N° 26, janvier 2008

Les décorations en stuc dans l’architecture arsacide et sassanide


Babak Ershadi


Les quatre cents ans de règne de la dynastie sassanide (IIIe-VIIe siècle) marquèrent l’apogée de la culture et de la civilisation de la Perse ancienne. Elle se manifesta non seulement dans le domaine de l’art, mais également dans celui de la culture religieuse et politique de l’empire sassanide. Le patrimoine de cette période reflète la grandeur d’un empire puissant qui régnait sur une immense partie du monde de l’époque, où la Perse comptait parmi les plus importants centres de production culturelle et artistique.

Les souvenirs de cette période à la fois prolifique et somptueuse de l’art perse de la dynastie sassanide sont conservés, de nos jours, dans les grands musées du monde dont Le Louvre, le British Museum, le Musée de l’Ermitage…

La période de la dynastie des Sassanides fut donc une époque brillante de l’histoire de la culture et de la civilisation iranienne, en ce sens qu’elle a assuré d’une part la survie du patrimoine artistique et culturel du passé, et a joué, de l’autre, un rôle important dans la créativité de l’art sur une échelle universelle. A son apogée, l’empire des Sassanides régnait sur d’immenses régions ; de l’Arménie au Nord vers les côtes du golfe Persique et la mer d’Oman au Sud ; et de l’Euphrate à l’Ouest à l’Indus à l’Est.

Statuette en plâtre d’un pigeon venant probablement de Tappeh Mîl, fin de la période sassanide, début de la période islamique.

La chute de la dynastie des Sassanides et l’effondrement de leur empire n’ont pas mis fin à la vie culturelle et artistique de la Perse. En effet, sous la dynastie des califes omeyyades et puis des califes abbassides, la culture et l’art iraniens ont exercé une immense influence sur l’art et la culture islamique. Pendant cette période, les concepts de l’art iranien ont circulé dans le monde entier.

Etant donné l’immensité de l’empire des Sassanides et la diversité culturelle et climatique des différentes régions de l’empire perse, la présentation d’une étude générale sur tous les aspects de l’art sassanide est quasi-impossible. Il convient donc, pour des raisons méthodologiques, d’examiner séparément les différentes disciplines de la production artistique pendant cette période.

Les monuments architecturaux de l’époque des Sassanides comptent notamment d’importantes décorations en stuc des mosaïques et des peintures murales. Pendant cette période, l’usage de la pierre - qui était l’un des principaux matériaux de construction - a laissé la place à l’usage très abondant des briques. Par conséquent, les décorations en stuc des mosaïques et la peinture murale ont connu un essor fulgurant dans l’architecture perse, notamment pour la décoration et le revêtement des murs. Selon les données archéologiques, les vestiges les plus anciens de l’art du stuc en Iran appartenaient à la civilisation élamite et ont été découverts à Haft Tappeh, dans la province du Khûzistân. Les murs et les voûtes de brique étaient souvent revêtus de plâtre, ainsi que le plancher.

Fragment de décoration en stuc représentant un animal ailé, Tchâl Tarkhân, fin de la période sassanide, début de la période islamique.

A l’époque de l’empire achéménide, les maçons des chantiers royaux utilisaient le plâtre pour revêtir les colonnes de bois (surtout dans la célèbre salle de Dârius Ier à Persépolis), mais aussi pour revêtir les rebords du bas des murs et des fondations (comme c’est le cas pour le tombeau de Cyrus le Grand à Pasargades).

Durant les fouilles du palais de Pasargades, les archéologues ont découvert des décorations de stuc en couleur dans la salle principale du palais. Les spécialistes estiment que ces travaux décoraient autrefois le haut des colonnes de pierre. A Persépolis, des morceaux de stuc ont été découverts dans la salle du trésor. Selon Schmitt (1953), ces ornements en stuc servaient à décorer les colonnes de bois.

Les archéologues ont également découvert les vestiges de ces décorations en stuc dans le palais des Achéménides à Suse. Les travaux du professeur Hertzfeld à Kouh-e Khâjeh, appartenant à l’époque des Arsacides, montrent que les maçons de cette période utilisaient eux aussi le plâtre pour revêtir les murs de brique. La couche de plâtre était souvent ornée de figures humaines ou animales peintes ou gravées. Parmi les pièces découvertes à Kouh-e Khâjeh, on peut notamment citer la répétition et la combinaison de motifs géométriques et de cercles qui se chevauchent sur des travaux en stuc (Sajâdî, 1995).

Sous les Sassanides, la croissance économique contribua à l’augmentation considérable de la demande de travaux en stuc, surtout pour décorer les palais royaux et les demeures aristocratiques. Il est à noter que l’idée de décorer les habitations et les grands monuments par des travaux en stuc était à l’origine une tradition héritée des Parthes, qui l’avait introduite dans la Perse ancienne en s’inspirant des Grecs et des romains. Cependant, ce style prit au fur et à mesure des traits orientaux pour s’adapter aux concepts et formes artistiques iraniens. Les travaux en stuc de l’époque des Arsacides étaient très fins et combinaient avec une grande habilité les éléments décoratifs iraniens et grecs.

Fragment d’une décoration en stuc, Bîshâpour, période sassanide.

Sous les Sassanides, l’usage du plâtre connu un essor considérable, tant pour le revêtement des murs que pour le décor des façades extérieures ou les parties intérieures des bâtiments.

Le plâtrier parthe utilisait des outils simples et travaillait souvent à la main, tandis qu’à l’époque des Sassanides, les plâtriers utilisaient habilement la technique du moulage : ils utilisaient des moules pour préparer les pièces de plâtre préfabriquées avec des couleurs différentes, et ils les appliquaient ensuite sur la surface finale.

Ces ornements en stuc portaient des motifs végétaux (fleur, feuille, fruits, etc.) ou des figures animales (sanglier, antilope, cerf, bélier, lion, animaux fabuleux). Les figures humaines représentaient souvent des personnages différents dans les scènes de chasse ou de liesse. En s’inspirant des traditions helléniques, on représentait aussi les rois et les souverains, des hommes ou des femmes vêtus ou nus ainsi que des enfants.

L’art de l’ornement du stuc à l’époque sassanide était caractérisé par la symétrie et la répétition des motifs. Ces décorations étaient utilisées surtout dans les travaux en stuc destinés aux plafonds, piédestaux, ou encore à des colonnes et des murs. Sous les Sassanides, les artistes avaient rénové et réutilisé les motifs décoratifs des époques passées, surtout ceux des civilisations égyptienne et achéménide.

Panorama du site historique de Bîshâpour

Les rares exemples qui nous restent de l’époque des Arsacides et la plupart des décorations en stuc de l’époque des Sassanides, présentent une diversité technique et esthétique considérable. Dans le Palais d’Ardeshîr Ier ainsi que dans le palais fortifié de Ghal’eh Dokhtar à Firouzâbâd (au sud de Shîrâz), les ornements sont simples et reprennent plutôt des motifs décoratifs égyptiens et achéménides. Plus tard, les Sassanides ont utilisé des plans plus complexes sous des formes plus diversifiées du point de vue technique et esthétique, dont on peut admirer les exemples à Bîshâpour, ancienne capitale de l’empire (Girshmann 1971). Les rares décorations en stuc datant de l’époque des Arsacides et les travaux en stuc de l’époque des Sassanides ont été découverts dans plusieurs sites archéologiques dont Tchâl Tarkhân (Ray), Tappeh Hessâr (Dâmghân), Ghal’e-ye Yazdgerd (Ghasr-e Shîrîn). Par ailleurs, de nombreuses pièces ont été découvertes lors de fouilles illégales dont on n’a pas pu déterminer avec exactitude l’emplacement.

Tchâl Tarkhân

Le site archéologique de Tchâl Tarkhân est situé à 4 km d’un village du même nom, à quelques 20 km au sud de Rey. Les opérations de fouilles ont été réalisées à partir de 1936 par une mission conjointe du Musée des Beaux-Arts de Boston et du Musée de l’Université de Philadelphie, et présidées par Eric Schmidt. Pendant ces fouilles, de précieux vestiges architecturaux dont des travaux en stuc d’une grande diversité, appartenant à la fin de l’époque sassanide et au début de la période islamique ont été découverts. La plupart de ces pièces ont été transférées au Musée de Philadelphie, avant d’être remises au Musée de Pennsylvanie. Le site archéologique de Tchâl Tarkhân se trouve sur une colline où se trouvent les vestiges d’une fortification de forme rectangulaire. Les ruines de deux ensembles architecturaux appartenaient à un palais principal ainsi qu’à un second palais situé au nord-ouest du site.

Les archéologues y ont également découvert de nombreuses pièces de poterie, des cachets et des pièces de monnaie, ainsi que des fragments de décorations en stuc. Selon les spécialistes, les fragments découverts sur ce site révèlent l’évolution déterminante de l’art du stuc à la fin de l’époque sassanide et au début de l’époque islamique. Nombre de ces pièces sont conservées au Musée National d’Iran. Ces fragments représentent des motifs d’animaux et d’humains ou leur combinaison, des scènes de chasse et de liesse, des animaux fabuleux, ainsi que des motifs végétaux. La plus belle pièce de ce site est conservée actuellement au Musée de Philadelphie ; elle représente une scène de chasse aux sangliers : le roi combat à la fois deux sangliers, les poursuit et les tue (Thompson, 1976).

Décoration en stuc représentant un bélier, Tappeh Hessâr, Ve siècle ap. J.-C.

Parmi les pièces conservées au Musée National d’Iran, nous pouvons citer la scène de chasse du roi Bahrâm, des médaillons représentants des oiseaux, des béliers, des raisins, etc. Une grande partie de ces pièces décorait le revêtement de plâtre des colonnes, et comportait des motifs décoratifs, végétaux ou géométriques. Il est difficile pour les spécialistes de fixer avec exactitude la date de ces décorations. En d’autres termes, ces fragments peuvent aussi bien dater de la fin de l’époque sassanide que du début de la période islamique.

En 1924, un archéologue français a transféré au Musée du Louvre quatre fragments de stuc découverts à "Nizâmâbâd", sans en localiser toutefois l’emplacement précis. L’étude du rapport de cette découverte n’a pas non plus permis pas de localiser "Nizâmâbâd". En 1927, Hertzfeld a présenté, lui aussi, plusieurs fragments de stuc connus plus tard comme des pièces découvertes à ce mystérieux "Nizâmâbâd".

Wanderberg fut le premier chercheur à présenter l’hypothèse selon laquelle Nizâmâbâd et Tchâl Tarkhân de Hertzfeld n’étaient, en réalité, que deux noms désignant le même site. En effet, il y avait dans les archives de Hertzfeld une photo du site archéologique de Tchâl Tarkhân, en dessous de laquelle le nom de Nizâmâbâd avait été écrit. La présence d’un village appelé "Nazarâbâd" - avec lequel pourrait se confondre le nom de "Nizâmâbâd" - à proximité du site de Tchâl Tarkhân vient renforcer cette hypothèse (Sajâdî, 2004).

Bîshâpour

Le site historique de Bîshâpour se situe au pied des montagnes Kouhamreh, à quelques 23 km à l’ouest de Kâzeroun. La ville ancienne de Bîshâpour se trouvait sur l’une des principales routes de l’ancienne Perse.

A l’époque des Achéménides, cette route royale reliait Persépolis et Estakhr à l’ancienne ville de Suse. Sous les Sassanides, cette même route était utilisée pour relier Firouzâbâd et Bîshâpour à Ctésiphon. Des fouilles archéologiques du site de Bîshâpour ont été effectuées entre les années 1935 et 1940. Pendant trois saisons de fouilles, la mission archéologique a concentré ses recherches sur le complexe royal de l’ancienne ville de Bîshâpour (palais/temple).

Le principal élément de ce complexe est un haut bâtiment en pierres taillées. Il s’agit, selon Girshmann, d’un temple du feu, tandis que Sarâfraz le considère comme un temple d’Anâhîtâ. Une grande salle couverte décorée en stuc et peinture, ainsi qu’une cour ornée de mosaïque ont été également découvertes par la mission archéologique française.

Buste d’homme en plâtre, Hâjîâbâd, IVe siècle ap. J.-C.

Les fouilles ont été interrompues pendant une trentaine d’années jusqu’à ce que l’Organisation nationale de l’archéologie ne décide finalement de reprendre les travaux, en expédiant sur place une nouvelle mission présidée par ’Alî Akbar Sarâfraz, chargé de poursuivre les fouilles archéologique à Bîshâpour.

De nouvelles fouilles ont été effectuées de 1968 à 1974. Cette fois-ci, les archéologues ont découvert de nombreux ouvrages en stuc des iwans, dans la cour et dans la salle cruciforme du palais royal, typiquement sassanides : ces morceaux représentent des formes végétales, des motifs géométriques ainsi que des combinaisons avec des motifs d’animaux.

Outre ces motifs décoratifs en stuc, les archéologues ont aussi découvert des fragments de statues de plâtre de différentes couleurs dans les iwâns du palais royal. Ces statues étaient probablement placées dans les niches. Selon les données archéologiques, la plupart des motifs des décorations en stuc qui ont été découverts à Bîshâpour ont des ressemblances incontestables avec les fragments de stuc découvert à Dâmghân, à Kouh-e Khâjeh, ainsi qu’en Mésopotamie (Ctésiphon) et à Kîsh.

Tappeh Hessâr

Le site de Tappeh Hessâr est situé à 3 km au sud-est de Dâmghân, au sud de la montagne d’Elbourz. Les vestiges d’un vaste complexe architectural datant de l’époque des Sassanides a été découvert à Tappeh Hessâr dans les années 1931-1932 par une mission archéologique conjointe du Musée des Arts et du Musée de l’Université de Pennsylvanie, dirigée par Eric Schmidt. Les monuments sassanides de Tappeh Hessâr comprennent un complexe administratif et un pavillon situé à l’est du site. Dans le complexe administratif, les archéologues ont découvert une salle avec trois colonnades, chaque colonne ayant une hauteur de 175 cm. La base des colonnes porte des décorations en stuc. Des fragments en stuc représentent des motifs d’animaux dont le sanglier, le cerf et l’antilope ou des motifs végétaux. Les archéologues y ont également découvert plusieurs décorations en stuc représentant des blasons et des signes distinctifs des grandes familles sassanides. Ces blasons portent des signes diversifiés tels que le croissant, le triangle, le cercle, le carré ainsi que des caractères de l’écriture Pahlavi. Les signes utilisés dans les blasons avaient souvent des significations très vastes pour pouvoir faire distinguer une famille noble des autres. Abondent également des tablettes décorées d’une tête de sanglier. Selon les spécialistes, ce motif était utilisé surtout vers la fin de la période sassanide (Schmidt, 1937). Dans l’Avesta, le sanglier est un symbole de la puissance et un signe du dieu de la victoire (Izâd Bahrâm). De nombreux morceaux de stuc représentent le bélier, symbole de fécondité et de pouvoir bien avant l’époque des Sassanides. Dans son ouvrage L’Iran sous les Sassanides, Arthur Christensen relate que les rois et princes sassanides portaient parfois des casques garnis des cornes de bélier pendant la guerre. Dans ce sens, l’historien Ammianus Marcellinus souligne que le roi sassanide Shâpour II portait un casque garni de cornes de bélier lors de la guerre contre l’armée de l’empereur romain Julien le Païen.

Fragment de décoration en stuc représentant une figure de Sîmorgh, Ghal’eh-ye Gazdgard, fin de la période arsacide, début de la période sassanide.

Le cerf, quant à lui, était le symbole du soleil, de la renaissance, de la création et du feu. Il représentait donc la puissance de la lumière face aux ténèbres, et était considéré comme un messager des divinités. Sa rapidité et son agilité faisaient de lui un symbole du vent.

Hâjîâbâd

Le site de Hâjîâbâd se situe à proximité d’une grande ville du même nom à 60 km au sud-ouest de la ville de Dârâb (à 280 km à l’est de Shîrâz). C’est en 1976, lors des travaux de construction d’une route au nord du village que de nombreux travaux en stuc ont été découverts. A cette époque là, les forces de la gendarmerie se sont chargées de protéger ce site.

Un certain nombre de ces fragments ont été exposés au public pendant le 6ème Congrès d’archéologie (du 31 octobre au 30 novembre 1976), avant d’être confiés au centre d’archéologie de Téhéran.

Les premières fouilles archéologiques du site de Hâjîâbâd ont été effectuées en 1978 par une mission dirigée par M. Azarnoush.

Au cours de ces travaux, les archéologues ont découvert les vestiges d’une "maison de maître", vraisemblablement une maison de campagne appartenant à un aristocrate sassanide, sous l’empereur Shâpour II (309-379 ap. J.-C.). Tout près de ce bâtiment, les archéologues ont également découvert les vestiges d’une petite maison et d’une forteresse. Les bâtiments sont construits essentiellement en brique. Ce complexe se compose de trois éléments principaux :

- La partie centrale qui compte deux cours et deux iwâns dont les murs sont décorés de peinture ou de stuc.

- Un espace réservé au culte et aux cérémonies religieuses, décorés en stuc. Les spécialistes estiment qu’il s’agit probablement d’un temple dédié à Anâhîtâ.

- Une série d’espaces intérieurs et de petites cours dépourvues de décorations importantes, car ils étaient vraisemblablement des résidences privées (Azarnoush, 2001).

Les spécialistes répartissent les ouvrages et les fragments en stuc découverts à Hâjîâbâd en deux catégories : d’abord, les ouvrages décoratifs de l’architecture dont les fragments représentant des formes géométriques, des motifs végétaux, animaux ou humains ; ensuite des statues et statuettes représentant des formes animales et humaines ou des animaux fabuleux.

Décoration en plâtre représentant une croix, Khârk, fin de la période sassanide, début de la période sassanide.

Ces statues ou statuettes en stuc, de formes et de tailles très variées, servaient uniquement d’éléments décoratifs et étaient entièrement dépendants du plan architectural des bâtiments. En d’autres termes, dans la tradition des Perses, la sculpture n’existait pas en tant qu’expression artistique à part. Par ailleurs, les rares exemples de l’art sculptural qui restent de l’époque des Achéménides ne sont pas l’œuvre d’artistes perses, mais d’artistes ou d’artisans appartenant aux cultures voisines de l’empire achéménide. La grande statue de Darius Ier est sans doute l’œuvre d’un artiste égyptien.

A l’époque sassanide, les maîtres sculpteurs utilisaient souvent des moules pour créer des statues humaines ou animales en plâtre. Ils fabriquaient alors des moulages des parties différentes du corps qu’ils assemblaient ensuite par des techniques appropriées. Pour des statuettes, ils façonnaient tout le corps par un moulage unique.

Selon les documents existants, les travaux en stuc de Hâjîâbâd étaient techniquement supérieurs aux décorations en stuc de la forteresse de Yazdgerd. D’après les archéologues, les statuettes qui ornaient les niches représentaient la déesse de l’eau et de la fécondité, Anâhîtâ. Les Grecs l’appelaient Anaiti et la confondaient tantôt avec Artémis, tantôt avec Aphrodite.

Panorama du site de Tappeh Mîl.

A Hâjîâbâd, les missions archéologiques ont découvert aussi des médaillons représentant l’empereur Shâpour II ainsi que d’autres personnalités importantes de l’époque. Un buste de Shâpour II était placé sur un piédestal au milieu de la cour du temple d’Anâhîtâ. De tels bustes de rois et d’empereurs sassanides ont été découverts également au Kurdistan et en Mésopotamie. D’après l’examen du style de ces bustes, ils dateraient du IIIe siècle de notre ère. Les spécialistes estiment que les artistes sculpteurs utilisaient souvent un moulage unique pour façonner le corps de leurs statues et qu’ils appliquaient ensuite des détails (visage, couronne, coiffure, etc.) en fonction du rang politique et social de la personnalité représentée par la statue (Azarnoush, "Sept mille ans d’art en Iran", 2001).

Ghal’eh-ye Yazdgerd

Le site de Ghal’eh-ye Yazdgerd se situe près de la ville de Ghasr-e Shîrîn (ouest), dans une fortification naturelle de la chaîne de montagnes Zagros. Le site est protégé au nord et à l’ouest par une falaise, tandis qu’une masse rocheuse située à l’est du site permet à la forteresse de communiquer avec le mont Dalahou.

La légende raconte que cette forteresse fut le dernier abri du dernier empereur sassanide, Yazdgerd III ; cependant, les fouilles effectuées sur ce site par le Musée royal d’Ontario dans les années 1975-1980 ont prouvé qu’elle avait été construite quatre siècles avant l’invasion arabe.

Fragment d’une décoration en stuc représentant des motifs végétaux, Tappeh Mîl.

Les premières recherches archéologiques du site de Ghal’eh-ye Yazdgerd ont été menées par l’Institut britannique d’études iraniennes en 1965. Deux ans plus tard, en 1967, Edward Keall publia un article sur les décorations en stuc appartenant à l’époque sassanide découvertes à Ghal’eh-ye Yazdgerd. Selon lui, ce lieu ne fut habité que pendant une courte période de cinquante ans vers la fin de l’époque des Arsacides, au moment où leur pouvoir déclinait face à la montée des Sassanides. A en croire E. Keall, cette forteresse n’appartenait ni aux Arsacides ni aux Sassanides, mais à un seigneur qui pillait les caravanes de la Route de la Soie. Cette forteresse riche en décorations en stuc de grande qualité serait donc la résidence hivernale du chef des pillards (Herman, 1994). Ces décorations sont caractérisées par la répétition des motifs cruciformes en vogue sous les Arsacides et les Sassanides. Ces formes se répètent à l’infini sur tous les murs intérieurs de ce monument. Selon les spécialistes, il est impossible d’identifier l’origine de ces motifs qui étaient utilisés depuis des temps très anciens un peu partout en Asie mineure, en Mésopotamie et sur le plateau iranien. L’autre particularité des décorations en stuc de ce site réside dans l’abondance des figures humaines nues ou des êtres hermaphrodites. Selon Girshmann, l’apparition des figures humaines nues à l’époque sassanides est la conséquence directe d’une influence étrangère, celle des Grecs et des Romains. La représentation d’une femme nue ailée serait, par exemple, une reproduction d’une légende grecque ; celle de Cupidon, mythe de l’amour et de la sensualité. Même les visages trahissent les traits romains. Par contre, les figures animales de Ghal’eh-ye Yazdgerd reprennent les anciennes traditions de la Mésopotamie, tandis que les visages d’hommes témoignent d’une inspiration directe de l’art arsacide.

Certains ouvrages en stuc représentent des figures animales telles que griffons, sîmorghs (oiseau fabuleux des légendes iraniennes) et lions ailés. La décoration en stuc était fabriquée souvent selon deux techniques différentes : l’artiste utilisait parfois le moulage. Les parties de l’œuvre étaient moulées, avant d’être assemblées. Les artistes travaillaient aussi à la main, sans se servir du moulage.

Khârk

L’île de Khârk, située au nord du Golfe Persique, à 58 km du port iranien de Boushehr. Long de 10 km et large de 4 km, Khârk est une île de corail dont la formation remonte, selon les géologues, à il y a un million d’années ; cependant, elle n’a émergé des eaux du Golfe Persique qu’il y a 14 000 ans. Les documents historiques qui citent pour la première fois le nom de Khârk datent du Ier siècle av. J.-C., mais certains vestiges datant de la civilisation élamite découverts sur cette île indiquent qu’elle aurait été habitée depuis au moins trois mille ans avant notre ère.

Panorama du site de Ghal’eh-ye Zahhâk.

Au début du XXe siècle, Hertzfeld a visité l’île de Khârk, et dans les années 1959-1960, la compagnie nationale du pétrole a parrainé les fouilles archéologiques sur cette île. Girshmann a entamé ses recherches sur place à partir de 1962.

Les vestiges les plus anciens découverts à Khârk par la mission archéologique française sont deux tombes mégalithiques datant environ du deuxième millénaire av. J.-C.

La découverte des vestiges d’un temple grec, d’un temple de feu zoroastrien, d’une église nestorienne, et d’une mosquée très ancienne témoigne de la coexistence des adeptes de plusieurs religions sur cette île. Le temple grec a été détruit au IVe siècle de notre ère, et un temple de feu zoroastrien a été construit sur les ruines de ce temple, sous les Sassanides. Au VIIe siècle, la plupart des temples zoroastriens a progressivement été transformée en mosquées.

Le Christianisme s’est propagé en Iran dès le Ier siècle. A partir du Ve siècle, le nombre des chrétiens nestoriens qui vivaient sur l’île de Khârk a augmenté considérablement. L’ordre nestorien était une branche autonome de l’église de l’Orient qui s’était développé en raison des conflits politiques constants entre les deux empires romain et perse. Les nestoriens croyaient à la dualité de la nature humaine et divine de Jésus-Christ, ce qui les rapprochait naturellement des croyances dualistes des zoroastriens. Les prêtres nestoriens fondèrent une église sur l’île de Khârk. Le monument nestorien est entièrement construit en pierre finement taillée, et, à l’instar de l’architecture sassanide de l’époque, il comprend trois enceintes séparées dont la plus grande se trouve au milieu des deux autres (Sarâfraz, 1976). Des décorations en stuc ont été découvertes dans la salle de la chorale, ainsi que sur les murs extérieurs du monument. Les principaux motifs de ces décorations sont des figures géométriques et végétales. Certaines décorations en stuc ressemblent aux décorations de Tâgh-e Bostân à Kermânshâh, ce qui permet aux spécialistes de fixer la date de la construction de cette église nestorienne vers le Ve et VIe siècles. Dans le cimetière de l’église, on peut notamment admirer de nombreuses pierres tombales sur lesquelles figure la croix de l’ordre nestorien, ce qui témoigne du nombre considérable de chrétiens nestoriens à Khârk à l’époque de Sassanides (Girshmann, 1960).

Tappeh Mîl

Le site historique de Tappeh Mîl se situe à 11 km au sud-est de Téhéran, dans la zone culturelle et historique de Rey. Le site se trouve dans une immense plaine qui s’étend de Ghazvîn à Varâmîn, au sud des montagnes d’Elbourz. Les premières fouilles archéologiques y ont été effectuées au début du XXe siècle par une mission archéologique française, qui découvrit des vestiges de bâtiments anciens sur la colline de Tappeh Mîl. Compte tenu du plan architectural de ces bâtiments, il semblerait qu’ils appartiennent probablement à l’époque sassanide. Les poteries et les décorations en stuc viennent confirmer cette théorie, bien qu’il soit pratiquement impossible de fixer avec exactitude la date de la construction de cet édifice.

Au début des années 1960, une mission archéologique iranienne présidée par M. Hâkemî a repris les opérations de fouilles sur le site de Tappeh Mîl. Une série de travaux de restauration a été ainsi effectuée de 1962 à 1965, pour être plus tard complétée par une autre opération de fouilles et de restauration en 1999.

Le site de Tappeh Mîl se situe sur une colline relativement haute dominant la plaine qui entoure. L’entrée principale de l’édifice communique avec la cour centrale située une hauteur de 12 m par rapport au niveau absolu de la plaine. La salle principale (35×70 m) se situe à un niveau plus élevé, en haut de la colline.

Les monuments du site de Tappeh Mîl sont faits de pierre et de brique, ce qui favorisait l’application des décorations en stuc sur différentes parties de ces bâtiments. Une grande partie de ces décorations extrêmement précieuses ont été pillées vers la fin de la dynastie des Qâdjârs ; cependant, les fragments qui restent révèlent la richesse technique et esthétique de cet art de plâtre représentant des motifs géométriques ainsi que des figures végétales et animales très variées.

Bandiân

Les fouilles archéologiques du site de Bandiân ont été effectuées pour la première fois par une mission dirigée par Mahdî Rahbar en 1994. Le site se trouve à 2 km au nord-ouest de la ville de Dargaz, à 20 km seulement des frontières du Turkménistan.

Dargaz se situe au pied du mont Allah-o-Akbar et des montagnes de Hezâr Masjed, sur une plaine cultivée. Le site historique de Bandiân s’étend sur trois petites collines proches les unes des autres. Selon les résultats des recherches historiques, cet endroit a été habité depuis le Ve millénaire avant notre ère. Les archéologues ont découvert à Bandiân des vestiges datant de trois époques différentes. Les vestiges d’une salle de culte du feu, d’un iwân, ainsi qu’une vaste salle de prière ont été découverts à Bandiân. Le plafond de la salle principale s’appuyait sur quatre colonnes de plâtre finement travaillées, mais dont la partie supérieure a été détruite. Sur les murs intérieurs de la salle principale, on peut observer des décorations en stuc représentant des scènes différentes : une scène de chasse de deux cavaliers poursuivant deux cerfs, le combat d’un cavalier - vraisemblablement un roi sassanide - contre deux cavaliers et une scène représentant une femme avec une cruche d’eau à la main.

Devant l’autel de la salle de prière, les décorations en stuc représentent les portraits de cinq personnalités alors que sur le mur opposé figurent un temple et deux hommes portant des habits officiels et entourant une personnalité importante. Une épigraphe de six lignes en langue pahlavî indique le nom de ce personnage, celui de son père et de son frère. L’existence de cet épigraphe ainsi que le style et le sujet des scènes permettent aux spécialistes de fixer la date de la construction de ce bâtiment au milieu de la période sassanide, c’est-à-dire vers 425 de notre ère, sous le règne de l’empereur Bahrâm V.

Ghal’eh-ye Zahhâk (Ejidahâk)

Le site de Ghal’eh-ye Zahhâk (Ejidahâk) se situe à 16 km au sud-est de la ville de Sareskand (dans la province d’Azerbaïdjan de l’Est). Ce site historique a été exploré par plusieurs missions archéologiques britanniques et allemandes de 1830 à 1971. Mohammad Tâghî Mostafavî fut le premier archéologue iranien à effectuer des fouilles sur ce site en 1971. Plus tard, de 2000 à 2004, une autre mission archéologique iranienne dirigée par Djavâd Ghandgar a mené deux séries de fouilles sur le site de Ghal’eh-ye Zahhâk. Ces travaux ont abouti à la découverte d’une grande salle et des couloirs latéraux, ainsi que de nombreux fragments de décorations en stuc avec des motifs très variés : des figures humaines et animales, des formes géométriques et des végétaux, etc.

Les recherches effectuées sur le site de Ghal’eh-ye Zahhâk montrent que ce monument était une ancienne forteresse sassanide, construite sur un monument plus ancien appartenant à l’époque arsacide. Les fouilles des années 2000-2004 ont prouvé que la salle et ces couloirs cruciformes datent de l’époque arsacide, tandis que les couches supérieures remontent à l’époque sassanide ainsi qu’au début de la période islamique. Ces recherches montrent également que ce complexe était une forteresse militaire et avait en même temps une fonction religieuse.


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2 Messages

  • Les décorations en stuc dans l’architecture arsacide et sassanide 7 septembre 2012 18:55, par Delia Maria MUSSO

    {{}} Chers MM :

    Il m dínormation propre et illustrations de ce periode.

    Merci bien.

    Je reste à vous, comme toujours,

    Delia Mariam Musso
    Étudiante d’Histoire Antique, Médieval et de l’Art avec une préference speciale de
    l’Art complet de votre pays. A la Facultad de Humanidades y Ciencias de la Educación de Montevideo, República Oriental del URUGUAY SUD AMERICA.

    J’eu l’honneur d’être invitée au "2nd Congress Iranien et Internatiomnal de Poésie" à
    Tehran Octobre 8-13 en 2011, l’année derniere.
    Et on nous ont fait cadeau d’une visite à PERSEPOLIS !! Bien qu’il faisait chaud (50) des larmes de joie ont
    baignait mon isage et mon coeru comme de l’eau qui coule.

    MERCI, MERCI. MAN IRAN RA DUST DARAM !!

    SALAM ALEYKUM.

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  • Les romains avait un ennemi qui les obsédait, les parthes. les perses... tous c’étaient donné comme nom Aryen du sanskrit et du vieux-perse qui signifie Noble, ils avaient comme emblème entre autre la croix gammé, beaucoup de gourmette en or furent trouvées, l’or ce fabuleux métal d’origine extra-terrestre ne rouille pas, qu’il soit dans l’eau, dans la terre ce métal arrive sur terre par des comètes c’est pour cela qu’il est si difficile à trouver. Mais ce dont je voudrais parler c’est dans un fabuleux livre sur les légions romaines, ces dernières ce sont toujours inspiré d’autre armée en améliorant et en standardisant non seulement les armes, mais aussi les tenues, les romains ont inventés les uniformes, ils ont aussi inventé le devoir qu’avaient chaque légionnaires a astiquer son armure tout les jours. Je suis tombé sur les équipements sassanide que les romains ont copié, notamment ces casques en fer d’infanterie et les fabuleux casques de cavalerie sassanide qui protèges têtes, nuques, joues et nez oui le fameux casque protégeant le nez a été inventé par les perses. Les légions romains furent imbattable durant 700 ans sauf par les iraniens. En Europe on ne parle que des germains, mais les sassanides étaient militairement et culturellement supérieurs. Alors que le nom Aryen existe depuis 5000 ans, les allemands ce le sont attribués, aujourd’hui tout le monde croix que les aryens sont des allemands blonds aux yeux bleus, les perses étaient comme eux mais les allemands ont quand même volé ce nom

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