Né dans la ville de Hérât en Afghanistan au VIIe siècle de l’hégire (XIIIe siècle), Malek-o-Sho’arâ Razï-eddîn Heravi, qui versifia sous le nom d’Emâmî, est l’un des célèbres poètes de l’époque Ilkhanide. Il vécut d’abord à Kermân où il chanta la grandeur des princes de son temps et quitta plus tard cette ville pour Yazd, où il devint l’un des chantres de Shams-e-dîn Mohammad Tâzigouï, l’un des disciples de Shams-e-dîn Mohammad Sâhebdivân. Après cela, il prit le chemin d’Ispahan, ville où il resta toute sa vie.

Il se distinguait notamment pour sa connaissance des sciences rationnelles et de transmissions, mais également de par sa maîtrise des langues et littératures arabe et persane. Contemporain de Sa’adî, il fut préféré au Maître. Ce fut son contemporain, le poète Madjd-eddîn Hamgar [1] qui écrivit sous forme de quatrain le plus bel éloge d’Emâmî :

Bien qu’en rhétorique, nous sommes brillants

Bien que nous soyons les guêpes de l’éloquence de Sa’adî

De la poétique

De l’avis de tous

Nous ne sommes, ni moi ni Sa’adî, jamais aussi fort qu’Emâmî

C’est peut-être l’intérêt d’Emâmî pour le style Khorâssâni, que partageait Hamgar, qui le lui faisait préférer au maître, Sa’adî et aujourd’hui, nul doute que Sa’adî est aussi apprécié qu’Emâmî oublié. Par ailleurs, Emâmî répondit poliment lui-même à ce quatrain élogieux :

Quoique maître en rhétorique

Quoiqu’éloquent dans le monde des vers

Je sais que je ne suis pas comparable à Madjd-e Hamgar

Qui a de la pureté et de l’élégance le langage

Et Sa’adî, qui ne partageait pas les idées d’Hamgar, composa des vers en réponse au jugement dont il était l’injuste victime :

Celui qui ne peut atteindre au sublime

Ne l’atteint pas parce qu’il a mauvais cœur et malchance,

Hamgar qui ne s’inclina jamais

Comment s’étonner qu’il ne devienne point un Emâmî [2] ?

Ces débats versifiés mis à part, Mowlânâ Fakhr-e-dîn ’Alî Sâfî sut rendre le plus véridique hommage que l’on pouvait à Emâmî Herâvî, en disant de lui qu’il était un grand savant dans les domaines des sciences rationnelles et de transmissions.

L’étude des caractéristiques sémantiques de ses vers tend à prouver qu’Emâmî, même s’il restait discret à ce sujet, était un mystique.

En tous cas, Emâmî figure au rang des éminents poètes du XIIIème siècle. En restant fidèle aux styles classiques et aux thèmes en vogue de son époque, il fut à la fois un panégyriste remarquable et un compositeur de ghazals.

Il est notamment remarqué pour son Divân, recueil de panégyriques des rois et des ministres de Herât, de Kermân et d’Ispahân, ainsi que d’un Traité en arabe traitant notamment de l’ode dans l’œuvre de Zorromah [3].

Il décéda le 4 mars 1287.

Notes

[1Madjd-eddîn Hamgar, poète du VIIe siècle, contemporain de Sa’adî et Emâmî. Il fut reconnu pour son jugement à propos de la comparaison entre Sa’adî et Emâmî.

[2L’emâm est chargé de diriger la prière collective.

[3Poète arabe préislamique


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