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Abyaneh,
un bijou rouge au cœur du désert
L’Écomusée du Dr Rahgoshay à Badroud :
Un outil pédagogique au service de la sauvegarde du patrimoine et de la promotion de l’identité nationale
CULTURE
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Les populations roms en Iran
Littératurre
Esthétique de la poésie lyrique de Saadi
Gibran Khalil Gibran
Traduit par
Ô mon ami, je ne suis pas tel que je parais
L’apparence est la chemise que je porte - une chemise tissée
Par le temps qui me met à l’abri de tes questions et qui te met à l’abri de mon oubli.
Ce « moi » qui est en moi, ô mon ami, demeure dans la maison de l’oubli et y restera à jamais ;
Inconnu et incompréhensible.
Je ne veux pas que tu croies tout ce que je dis et que tu acceptes tout ce que je fais-
Car mes paroles ne sont que le reflet de tes pensées et mes actes ne sont que la réalisation de tes souhaits.
Parmi les grandes figures de la littérature persane, celle de Fereydoun Abou Hâmed Mohammad ’Attâr Neyshâbouri est l’une des plus mystérieuses. Les rares données concernant sa vie et son parcours spirituel et littéraire le laissent encore plus inconnu que Sanâï (poète persan qui vécut un siècle avant lui). Ses parents, sa famille, ses contemporains, ses maîtres et ses voyages font tous partie du côté secret de sa biographie. A ce sujet, tout ce qui a été dit sur lui est entaché de légendes et de probabilités.
Asrâr nâmeh, que l’on pourrait traduire par « Livre des secrets », est l’un des quatre mathnavis mystiques composés par ’Attâr, les trois autres étant Mantiq at-Tayr, Elâhi nâmeh et Mossibat nâmeh. L’œuvre complète de ’Attâr corrigée et commentée par Mohammad-Rezâ Shafi’i Kadkani - qui a consacré plus de trente ans de sa vie à ce grand poète mystique iranien – est progressivement publiée depuis six ans aux éditions Sokhan, chaque volume étant consacré à un livre de ’Attâr.
Le Mantiq at-Tayr (Le Langage des Oiseaux), masnavi symbolique et mystique de 4458 vers, est sans doute le plus beau et le plus poétique des ouvrages gnostiques de Sheikh ’Attâr Neyshâbouri, poète mystique iranien des XIIe et XIIIe siècles. Ce livre a également été nommé Maghâmât-e Toyour (Rangs des oiseaux), en référence à sa dimension pédagogique d’enseignement des étapes et des rangs du cheminement soufi. Il met en scène des oiseaux, symbolisant l’homme, qui se mettent à la recherche de leur Roi, le mythique Simorgh.
L’histoire de Sheikh San’ân et de la jeune fille tarsâ fait partie des récits-paraboles figurant dans Mantiq at-Tayr (Le langage des oiseaux), récit initiatique et mystique de Farid ad-Din ’Attâr (v. 1142-1220) racontant le parcours d’oiseaux se mettant en quête de leur roi, le Simorgh, guidés par la Huppe (hodhod). Malgré leur désir de connaître leur roi, les oiseaux hésitent à prendre leur envol, inquiets de la difficulté du voyage et peu enclins à abandonner la tranquillité de leur existence terrestre.
Pendant des siècles, Le Mémorial des Saints (تذکرة الاولیاء) de Farid ad-Din ’Attâr (1142-1230) a joui d’une réputation sans précédent parmi les Perses. Cette légende dorée musulmane du XIIIe siècle retrace les paroles et les prodiges de célèbres soufis. Le contenu de cet ouvrage ne se limite guère à la littérature mystique perse mais inclut également certains aspects de la littérature mystique turque. Cet œuvre offre un aperçu exhaustif du développement intellectuel et spirituel de la mystique musulmane mais ne peut pour autant être considéré comme une source historique fiable des faits concernant le développement du soufisme dans le monde islamique oriental.
Différentes traductions des œuvres de Farid ad-Din ’Attâr ont fait date en Occident, propageant notamment parmi les adeptes du romantisme, les idées du poète. Le Pand-Namêh (ou Recueil de Conseils) est traduit en Occident dès le début du XIXe siècle par Sylvestre de Sacy. Sous le Second Empire, plus exactement en 1863, paraît en France la première traduction de Mantiq at-Tayr (La Conférence des Oiseaux), par l’orientaliste Garcin de Tassy et, à la fin du siècle, celle du Tadhkirat al-Owliâ (ou Le Mémorial des Saints), rédigée en deux volumes par Pavet de Courteille.
Le monde du dernier ouvrage (le seul en prose) de Farid ad-Din ’Attâr, Le Mémorial des Saints, écrit en 617 de l’Hégire lunaire, est celui des merveilles et des impossibles, le monde imaginaire des hommes d’élite, ces « Amis de Dieu » qui ne cessent de faire des miracles, de faire parler les morts, les arbres, les murs et les cimetières, tous afin d’extirper des cœurs humains l’amour du monde terrestre. Ce dernier ne mérite pas d’être l’habitation de l’homme ; il est « la boutique de Satan », à laquelle il ne faut rien voler, sinon « il te suivra et le reprendra ».
Scénariste, dramaturge et écrivain français, Jean-Claude Carrière a tiré de La Conférence des Oiseaux, conte soufi de Farid ad-Din ’Attâr, une œuvre théâtrale dont la mise en scène de Peter Brook, homme de théâtre britannique installé en France depuis de nombreuses années, connut un très grand succès lors du festival d’Avignon de 1979. Cette œuvre reste, dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance de la voir, un grand moment de théâtre.
L’un des traits caractéristiques de la littérature mystique iranienne est qu’elle s’inscrit dans une lutte morale à travers laquelle le portrait de l’homme social paraît à la fois plus réel et plus modeste. Celui-ci incarne généralement différentes voies de conduite, devenant ainsi le pivot de toute démarche existentielle. La littérature mystique iranienne et des auteurs comme ’Attâr, Hâfez, Ferdowsi et Saadi ont inspiré une certaine dimension morale dans les œuvres d’auteurs français.
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