N° 14, janvier 2007

Sanâï Ghaznavi


Mortéza Johari
Traduit par

Helena Anguizi


Sanaï Ghaznavi, de son vrai nom Almadjd Majdoud Ibn Adam, est né au Vème siècle (vers 456 de l’hégire) à Ghazneyn.

Jeune, il fut le poète particulier de la cour et, au travers de ses poèmes, fit l’éloge des rois Ghaznavides. Cependant, un événement particulier bouleversa le cours de sa vie. Suite à ce changement soudain, il se rendit en pèlerinage à la Mecque et à son retour, il fut pris d’un profond dégoût pour les panégyriques et opta pour une vie retirée.

Sa plus grande œuvre est Hadigheh Al Haghighat, qu’il acheva en 525 de l’hégire et qui plus tard, après son décès, fut rassemblée par un certain Mohammad-Ali Al-Regha, qui à son tour s’est vu confié la tâche de rassembler les écrits de Ghaznavi, alors éparpillés, par Bahrâm Shâh.

On raconte que lorsque le Sultan Ebrâhim Ghaznavide se mis en tête de conquérir l’Inde, Sanaï eu l’idée de se présenter à lui et de lui lire les vers qu’ils avait composés pour lui. Pour ce, dès l’aube, il se rendit aux bains pour être plus présentable. Alors qu’il traversait la salle qui donnait sur les chaufferies, un chant particulier lui vint à l’oreille. Intrigué, il se dirigea vers le son et regarda par un orifice qui donnait sur la salle des chaufferies du bain. Là, il vit le propriétaire de la maison qui disait à l’échanson : " Verse moi une grande coupe et que maudit soit ce Sultan Ghaznavide, qui n’en a pas encore fini avec l’Islam et les musulmans qu’il veut se rendre en Inde (…) ". Puis il demanda à être servi une seconde fois et poursuivit : " Verse, que je boive à la santé de Sanaï, le poète, qui, le pauvre, ne sait pas pourquoi Dieu lui a donné vie et qui dans la vie ne sait que faire l’éloge des autres pour leur faire plaisir, en écrivant quelques mots qui ne lui serviront à rien. Si auprès des gens dont il fait des louanges, on venait à lui demander qu’as-tu fait en ce monde qui puisse plaire au bon Dieu, il présenterait alors un panégyrique quelconque."

Cette parole, telle une étincelle, réveilla le poète d’un profond sommeil de négligence. Dès lors, il s’enferma chez lui et se retira de la vie pour vivre en ermite.

D’autres racontent, qu’il en était tout autre et que Sanaï était en fait épris de quelqu’un et que cet amour illusoire devint un amour profond et spirituel.

Dans son Tarighol Tahghigh, Sanaï lui-même décrit ainsi sa métamorphose :

Le cœur en témoin,

Un soir, en cette fin de vie

Je reconnais mon égarement infini

A rassembler avec soin

De vaines paroles qui me font honte.

Quel homme donc es-tu

Tu ne vois pas que tu as tout perdu

En faisant louange d’un tel ou tel atour

Qui pensais-tu, tour à tour

Te rendraient ton honneur perdu.

Pars donc en quête de mysticisme

Et même sans louer quelqu’un

Rend toujours grâce à un seul

Un !

Désormais, la poésie de Sanaï prendra une toute autre dimension pour se consacrer à des thèmes soufis et spirituels. C’est par un langage sincère qu’il se lança à travers ses écrits dans l’enseignement philosophique, dans le but d’atteindre la sagesse tant désirée par l’homme. Sanaï Ghaznavi décéda au mois de Shabân de l’an 525 de l’Hégire à Ghazneyn.

Dieu, de toi j’en fais les louanges, car tu es maître et pur

Aucune autre voie que la tienne je ne choisirai, car tu es mon seul guide

C’est toi que je recherche partout, c’est de ta bonté que j’ai soif

Tu es vraiment unique

Sans peine, douleur et besoin tu es, car tu es Dieu l’unique

Sans aucune crainte, tu es tout espoir

Par quels mots te décrire ?

Ta grandeur est indescriptible

A quoi te rapprocher puisqu’aucune pensée n’est pas même apte à t’imaginer

Tout mystère tu connais et toute erreur tu corriges

Tout manque tu combles et toute surabondance tu réduis

Sanaï, cœur et âme crie ton unité divine

Peut-être des flammes de l’enfer échappera-t-il.

Ses œuvres :

-Hadighatol Haghigha : Dix chapitres et dix mille vers.

-Tarighatol Tahghigh : Mille vers.

-Ressalatol Seyrolebâd : Plus de 500 vers.

-Recueil de poèmes : Environ 20 000 vers.


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