Philippe Oberlin, chirurgien, fait partie de l’association de santé MRCA (Medical Refresher Courses for Afghans), présentée par Mireille Ferreira dans la Revue de Téhéran du mois de février 2009. Au retour d’une mission d’évaluation, il nous rapporte ses impressions sur l’Afghanistan, quelques mois avant la tenue des élections présidentielles (20 août 2009).

Chers tous,

Quelques nouvelles d’Afghanistan où je viens de passer 12 jours en mai : la sécurité était identique à l’an dernier, c’est-à-dire pas trop mauvaise.

Cela m’a permis d’aller au restaurant de nombreuses fois : restaurants pour expatriés avec triple contrôle à l’entrée ou restaurants afghans où l’on entre et sort comme on veut : ma préférence va bien entendu aux seconds.

Route de Baghlan à Samargan et Balkh

Surtout, j’ai pu aller à Mazar-e Sharif par la route, ce que je ne pensais pas pouvoir faire, mais mes petits camarades afghans m’ont dit que la route était très sûre : après la montée au Col de Salang à 3 300 mètres avec encore beaucoup de neige, la redescente sur la plaine d’Asie centrale était merveilleuse, car là, c’était le plein printemps. Tout était vert, avec de nombreuses fleurs, coquelicots en particulier. Les blés étaient très hauts, certains étaient déjà à moissonner et le riz poussait dans les rizières... Il faut dire que les très grosses chutes de neige et de pluie de cet hiver et de ce printemps sont annonciateurs de bonnes récoltes et c’est tant mieux pour tous. La route, c’est quand même mieux que l’avion, et il n’y a eu aucune inquiétude.

Roses

Les trois projets que nous avons fonctionnent tous bien, avec du personnel afghan très motivé, des indicateurs de santé en hausse : même si les données ne sont pas très fiables, le taux de couverture vaccinale, le nombre de consultations santé et postnatales, le nombre d’accouchements dans les centres de santé augmentent. Surtout, il y a une très bonne collaboration entre les projets et le Bureau de Kaboul. Une seule ombre, les financements (Commission Européenne et Agence Française de développement) ont tardé à arriver. Ils sont promis dans les jours qui viennent, mais la soudure a été difficile. Les gens attendent leurs salaires en continuant à bosser : quelle patience et quelle confiance en nous !

Route de Balkh à Samargan et Baghlan

Sur le plan du développement, l’électricité est à Kaboul 24 heures sur 24, ce qui est bien, les routes sont peu à peu refaites, il y a 7 millions d’enfants scolarisés (2 millions de filles seulement, mais c’est en augmentation). Tout cela va très lentement et pendant ce temps-là, les talibans en profitent. Ils profitent de la faiblesse de la communauté internationale qui s’est engagée à moitié tant pour la sécurité (la guerre !) que pour le développement. La guerre se gagnera par le développement et l’amélioration de la vie des gens, mais le développement n’est possible qu’avec un minimum de sécurité, donc il faut des soldats sur place. C’est l’analyse d’International Crisis Group (icg.org) et je suis d’accord.

Marché de Doshi

Il n’en reste pas moins deux très gros problèmes : d’un côté, la drogue et la corruption qui sont très liées et de l’autre, le Pakistan. Là, il va falloir que les politiques trouvent des voies de progrès. Les élections d’août amèneront-elles une équipe plus saine au pouvoir ? Là encore, la communauté internationale peut influer.

A bientôt,
Philippe Oberlin


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