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Du 27 novembre au 21 décembre 2006, le Centre Culturel et Artistique Saba a organisé la quatrième biennale consacrée à l’exposition d’œuvres venant de pays arabes, asiatiques, ou africains partageant une spécificité commune : leur population est en majorité musulmane. Si le critère de la confession fut déterminant concernant le choix des pays exposants, les motifs mêmes de l’Islam ont été relativement peu présents dans les thèmes des toiles elles-mêmes, et la diversité des procédés utilisés et des sujets abordés ont été très frappant : style abstrait, impressionniste, futuriste ; portraits, paysages, collages… Après examen de près de dix mille œuvres proposées par des centaines d’artistes, mille toiles réalisées par des artistes de 35 pays ont été finalement choisies afin d’être exposées durant un mois dans des galeries consacrées à des thèmes tels que le miroir, l’imaginal, ou encore rassemblant les œuvres d’artistes Iraniens de tous âges. Au-delà de la grande variété des techniques utilisées et des thèmes abordés, cette exposition a offert également au visiteur la possibilité de découvrir les toiles de jeunes artistes Afghans, Irakiens, ou encore Syriens et Egyptiens. L’art africain n’a pas été oublié, puisque de nombreuses toiles de peintres Nigériens, Soudanais ou Ghanéens qui se distinguent notamment par la grande variété des couleurs utilisées, ont orné les murs de la galerie. Le village ou encore des scènes de la vie en communauté y ont constitué les principaux thèmes abordés. Il semble au contraire que les oeuvres des artistes Saoudiens, Bahreïnis, ou encore Syriens choisies aient privilégié un style plus abstrait, tandis que celles provenant d’Asie Centrale nous aient projeté dans une sorte de paradis perdu et d’univers lyrique peuplé de chevaux et de mystérieux animaux sortant tout droit d’épopées fantastiques, ou encore de mystérieux personnages tels que ce joueur de flûte perdu dans la spirale du temps.
Les toiles iraniennes se sont caractérisées également par la diversité de leurs thèmes, des héros des grandes épopées perses à des scènes actuelles de la vie urbaine abordant certains problèmes contemporains de ce pays, et notamment ceux de sa capitale tentaculaire, en mettant en scène des êtres perdus dans une "jungle" téhéranaise noircie par la pollution et par une foule anonyme et massive. Il faut également souligner la présence de travaux réalisés à partir de plusieurs supports matériels et même parfois en trois dimensions, telle que cette œuvre d’Anne Mohammed intitulée " Plainte à Jésus ", constituée d’une toile aux tons ocres devant laquelle a été disposée une foule de petites statues rouges et blanches paraissant avoir littéralement " jailli " de la toile en arrière-fond.
Cette exposition a offert en tous cas un aperçu riche et diversifié des nouveaux courants artistiques ainsi que des thématiques abordés par les artistes du monde musulman, soulignant l’immense diversité et richesse culturelles de ces communautés qui n’ont souvent de commun que leur foi en une même religion - dont les pratiques varient également à l’infini. Il est également à noter que le nombre et la variété des œuvres exposées cette année ont été sans précédent, et font de l’Iran le premier pays organisant dans ce domaine une manifestation d’une telle ampleur.