Comme célèbre du XIe siècle, parfois appelé par son vrai nom, Mîr Mohammad-Amîn Mîr Jomleh Shahrestânî Esfahânî et plus souvent par son pseudonyme Rouh-ol-Amîn (cité par Mîr Abdolrazâgh Khâfî [1], dans son ouvrage Ma’asserolamra), cet amoureux de la littérature était surtout connu pour ses dons en poésie.

Originaire d’Ispahan et né en 981, si l’on en croit les allusions que le poète fait lui même dans son Shîrîn et Khosrow, la majeure partie de sa jeunesse s’écoula paisiblement dans sa ville natale, où il fit ses études. A l’âge de vingt neuf ans, il se rendit en Inde et entra au service du sultan Mohammad Golî Ghotb Shâh [2] et devint, six années plus tard, l’un de ses ministres. Le recueil Shîrîn et Farhâd, qui relate son voyage en Inde, a été composé pour rendre hommage à ce même sultan.

Rouh-ol-Amîn était un poète renommé de son époque. Parmi ses œuvres, on peut citer Leilî et Majnoun, dédié également au sultan Mohammad Ghotb Shâh. Le poète commence ce masnavî par une sorte d’introduction où il évoque son Khosrow et Shîrîn ainsi que Matmahalanzâr. Il explique également dans cette partie que sept mois ont été nécessaires à la composition du recueil dont un exemplaire de huit mille vers est aujourd’hui conservé au British Museum.

En 1017, il commença la rédaction de son Khosrow et Shîrîn qu’il acheva un an plus tard. Ce recueil comporte également huit mille vers et est dédié au sultan indien de l’époque.

Asemân-e Hashtom ou Falak-ol-borouj (huitième ciel) est inspiré du Hadîghat ol haghîgha (Le jardin de la vérité) [3] de Sanâï. Le British Museum en possède également un exemplaire qui regroupe trois mille vers en éloge à Mohammad Golî Ghotb Shâh, qui décéda alors que l’œuvre n’était pas encore achevée ; c’est pourquoi, le poète a introduit le nom de son successeur dans le travail qu’il finit par achever en 1021.

Son Bahrâmnâmeh et son Javâhernâmeh sont respectivement des réponses au Haft Gonbad [4] de Nezâmî et au Eskandarnâmeh [5] .

Son recueil de ghazâls, le Golestân-e Nâz, comprend cinq mille vers.

Un simple calcul montre clairement la prolixité de ce poète, rédigeant à la fois dans une grande simplicité et une langue fluide. Son style, très simple, était particulièrement en vogue durant le Xe et vers le début du XIe siècle. En utilisant un vocabulaire simple, il aborde les thèmes de la séparation et des retrouvailles, ainsi que de questions philosophiques, notamment dans son Golestân-e Nâz qu’il écrivit durant sa jeunesse :

(…) Une idole sans vie, j’entame mes premiers pas en amour

Cent fois je me suis brûlé les ailes et je me fais encore des illusions

Plutôt mourir que de me libérer de cette emprise

Je resterai sous son charme jusqu’à la fin de mes jours

Son départ a noirci mes jours (…)

On raconte à son sujet que malgré sa grande générosité surtout vis-à-vis des nécessiteux, il était plutôt d’humeur grise et il lui arrivait assez souvent d’injurier son entourage. Mis à part ce défaut, c’était un grand patriote. Lorsque le sultan indien parlait de ses projets d’envahir l’Iran, il fit la promesse de léguer les terres d’Ispahan au poète. Rouh-ol-Amîn répondit alors : "A condition de m’y emmener en otage".

Il mourut pourtant loin de son pays, à Delhi, en 1047

 

Notes

[1Poète originaire de Khouaf (ville de la province du Khorâssân, à 250 kilomètres au sud-ouest de Mashhad), qui oeuvra beaucoup dans la voie culturelle en Inde.

[2Roi de Golcondeh qui régna entre 989 et 1020 (le Deccan ou Dekkan désigne le plus souvent un vaste plateau de l’Inde)

[3Hakîm Sanâ’î est l"un des plus grands poètes de la langue persane du VIème siècle, célèbre pour ses Ghassîdehs et ses Masnavîs.

[4Nezâmî Ganjavî, poète du VIème siècle. Les plus célèbres épopées amoureuses en persan sont ses œuvres. C’est lui qui introduit la langue parlée dans la littérature persane.

[5Le Masnavî est signé Nezâmî Ganjâvî, qui se servit des sources historiques ou des légendes sur Alexandre pour compléter son travail. Eskandarnâmeh possède deux parties : Sharafnâmeh et Eghbâlnâmeh.


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