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Tout au long de l’histoire des envahisseurs, à cheval ou à pied, en bateau ou en avion ont tenté de forcer les frontières des territoires voisins sous l’influence de leurs désirs expansionnistes. De là le concept de "défense", pris en compte par les souverains, chefs des pouvoir publics. Il leur est donc venu à l’idée qu’il fallait des structures fortes, des points stratégiques empêchant les envahisseurs de pénétrer à l’intérieur de leur territoire. C’est ainsi que les forteresses, ces grands bâtiments de terre et de pierre dotés de puissantes murailles ont vu le jour près des centres de civilisation.
Rey, cette importante ville, vieille de plus de 6000 ans de civilisation ne fait pas exception à cette règle. Située sur la Route de la Soie, en un lieu géographiquement, historiquement et stratégiquement important, elle a souvent été prise pour cible et c’est grâce à ses forteresses qu’elle a pu échapper, à plusieurs reprises, à de graves destructions. Pourtant, elle ne sut éviter ni l’invasion mongole qui laissa, suite à deux attaques sauvages, que ruines de ce qui fut la belle ville de Rey, ni celle des Ghaznavides. Malgré cela, elle est toujours debout, représentant le passé riche et plein de gloire de la Perse antique.
L’une des grandes forteresses de la ville s’appelait "Gabrî". Le mot "gabre" ou "guèbre" signifie zoroastrien. De ce fait il n’est guère difficile de retrouver le bout de l’écheveau étymologique de ce nom à travers l’histoire depuis la dynastie sassanide ou plus probablement arsacide.
La forteresse de Gabrî se situe au sud-est de l’ancienne Rey et le voyageur ou chercheur- historien peut aujourd’hui facilement la découvrir dans le quartier Alaa’een, à l’est du mausolée de Shâh Abdol ’Azîm, l’un des descendants des Imams shiites. D’après certaines sources, ainsi que sur la base de l’apparence de l’endroit, elle fut bâtie sur la partie la plus haute de la ville, sur une colline également nommée "Gabrî". En ce qui concerne la colline même, elle semble avoir été dans le passé le sépulcre du fondateur de la dynastie Zîarîde, Mardavidj-e-Zîarî. Dans son livre Les Monuments historiques de l’Ancien Rey, Hussein Karîmân écrit :"Selon les documents historiques, les vestiges découverts sur la colline Gabrî sont probablement ceux de la tombe de Mardavodj-e-Zîarî. Il fut visiblement enterré à Rey après son assassinat en 323 h.l./943 à Ispahan." Et de l’immense forteresse de Gabrî, il ne reste aujourd’hui qu’un enclos de hauts murs de terre et de briques crues, déployé sur une aire d’environ deux hectares. La hauteur des murs varie entre 10 et 13 mètres. Malheureusement, l’on a encore peu de données exactes sur cette forteresse, et des recherches historiques et archéologiques seraient nécessaires. Mais selon quelques sources, ce monument appartiendrait à l’époque arsacide et serait vieux de 2250 ans. Les quatre tours d’observation sont toujours debout aux quatre angles de la forteresse, même si elles sont aujourd’hui déformées et salies. Toujours d’après ces sources anonymes, avant la Révolution islamique, la forteresse servait d’usine de fabrication de poudre à canon. Et depuis la mort du propriétaire de l’usine, l’espace intérieur sert de dépôt au mausolée de Shâh Abdol-’Azîm.
Bien que la nature ait été généreuse avec les habitants de Rey, elle s’est montrée assez hostile aux traces laissées sur terre par les hommes, qui ont depuis toujours à subir les assauts des éléments naturels tels que la pluie, la neige, le vent, le soleil et les tremblements de terre. Pourtant, la forteresse de Gabrî paraît inébranlable, toujours vivante, semblant avec beaucoup de patience vivre dans l’attente de se voir redécouverte, lavée de la poussière de l’oubli. "Existerait-il un parapluie ou un parasol assez grand pour protéger la forteresse du soleil et des pluies ?", pensait avec souci une visiteuse…" Et qui va le premier le tenir...qui va… ", continuait-elle à penser.
A suivre…