les charmes de la Perse enchantent la capitale française via le succès incontestable de l’exposition sur l’art de l’Iran Safavide au musée du Louvre. Depuis le 5 octobre 2007 et ce, jusqu’au 7 janvier, c’est sur ce thème que le musée attire les foules du monde. L’occasion de découvrir cet art métaphorique et les manuscrits qui recèlent toutes les clés pour comprendre la richesse de cette culture.

Un parfum d’Orient flotte au Louvre

Plat aux deux grenades, v. 1500, musée du Louvre

Cette exposition a été lancée dans le cadre du département des Arts de l’islam du musée du Louvre. Ce département créé sur volonté du Président français Jacques Chirac en 2002, avait pour objectif de conforter la vocation universelle de cette institution et c’est à Monsieur Francis Richard, conservateur en chef des bibliothèques, que revient l’effectivité de cette mission.

Ce spécialiste reconnu sur le plan international du monde de l’islam médiéval et dans le domaine des études islamiques, enchaîne les programmations ambitieuses d’événements et d’expositions, en France comme à l’étranger, et a fait des expositions temporaires l’un des piliers de sa politique. Ce type de programmations qui consiste à exposer une thématique précise pendant un temps restreint et donc à médiatiser au plus fort les œuvres ainsi déployées au grand jour, rencontre à l’heure actuelle l’enthousiasme d’un très large public, au risque de lui faire oublier les collections permanentes. Depuis cet automne, c’est donc aux artistes de la période Safavide que le musée rend hommage.

"Le Chant du monde ou l’art de l’Iran Safavide"

Quelques salles seulement, pas plus de trois ou quatre ; une lumière diffuse. Cette humilité dans la mise en scène de l’espace d’exposition met en avantage la richesse et le raffinement de ces œuvres : textiles et vêtements, tapis, faïences, objets de bronze et coupes, aiguières, plateaux scrupuleusement ciselés et surtout des manuscrits ornés de peintures. La majorité de ces articles sont des prêts exceptionnels consentis par les musées de Téhéran et d’Ispahan. En outre, une des singularités de l’exposition réside dans la reconstitution, dans les salles de l’exposition, du reflet sur le plan d’eau de la place Royale d’Ispahan des coupoles de la Mosquée de l’Imam et de la Mosquée du Sheikh Lotfollâh.

Le "Livre des Rois"

Détail de l’un des coins d’un tapis de Mantes iranien, seconde moitié du XVIe siècle, musée du Louvre

L’exposition traite probablement pour une des premières fois au Louvre de l’art Safavide. Un art souvent incompris en Occident. Les spécialistes occidentaux auraient tardé à traiter de cet art en le replaçant dans le contexte de sa culture, entraînant ainsi l’incompréhension d’une grande partie du travail de ces artistes. Alors, afin de veiller à une plus large accessibilité de ces œuvres d’art, le commissaire de l’exposition, Assadullah Souren Melikîân-Shîrvânî, a accompagné le déroulement de celle-ci par un album explicatif qu’il est préférable de consulter au préalable pour toute personne ne connaissant pas cet art. On peut y lire quelques clés fondamentales pour appréhender cet univers métaphorique et le contexte de la création de ces œuvres.

L’artiste peint un ciel de lapis, de turquoise ou d’or, quand le poète l’écrit, selon la lumière à laquelle il se réfère. En effet, explique Souren Melikîân, "pour l’Iran, le monde que l’Occident appelle "réel" n’est que la métaphore de la réalité supérieure du monde spirituel. Son art ne décrit donc jamais ce monde matériel. Il transcrit visuellement des métaphores dont l’énoncé en clair est livré par la littérature qu’il suffit de fréquenter pour en saisir le sens." A cela, le commissaire de l’exposition ajoute que "ceux qui contemplaient ces peintures ne les voyaient pas dans l’isolement, mais dans la succession des pages qu’ils tournaient, l’esprit empli des vers qu’ils lisaient."1 Sans croire pour autant que les miniatures ne seraient qu’une illustration des grands textes, ces dernières font écho à un, voire à plusieurs instants de l’action, laissant de côté certains détails du récit et allant même jusqu’à en contredire certains.

La littérature persane, miroir de l’art

Visite d’un jeune homme à un derviche, début du XVIe siècle, Iran Safavide, gouache et or sur papier, musée du Louvre

Ce spécialiste de la culture iranienne a reçu la mission de donner les clés qui permettent de comprendre le sens de ces peintures et de ces objets, de lire à livre ouvert la peinture et les objets qui chantent la beauté du monde. Les sujets mettent en scène les poèmes de Nezâmî et Hâfez, le Bustân et le Golestân de Sa’adî ou encore des épisodes du Shâhnâmeh (Le "Livre des Rois") de Ferdowsî.

Si la littérature persane est le miroir de l’art, l’histoire de la Perse l’est également. Les manuscrits, visibles à cette exposition, mettent en scène des personnages de l’Antiquité iranienne tels qu’Alexandre le Grand, mais vêtus à la mode du temps où les œuvres ont été réalisées. Pendant longtemps, les miniatures furent réalisées par plusieurs artisans, mais vers la fin du XVème siècle des auteurs se distinguent en signant leurs illustrations : Behzâd, Rezâ ’Abbâssî et Mo’în Mosavver au XVIIème siècle.


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