N° 13, décembre 2006

Au Journal de Téhéran

Bonhomme Noël


Edouard JOSEPH


25 Décembre 1936
4 Dey 1315


Il est dans la nature des effets dont les signifiances sont sans bornes et qui s’élèvent à la hauteur des plus grandes conceptions morales.

Balzac


Il me tient au coeur de revenir sur les lignes émouvantes parues ici-même, il y a juste une année, où l’honorable auteur évoquait l’histoire brève de la Fête de Noël et exaltait, en des termes simples et pourtant bien touchants, ce jour célébré avec tant de solennité, tant de gaieté et tant d’émoi. Elle est, à bon droit, la Fête de tous les âges, autant pour les petits que pour les grands.

Ces grands, le célèbre auteur des "Lettres de Mon Moulin" en fait une incarnation du Révérend dom Balaguère, quand il nous relate le réveillon fait par ce Révérend et ses fidèles, autour d’une table où se trouvaient entre autres repas alléchants, les deux fameuses dindes bourrées de truffes. L’arôme imaginaire de ces dindes truffées hantait le Révérend à avaler la moitié des paroles de sa troisième Messe.

Quant aux petits, auxquels nul n’est aussi familier que le Bonhomme Noël, je ne croirais pas, pour ma part, que leur joie ne surpasse celle du héros du conte des Messes Basses, en trouvant dans leurs souliers, à leur réveil tant de joujoux convoités depuis bien des jours.

IL faut bien retenir et non sans émotion la belle question qu’un enfant pose à son père au sujet du Bonhomme Noël, que voici :

- " Comment se fait-il, papa, que le Bonhomme Noël descend par la cheminée sans qu’on entende le bruit de ses pas ?"

Et le père de répondre.

- " Mais, mon enfant, ce vieillard à longue barbe blanche, au dos courbé, est si obligeant qu’il se donne bien de peines pour qu’en descendant de la cheminée le moindre bruit ne se produise pour vous tirer de votre doux sommeil."

Petits anges ! Pensez un peu à toutes les peines que se donne ce bon vieux pour répandre un souffle de joie et de bonheur parmi vous et vos aînés.

C’est pour vous, rien que pour vous, que par une nuit neigeuse, appuyé sur son bâton, portant, outre la charge de ses jours passés, un gros sac bien garni de beaux joujoux, notre Bonhomme Noël se fait un devoir sacré de parcourir toute la terre, par là où les feux de la nuit s’éclairent, et venir poser dans vos souliers tous ces jouets que Vous avez tant rêvé, et cela si vous avez été sages.

Etres chéris ! Dans votre doux et calme sommeil où vos visages sont si innocents, si sereins, contemplez dans vos rêves cet homme bien âgé, fatigué par les péripéties de ses longs voyages, venir vous apporter tout ce qui peut faire votre bonheur et qu’il vous est donné, seuls, de goûter - bien sûr- quand vous avez été sages.

Et demain, lorsque vous serez assez mûrs pour mettre à l’épreuve toutes vos qualités, inspirez-vous du bel exemple de bon sens de ce Vieillard chéri, de son exemple de bon cœur. Gardez-en les empreintes dans le fond de votre cœur, rien que de cet exemple qu’une tradition heureuse fait revivre d’une civilisation, sinon bienfaisante du moins innocente. Lorsque même, un peu plus tard, vous vous êtes élancés, malgré vous dans la Grande Mêlée, où les plus grandes facultés de l’esprit sont mises à une dure épreuve, ayez le courage de vous en faire un devoir en l’accomplissant avec conviction, avec élan, avec enthousiasme !

Profitons donc, ensemble, de cette nuit unique, de ses belles visions, tirons profit des actes de notre Vieillard obligeant et courageux. Ranimons, à son exemple, ces souffles de courage, de magnanimité, de la bonne foi. Mettons cette foi dans nos actes de chaque jour.

Et, tant que nous nous sommes résolus à faire ce devoir, laissons persister, alors qu’il n’est pas encore trop tard, la foi dans la vie et dans l’homme !...


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