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Mersâd-ol-Ebâd de Najm el-Din Râzi qui rendit le nom de son auteur éternel, est l’un des textes les plus importants de la littérature persane, en particulier de la littérature soufie.
Ce texte est la mémoire d’une des époques les plus troublées de l’histoire de l’Iran, une époque qui marque l’apogée de la culture islamique iranienne. Cette période est aussi tristement célèbre en raison des violentes confrontations des divers courants de pensée religieuse, des guerres civiles meurtrières, et pour finir pour la sanglante invasion moghole qui mit fin à ce monde. Ce fut aussi l’âge qui vit l’effondrement du califat abbasside.
Son auteur, Najm Râzi, naquit en 1177 dans la ville de Rey et mourut à Bagdad en 1255. Il était surnommé le « Dâyeh », qui signifie nourrice. On lui donna ce titre en raison des nombreux élèves qu’il forma à la vie soufie et, selon sa propre formule, « au lait de la Voie mystique ».
Il passa son enfance et son adolescence dans son Rey natal [1], le Rey de la seconde moitié du Xe siècle. Rey était à cette époque à son apogée à tous les niveaux, en particulier au niveau culturel. Les bibliothèques et les écoles de cette ville possédaient une solide réputation. La ville était également réputée pour le grand nombre de ses khanghâh [2]. Cependant, les guerres et les escarmouches perpétuelles entre les rois seldjoukides et khârazmides, ainsi que la haine et l’intolérance religieuse des habitants avaient fait de cette région un lieu d’insécurité généralisée, dont nous voyons le reflet dans l’angoisse profonde des œuvres des auteurs de la région.
Selon Yâghout Homavi [3], la guerre religieuse qui éclata à Rey en 1186 fit énormément de morts et la ville fut presque détruite. Lors de cette guerre, les sunnites hanafites et shaféites tuèrent d’abord un grand nombre de chiites. Puis une guerre éclata entre ces deux groupes sunnites, conclue par la victoire des shaféites. La famille de Najm Râzi étant hanafite, il dut surement subir les contrecoups de ces troubles.
Un petit récit, que l’on attribue à Najm Râzi, nous est parvenu. Ce texte épistolaire, le Resâlat al-Toyour, a été écrit au nom des opprimés de Rey et s’adresse au ministre Jamâl-e-Din Shafar Salghour Belfath, qui vivait visiblement à Rey, et qui avait quitté la ville lors de ces troubles. Cette lettre est une supplique à son adresse, qui lui demande de revenir. Elle montre parfaitement l’image de la jeunesse troublée et douloureuse de Najm Râzi et des autres habitants de cette ville à cette époque.
Le jeune soufi quitte sa ville peu de temps après pour se diriger vers le Khorâssan et de Khârezm.
Il écrit la première version de son ouvrage Mersâd-ol-Ebâd en 1221. Dans l’introduction, il précise que « cela fait trente ans que j’erre dans les pays de l’est et de l’ouest. » Deux ans plus tard, il écrit : « Il est plus de trente ans que j’erre ». Cela signifie qu’il quitta Rey en 1192, âgé à peine de seize ans. Il a ainsi commencé à voyager dès qu’il en eu la capacité et ne s’est jamais arrêté, ainsi que le voulait la coutume soufie. Dans le livre Al-Wâfi bel-Wafiât de Sefdi, la plus ancienne source précise sur la vie de Najm Râzi, nous pouvons y lire qu’il visita le Hedjâz, l’Egypte, le Croissant fertile, l’Asie mineure, l’Azerbaïdjan, le Caucase et le Khorâssan.
Son éducation morale et savante se fit dans le Khorâssan et le Khârezm. C’est dans cette Transoxiane qu’il devient le disciple du grand soufi Majd-e Din Baghdâdi et qu’il obtient le grade de Sheikh (Maître) de khanghâh.
L’homme, qui n’avait pas connu la paix et la sécurité dans son propre pays fut finalement déçu par le Khârezm et le Khorâssan, sa patrie d’adoption. Khârezm était le territoire d’un roi célèbre pour sa tolérance religieuse. Il n’aimait pas le calife dont il était l’ennemi et obtint des oulémas de son territoire plusieurs fatwas déclarant le califat des Abbassides illégitime. Il avait ainsi réussi à retirer leur nom de ses armoiries et de sa monnaie et avait choisi à leur place un seyyed [4] de Termez pour calife. Il appréciait la pensée mutazilite et s’intéressait à la philosophie sous l’influence du philosophe compatriote de Najm, Fakhr Râzi. Par ailleurs, il n’appréciait pas outre mesure les soufis, et exécuta le maître de Najm, Majd-e Din Baghdâdi, en le noyant dans l’Oxus. C’était également en raison des pressions de ce roi que Bahâ’ Valad, le père de Mowlavi, quitta leur ville d’origine, Balkh, pour prendre le chemin de l’Anatolie. On comprend donc que Najm Râzi, qui était un sunnite enflammé, n’ait pas supporté de vivre très longtemps dans ce royaume. Finalement, il décida de quitter le Khârezm. Son départ avait aussi une autre raison, plus importante encore : des rumeurs terrifiantes commençaient à circuler sur l’attaque des tribus mongoles.
C’est à partir de 1207 que la vague mongole commence à déferler. En 1218, Gengis prend Otrar, puis l’année suivante le Jand. Les villes du nord tombent les unes après les autres lors d’attaques sanglantes. L’épouvante atteint son apogée et les habitants commencent à fuir. Najm fut parmi les derniers à quitter la ville dans la précipitation en 1220, l’année même où les Mongols dépassèrent l’Oxus et atteignirent rapidement le centre de l’Iran, commettant des massacres effroyables sur leur chemin depuis Balkh jusqu’à Rey et au centre du pays. On cite des dizaines de milliers de morts pour la seule ville de Rey. On ne sait pas où était Najm au moment de cette attaque, il se peut qu’il ait de nouveau rejoint Rey pour y vivre dans la terreur de l’armée qui approchait. Quoiqu’il en soit, il abandonna sa famille au dernier moment pour s’enfuir avec un groupe de soufis vers la ville de Hamadân.
Mais Hamadân n’était pas le havre de paix qu’il cherchait. Les Mongols l’atteignirent l’année même de l’arrivée de Najm. Alâ-o-Dowleh Amir Fakhreddin Khosrow Shâh, suzerain de Hamadân, accueillit les envahisseurs avec de précieux cadeaux et demanda la vie sauve pour les habitants. Les envahisseurs acceptèrent cette demande et contournant cette ville, se dirigèrent vers Zanjân, Ghazvin, Tabriz et Marâgheh.
Au printemps de l’année 1221, les Mongols reprirent le chemin de Hamedân, étape de la ville d’Arbil qu’ils voulaient prendre. Le chef de la police mongole commit alors dans la ville tant d’injustices et demanda des impôts si lourds que les habitants se révoltèrent. La ville fut immédiatement encerclée. Elle tint trois jours et de nombreux Mongols furent tués, mais elle finit par tomber. Les Mongols rasèrent et brulèrent la ville entièrement, en massacrant la quasi totalité des habitants à titre punitif.
Najm Râzi, sentant le danger, avait quitté la ville avant son encerclement. Sortant de nuit de la ville avec un groupe de soufis, il prit la direction d’Arbil pour rejoindre Qeysarieh. C’est lors de son séjour dans cette ville qu’il entendit le récit du massacre des habitants de Rey et sut également que pratiquement tous les membres de sa famille avaient été tués.
A la même époque, six mois après avoir quitté Hamadân, il mit sur papier le premier jet de son ouvrage le plus célèbre, Mersad-ol-Ebâd. Il avait auparavant préparé le matériau de son travail et rédigé le brouillon de son texte. Ce livre fut préparé à la demande de ses adeptes et amis. Dans la préface de ce livre, un distique triste célèbre la mort des siens, emportés par la tourmente mongole.
Ce distique fut supprimé dans la préface de la seconde version de son texte, qu’il publia deux ans plus tard. L’année de la publication de la première version de Mersâd, il alla à Malatya rendre visite au grand soufi homonyme de Sheikh-e Eshrâgh, Sheikh Shahâbeddin Omar Sohrawardi, l’auteur d’Avâref-ol-Ma’âref à qui il dédia son livre. Le sheikh apprécia l’ouvrage et lui fit une lettre d’introduction pour le roi seldjoukide Alâeddin Keyghobâd Ier. Najm, qui n’avait plus rien à perdre, décida de rester en Anatolie sur les conseils de ce soufi. C’est dans ce but qu’il prépara une seconde version de son livre qu’il dédia cette fois au roi en l’an 1223. Pourtant, il ne put supporter longtemps ce nouveau pays ni le respect ni l’amitié qui lui étaient dus. Bien qu’Ibn Bibi, l’un des ses contemporains, rejette cette accusation, Najm ne séjourna pas longtemps dans cette contrée. Il dit dans son livre qu’il a « erré trois ans dans les montagnes de l’Anatolie ». Il est probable que Najm n’ait pas été reçu avec respect et qu’Ibn Bibi tente plutôt de défendre le roi. La raison de cet accueil réside dans son ouvrage ; le livre est rempli de préceptes et de conseils aux rois, critiqués dans les termes les plus violents pour leur arrogance, leur tyrannie et leur mépris envers les peuples dont ils sont les maîtres. Il leur reproche également leur lâcheté et leur incapacité à tenir tête aux Mongols. La critique était d’autant plus violente que ce livre avait été rédigé en Iran, ravagé alors par ces derniers.
Un an après avoir dédié son livre au roi seldjoukide, Najm, accompagné de ses adeptes, quitta l’Anatolie pour la ville iranienne d’Arzanjân. Il comptait se mettre sous la protection du suzerain de cette ville, Fakhreddin Bahramshâh. C’est à ce même roi que le grand poète Nezâmi Ganjavi avait dédié son Makhzan-ol-Asrâr. Mais il mourut un an plus tard et son fils Malek Dâvoud monta sur le trône. Ce dernier était lui-même un homme de lettres, poète et mécène et Najm lui dédia son ouvrage Zabour-e Dâvoud. Cependant, il ne put guère profiter de la protection de ce roi, alors occupé à parer l’attaque du Seldjoukide voisin, Keyghobâd, qui prit finalement Arzanjân en 1227 et mit fin au règne de Dâvoud. De plus, cette ville, peuplée essentiellement d’Arméniens ne comportait qu’une minorité, puissante certes, de musulmans. Peut-être Najm quitta-t-il également cette ville à la suite du désintérêt du roi, à qui il ordonna littéralement dans son œuvre d’être juste et aimant envers son peuple.
En réalité, ce soufi ne trouvait nulle part la paix. La raison essentielle de cette fuite était cependant assez simple : un homme dur et non dépourvu d’une certaine étroitesse d’esprit comme Najm supportait très difficilement la tolérance religieuse qui régnait en Asie Mineure. Il était le résultat du système de pensée rigide et intolérant de l’Iran seldjoukide, et d’un islam violent et dur où l’apparence comptait sans doute plus que le fond. Le monde ancien de Najm était un monde à une seule dimension, opposant éventuellement les soufis aux autres, mais cette vision étroite était impossible dans une Asie mineure marquée par la diversité des cultures et des croyances. Après l’invasion mongole et la fuite de nombreux Iraniens vers cette région mieux protégée, le soufisme musulman, essentiellement iranien, changea également de forme et prit une dimension plus tolérante et universelle.
Parmi les nombreuses destinations de ce soufi voyageur, le monde arabe, c’est-à-dire le Croissant fertile et l’Irak ont eu une place importante dans sa formation. C’est à Baghdâd, capitale de l’immense califat abbasside qui vivait alors ses dernières années, que ses élèves lui demandèrent de rédiger un livre soufi en persan. Il précise dans le Mersâd qu’il accepta cette demande parce qu’il n’en existait alors que très peu. Il a écrit plusieurs livres en arabe, parmi lesquels on peut citer le Manârat as-Sâyerin, qui reprend pour l’essentiel les enseignements du Mersâd et qui a été rédigé à la fin de la vie de l’auteur en 1256. Lors de ce séjour en terre arabe, Najm rédigea également deux recueils de commentaires, dont les manuscrits aujourd’hui disponibles n’ont pas encore été corrigés, annotés et publiés.
Najm mourut cette même année 1256, à l’âge de 81 ans et fut enterré dans le célèbre cimetière de Shounizia à Bagdad sur les bords de l’Euphrate, près des tombes de Sari Saghâti et de Joneyd Baghdâdi, deux célèbres maîtres soufis. Sa tombe fut jusqu’au XVe siècle un lieu de pèlerinage et Jâmi, autre poète persan, l’a visitée. Dans ce cimetière reposaient également de nombreux soufis tels que Mansour Abbâdi et Owheddoddin Kermâni. En 1747, l’ambassadeur ottoman en poste en Iran relata sa visite aux tombes de Joneyd, Bohloul, Beshr Hâfi et Dâvoud Tâyi. Ces mêmes années, Abdol Karim Kashmiri qui visita Bagdad en 1741, rapporta de son récit de voyage de belles anecdotes sur ce cimetière et les grandes figures qui y reposaient.
Même s’il ne fut pas lui-même le créateur d’un mouvement indépendant dans le soufisme ou dans la littérature persane, Najm Râzi eut une place à part : il présenta une image fidèle du soufisme iranien de son époque et son œuvre influença durablement les générations suivantes.
Cette dimension littéraire mise à part, il ne fut pas un homme sans reproche. Lui qui ne cessait d’inviter à la liberté, qualité essentielle du soufi, au courage de l’âme et au désintérêt envers la vie sur terre, ne vécut pas exactement selon ses propres préceptes. Sans qu’il ait été pour cela un hypocrite, il fut un homme pour qui le rang social était relativement important et il ne put jamais se départir de l’habitude de juger les autres selon leurs apparences. Cependant, le plus grand reproche qu’on lui fait est d’ordre plus personnel : l’abandon de sa famille lors de l’attaque mongole et sa fuite en compagnie de quelques adeptes.
Râzi était sunnite hanafite et acharite et tendait à rejeter ceux qui ne l’étaient pas. Sa vision du monde était en réalité assez simpliste et basée sur l’éloge de l’amour et la haine de la pensée rationaliste.
Cette opposition est très répandue dans la littérature persane et les poètes ont su en créer de très belles œuvres. Mais ici, il ne s’agit pas de poésie. Chez Najm Râzi, la haine de la raison est à la base de tout le système philosophique. Il hait les philosophes et ne manque pas une occasion de les dénigrer et de les attaquer violemment. Avant lui, Mohammad Ghazzâli avaient également critiqué la philosophie et mis à l’index des grands de la philosophie tels Avicenne et Fârâbi. Les poètes soufis du XIIe siècle comme Attâr, Sanâ’i, Khâghâni, Mowlavi ou Nezâmi n’ont pas non plus hésité à remettre en question la philosophie. Najm alla quant à lui jusqu’à approuver les condamnations à mort lancées contre de grands philosophes tels que Shahâb-e Din Sheikh Sohrawardi ou Eyn-ol-Ghozât. Dans ses œuvres, il critique, entre autres philosophes, Khayyâm, qu’il cite explicitement deux fois. Mais ses attaques les plus virulentes sont menées contre son compatriote Fakhr Râzi, qui était alors le puissant adversaire des soufis. Ce fut, paraît-il, à cause de Fakhr Râzi, ministre du roi khwarazmshahi que Bahâ’ Valad, le père de Mowlavi dut quitter Balkh.
Deux grands courants soufis coexistaient au XIIIe siècle. Le premier, qui atteignit son apogée avec Mowlavi et qui fut initié par Mansour Hallâdj, Bâyazid Bastâmi et Abou Saïd Abol-Kheir, est le soufisme amoureux. Face à ce courant, il y avait le soufisme « d’obéissance », plus enclin à accepter l’apport de la raison. Le soufisme de Najm est à mi-chemin entre ces deux mouvements et ses descriptions de la vie et des coutumes des khanghâhs constituent une base de renseignements très riche sur la vie communautaire soufie de son siècle. Les conditions d’acceptation et de dévolution du titre de « sheikh », ses droits et ses devoirs, ainsi que ceux des adeptes, les prières, les méditations solitaires, les retraites etc., sont tous rapportés en détail dans Mersâd. Pour Najm, ce qui importe le plus est d’être au service du peuple ; c’est uniquement cet acte qui glorifie l’homme et fait de lui l’égal des anges.
Au niveau formel, Mersâd-ol-Ebâd est l’héritage d’un siècle où la faiblesse du pouvoir abbasside se faisait de jour en jour davantage ressentir et où l’influence de la langue arabe était par conséquent en voie de diminution. Le persan est alors en pleine expansion et sur le point de devenir la langue culturelle de l’Iran mais aussi des régions voisines telles que l’Anatolie, l’Inde, le Caucase, etc. C’est en raison de ce développement inattendu du persan que Najm se soumet à la demande de ses adeptes, et après avoir rédigé un court mémoire en arabe La raison et l’amour, qu’il se lance dans la rédaction du Mersâd-ol-Ebad.
Le langage de cet ouvrage est clair et simple. Il est parsemé de détails historiques et sociaux de l’époque et orné de citations des grandes personnalités soufies. Les poèmes qui illustrent sa prose sont également remarquables. Certains de ces poèmes, datant des quatre premiers siècles de l’Hégire, sont uniques. On peut citer par exemple deux authentiques quatrains de Khayyâm et un quatrain dans le dialecte antique de Rey. De rarissimes locutions en persan ancien et les formules langagières propres à la société du XIIIe siècle, ainsi que les expressions mystiques donnent également une saveur et une richesse inégalée à cet ouvrage qui se lit avec le même intérêt huit siècles après. Le grand nombre de reproductions et l’usage constant des écrivains postérieurs montrent également l’importance de cet ouvrage au cours du temps. Parmi les écrivains influencés par ce livre, on peut citer Mowlavi, jeune homme alors que Râzi vivait ses dernières années. Une légende rapporte même qu’ils se rencontraient fréquemment… Hâfez fut un autre des auteurs influencés par Mersâd, qu’il tenait en grand respect.
[1] Râzi signifie « originaire de Rey ».
[2] Les lieux de réunion des soufis.
[3] Géographe et historien iranien du XIIe siècle. Originaire d’Anatolie, il fut capturé et devint l’esclave d’un riche commerçant qui l’envoya à l’école et dont il devint l’associé. Ainsi, il voyagea incessamment dans le monde islamique et sut tirer d’intéressantes observations de ces voyages. Après sa libération en 1199, il s’établit à son compte comme écrivain et libraire, ce qui lui permit l’accès aux sciences de l’époque. Ses ouvrages sont un témoignage précieux sur la géographie et l’histoire de son temps.
[4] Les seyyeds sont les descendants du Prophète.